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La Suisse pressée d’agir au Proche-Orient

Nabil Chaath (à gauche) s'est entretenu 90 minutes à Berne avec Joseph Deiss. swissinfo.ch

De passage lundi à Berne, le ministre palestinien de la Coopération internationale a relancé l'idée d'une conférence humanitaire sur la protection des populations civiles. Et pressé le ministre suisse des Affaires étrangères d'agir.

En fait, c’est à la Suisse en tant qu’Etat dépositaire des Conventions de Genève (base du droit humanitaire international) que Nabil Chaath s’est adressé.

Concrètement, selon la porte-parole Daniela Stoffel, le ministre palestinien a demandé à Joseph Deiss de mettre sur pied, le plus vite possible, une conférence sur la question de la protection des populations civiles qui est régie par la 4e Convention de Genève.

Pour le ministre palestinien – qui s’est entretenu 90 minutes avec le patron de la diplomatie helvétique – la relance des négociations de paix dans la région et la protection des civils palestiniens en dépend.

Cela dit, l’idée n’est pas nouvelle. A la fin 1997, à l’époque où un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens semblait encore possible, l’Assemblée générale de l’ONU avait en effet déjà demandé à la Suisse d’organiser une telle conférence.

Mais, aujourd’hui, à la lumière des violences entre Palestiniens et Israéliens, cette idée a pris une signification tout à fait différente. «Il ne s’agit plus de donner un coup de pouce à la paix, mais plutôt de protéger des populations civiles victimes du conflit actuel», souligne un fonctionnaire du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

En fait, après des mois d’immobilisme et une première conférence qui a duré à peine un quart d’heure le 15 juillet 1999, l’idée a été remise sur le tapis par la Ligue arabe et les Nations unies. Et la Suisse a aussitôt lancé une première phase de consultation.

Résultat: une centaine d’Etat se sont déclarés favorables à la tenue d’une telle conférence et moins d’une dizaine – dont les Etats-Unis et Israël – s’y sont opposés.

Favorables sur le principe, les pays membres de l’Union européenne n’ont cependant pas réussi à se mettre d’accord sur les détails. Ils n’ont donc pas pu adopter une position claire et précise.

Une situation qui n’a guère évolué depuis. Et qui a, d’ailleurs, été évoquée par le ministre français des Affaires étrangères, la semaine passée à Berne.

A cette occasion Hubert Védrine a en effet rappelé à Joseph Deiss que Paris soutenait l’idée d’une telle conférence. Et il a incité la Suisse à poursuivre ses efforts.

De fait, la diplomatie helvétique aimerait aboutir à un accord qui aille au-delà des principes. Comme l’a souligné Joseph Deiss lundi, la Suisse désire que cette conférence favorise le processus de paix au Proche-Orient. Et qu’elle ne l’entrave pas.

D’où le souhait de la Suisse de gagner une adhésion qui soit la plus large possible. Adhésion non seulement à une telle réunion, mais aussi à la date de sa tenue, et aux sujets qui y seront débattus.

Mais, pour l’heure, la diplomatie internationale s’active autour du plan de paix jordano-égyptien et du rapport Mitchell. Deux options également soutenues par la Suisse.

La conférence humanitaire se situe donc dans une perspective à plus long terme. Mais, selon une source diplomatique occidentale, sa préparation pourrait servir de détonateur. Et permettre l’émergence de nouvelles solutions parmi les autres options actuellement à l’étude.

Frédéric Burnand

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