La Suisse apporte son aide à Haïti meurtri
Après le séisme qui a frappé Haïti mardi, la Suisse a envoyé sur place un premier détachement chargé d’évaluer la situation, qui sera suivi jeudi d’un second formé de divers spécialistes. Par contre, elle ne va pas envoyer sa Chaîne de sauvetage.
Les communications difficiles sur place ainsi que les infrastructures détruites ne permettent pas de déployer entre 60 et 100 personnes, explique Toni Frisch, directeur adjoint de la Direction du développement et de la coopération (DDC).
Cette décision de garder la Chaîne de sauvetage à la maison intervient alors qu’une équipe d’intervention d’urgence a été envoyée mercredi matin par la Confédération. Elle est formée de cinq membres du corps humanitaire suisse, d’un membre du Département de la défense spécialisé dans le sauvetage et d’un représentant de l’ONU chargé de la coordination internationale.
Ce premier détachement est chargé d’évaluer sur place les besoins. Un deuxième, formé de spécialistes médicaux, en approvisionnement en eau et en hébergement temporaire, doit partir jeudi matin, selon la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey.
Aucune information n’est encore disponible sur d’éventuelles victimes parmi les quelque 150 Suisses résidant à Haïti, ajoute la conseillère fédérale.
En millions de francs
«Après le terrible tremblement de terre qui a frappé Haïti, la Chaîne du Bonheur et ses organisations d’entraide partenaires mettent 2,5 millions de francs à disposition pour l’aide immédiate», indique l’organisation dans un communiqué.
La Croix-Rouge suisse, Terre des hommes-aide à l’enfance, l’EPER, l’Armée du Salut, Enfants du Monde, Médecins du Monde-Suisse, Caritas Suisse, Action de Carême, Nouvelle Planète, Iamaneh Suisse et Terre des hommes Suisse «sont actives depuis des années sur place et peuvent intervenir rapidement avec leurs partenaires locaux», écrit la Chaîne du Bonheur.
La Croix-Rouge Suisse débloque elle-même un million de francs au titre de l’aide d’urgence. Une équipe suisse devait se rendre sur place afin d’engager les premières mesures de sauvetage et établir le contact avec la Croix-Rouge haïtienne. La Croix-Rouge se prépare à fournir une aide dans les domaines logistique et médical. De nombreux bénévoles de la Croix-Rouge haïtienne sont déjà engagés à Port-au-Prince et dans les environs.
Mobilisation tous azimuts
Dans cette île plus habituée à la misère et aux ouragans qu’aux tremblements de terre, Helvetas est active depuis 1983. «Un tremblement de terre et un ouragan sont deux choses différentes et la manière de réagir l’est aussi, indique à swissinfo Mattias Herfeld, représentant de l’ONG suisse. Mais sur le fond, nous sommes habitués à faire face, y compris sur le plan psychologique.»
Helvetas travaille essentiellement en dehors de Port-au-Prince (infrastructures, égouts, agriculture) mais «ces prochains jours et semaines, nous allons tenter de mettre sur pied un programme de reconstruction des infrastructures en province. La plupart des ONG sont actives dans la capitale et notre aide sera sans doute très utile», indique Mattias Herfeld.
Autre ONG suisse oeuvrant sur place, spécialiste des droits de l’enfant, Terre des Hommes va mettre la priorité sur l’évaluation des besoins, afin d’éviter les doublons. «Nous nous focaliserons sur les enfants et leurs familles», explique David D’Andrès.
«Il est clair que la communauté haïtienne de l’étranger va se mobiliser activement, comme elle l’a fait à d’autres occasions. En Suisse compris», indique Charles Ridoré, Haïtien de Suisse, auteur et ancien secrétaire général d’Action de Carême.
Le CICR sur place
«Les gens essaient de se réconforter les uns les autres. Ce que nous entendons dans les rues sont les prières de remerciements de ceux qui ont survécu», déclare en Haïti même le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), cité dans un communiqué.
Les habitants ont passé la nuit dehors, «en pleurant et en se lamentant», selon le délégué. «Notre capacité à aider la population dépend largement de la situation à Port-au-Prince. Il est extrêmement difficile de se déplacer dans la ville pour évaluer les besoins», indique Ricardo Conti.
«Il est certain que le séisme a eu un énorme impact sur la population déjà affaiblie par d’autres catastrophes récentes», ajoute le représentant du CICR.
La Croix-Rouge dispose sur place de stocks d’aide non alimentaire pour dix mille familles. Le CICR compte concentrer son aide sur l’aide médicale aux survivants et l’identification des victimes ainsi que le rétablissement des liens familiaux des personnes séparées par la catastrophe.
Six millions de personnes vivent dans la zone frappée par le séisme, selon une porte-parole de l’ONU. Au moins 3,5 millions d’entre elles ont été affectées par les secousses, à Port-au-Prince, Jacmel et Carrefour, selon les estimations des Nations Unies.
swissinfo.ch et les agences
La Chaîne du Bonheur, l’organisme de récolte de fonds de SSR idée suisse, qui finance déjà plusieurs projets en Haïti, a ouvert un compte en faveur des victimes du séisme.
L’organisation se prépare, avec les partenaires suisse d’entraide, à apporter prochainement un soutien allant de l’aide d’urgence à la reconstruction.
Les dons en faveur d’Haïti peuvent être adressés sur le compte postal 10-15000-6 avec la mention «Haïti», ou via Internet.
La République d’Haïti est un pays des Grandes Antilles.
Elle occupe le tiers occidental de l’île d’Hispaniola (28’000 km2 environ), l’autre partie de l’île formant la République dominicaine.
Sa capitale est Port-au-Prince.
Population : plus de 9 millions d’habitants.
80% des Haïtiens vivent en dessous du seuil de pauvreté, et plus de 50% dans une misère totale.
En 2008, quatre cyclones ont ravagé le pays et causé d’énormes dégâts matériels aux infrastructures routières et au secteur agricole.
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