La Suisse convoque une conférence humanitaire
La Suisse veut organiser, ce mois encore à Genève, une conférence sur les conséquences humanitaires d'une éventuelle guerre en Irak.
L’invitation est lancée aux pays de la région et aux Etats-Unis par la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey.
Sans préciser la date exacte de cette rencontre, la cheffe de la diplomatie suisse a fait cette annonce lundi. Auparavant, elle s’était entretenue avec les deux commissions de politique extérieure du parlement, celle du Conseil national et celle du Conseil des Etats.
Parmi les pays invités figurent l’Irak, l’Iran, la Syrie, le Koweit, l’Arabie Saoudite, la Turquie, la Jordanie, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union européenne (UE).
Des organisations comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés devraient aussi y participer. A en croire sa porte-parole Antonella Notari, le CICR serait d’ailleurs très intéressé par une telle proposition.
Après la rencontre avec Powell
La réunion devrait être centrée sur les répercutions humanitaires d’un conflit, le travail diplomatique se faisant dans le cadre de l’ONU.
Cette initiative de Micheline Calmy-Rey fait écho au message qu’elle a délivré au secrétaire d’Etat américain Colin Powell lors du Forum économique de Davos.
A cette occasion, souvenez-vous, la ministre suisse des Affaires étrangères avait présenté la position de la Suisse au Secrétaire d’Etat américain. Et proposé ses bons offices.
Micheline Clamy-Rey avait également insisté sur la nécessité de respecter le droit international humanitaire. Et mis en garde son interlocuteur contre le risque d’une catastrophe humanitaire.
Aide humanitaire accrue
Aujourd’hui, plus que jamais, la cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) reste convaincue du bien-fondé de sa diplomatie, jugée trop visible par certains.
«La Suisse, dit-elle, n’est pas un petit pays en crédibilité et son influence est plus grande que son territoire.»
Parallèlement, le DFAE et la Direction du développement et de la coopération (DDC) préparent une intensification de l’aide humanitaire en Irak et sont en train d’élaborer un scénario de crise.
Active en Irak depuis 1993, la suisse y consacre actuellement 5 millions de francs par an.
La neutralité en question
Lors de leur séance sur les conséquences de la crise irakienne, la conseillère fédérale et les deux commissions du Parlement se sont aussi penchées sur la politique de neutralité de la confédération.
Sans une deuxième résolution de l’ONU sur cette question, la Suisse restera neutre en cas d’attaque de l’Irak. En clair, cela signifie notamment que des survols de la Suisse à des fins militaires seront «exclues».
Et, en cas de nouvelle résolution, dit la ministre des Affaires étrangères, le gouvernement pourra autoriser de tels survols. Mais il n’y est pas obligé.
Dans ce cas-là, le conseil fédéral, compétent pour cette décision, devra se livrer à une appréciation de la situation.
Depuis 1993, il a toutefois toujours donné son feu vert à de tels survols dans le cadre d’un mandat des Nations Unies.
Commissions satisfaites
Les deux commissions ont tiré un bilan positif de la réunion qu’elles ont eue lundi avec Micheline Calmy-Rey.
Elles ont notamment obtenu le droit d’être consultées par le Conseil fédéral sur la question des survols en cas de nouvelle résolution de l’ONU. Pour autant que le laps de temps à disposition le permette.
«Nous avons obtenu des réponses qui nous satisfont», confirme la présidente de la commission du National.
Les commissions souhaitent être un «partenaire de discussion», rappelle la radicale zurichoise Lili Nabholz.
Et de conclure: c’est aussi l’occasion pour le gouvernement de prendre la température du Parlement, qui représente le peuple.
swissinfo avec les agences
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