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La sécurité des politiciens, à revoir dans le calme

Des policiers ont été mis en fraction à l'entrée de Genève, à la suite de la tuerie de Zoug. Keystone

La tuerie au Grand Conseil de Zoug pose la question de la sécurité dans les 27 parlements que compte la Suisse. Passé le premier moment de stupeur, pratiquement tous les cantons ont débattu à chaud des mesures à prendre. Avec un leitmotiv: ne pas céder à la panique.

«On peut difficilement imaginer un Grand Conseil sans public, avance Michel Schwob, vice-chancelier de l’Etat de Berne. Nous sommes attachés à nos parlements ouverts et démocratiques, mais il faudra peut-être mettre cette ouverture en balance avec les exigences de la sécurité».

Passé le premier choc, les autorités de la police cantonale et municipale ont tenu jeudi après-midi une séance de crise afin de décider des mesures de sécurité à prendre pour la prochaine session du Grand Conseil, qui commence le 19 novembre.

Et des réunions de ce type ont également eu lieu ailleurs, à Zurich, à St-Gall ou en Appenzell, ainsi qu’en Thurgovie et à Neuchâtel, où les prochaines sessions s’ouvrent lundi. Mais dans la plupart des cas, les chancelleries restent discrètes sur les décisions prises, pour d’évidentes raisons de sécurité.

Le public derrière une vitre

Au Tessin, le gouvernement a relevé de grosses lacunes en matière de sécurité et annoncé que la salle du Grand Conseil devrait être munie d’une vitre pour séparer le public des députés à partir de l’été prochain. Mais en attendant, aucune mesure spéciale n’est prévue, si ce n’est éventuellement la présence de quelques policiers en civil.

A Lausanne, le président du Grand Conseil vaudois juge que les dispositifs de sécurité existants sont suffisants. « Nous n’allons pas ériger des citadelles, ni déployer des bataillons autour des parlements », assure Pierre Rochat.

Même son de cloche à Fribourg, où aucune mesure de sécurité particulière ne sera prise. « A l’évidence, il s’agissait de l’acte d’un fou et non d’un attentat organisé », souligne un fonctionnaire de la Chancellerie.

Quant au Palais fédéral, son dispositif de sécurité sera encore renforcé, avec un détecteur de métaux à l’entrée et la présence de deux agents armés de la police bernoise aux côtés des vigiles.

La guerre du Sonderbund

Le drame de Zoug frappe d’autant plus les esprits que le meurtre d’hommes politiques ne fait pas partie des mœurs helvétiques. Les seuls exemples recensés dans les annales remontent tous au début du 19ème siècle, époque de la lutte acharnée entre radicaux et conservateurs qui culmina lors de la guerre du Sonderbund.

En revanche, aussi tranquille soit-il, le pays n’est jamais à l’abri du coup de folie d’un forcené. Pour ne citer que les plus meurtriers, personne n’a oublié ce 16 avril 1986, où le chef de la police des constructions de la ville de Zurich Günther Tschanun a abattu quatre de ses collaborateurs et blessé grièvement un cinquième. Quatre ans plus tard, un bijoutier zurichois en proie à des difficultés financières tue cinq personnes, dont sa femme et ses deux enfants.

Et par un macabre caprice du destin, le matin même de ce 27 septembre, un drame familial éclate à Lucerne. Un homme de 49 ans abat son beau-fils de 23 ans dans son sommeil, avant de retourner son fusil d’assaut contre lui.

Le fusil à l’arsenal?

Ces deux drames sonneront-ils le glas de l’arme individuelle dans le placard, comme en détiennent 420 000 citoyens-soldats helvétiques? Otto Schoch, ancien président de la Commission pour la réforme de l’armée, rappelle qu’il n’y a jamais eu de demande formelle pour supprimer ce particularisme typiquement suisse.

«Mais je suis pratiquement sûr qu’elles vont arriver maintenant, poursuit Otto Schoch. Nous ne serons pas des Suisses au rabais si nous n’avons plus de fusil à la maison. Notre indépendance en tant qu’Etat ne tient pas à cela ».

Marc-André Miserez, avec Carole Gürtler

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