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La Suisse s’arme contre la grippe du poulet

La volaille asiatique n'entre plus en Suisse. Keystone

La forme humaine de la grippe aviaire qui frappe l'Extrême-Orient pourrait se propager au niveau mondial. La Suisse a déjà pris une série de mesures préventives.

En outre, des stocks d’antiviraux vont être constitués. Et, depuis cette semaine, des affiches sont placardées dans tous les aéroports.

Le gouvernement suisse prend l’affaire très au sérieux. Il vient de demander à l’industrie pharmaceutique de constituer des stocks d’antiviraux.

Si la forme humaine de la grippe aviaire doit se propager, la Suisse ne dispose en effet pas aujourd’hui d’une quantité suffisante de médicaments.

Une épidémie sérieuse de grippe entraînerait en Suisse plus de 2 millions de consultations médicales, près de 14’000 hospitalisations et un nombre important de décès, estiment les experts.

Les antibiotiques ne suffisent plus

Actuellement, l’Ordonnance sur la constitution de réserves obligatoires prévoit seulement des stocks d’antibiotiques. Le gouvernement a donc décidé mercredi de la modifier pour y inclure les antiviraux, à partir du 1er avril.

Les réserves seront constituées auprès d’une firme pharmaceutique bâloise. En cas de pandémie grippale, les autorités pourront exiger leur libération.

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande expressément de constituer des réserves de médicaments pour lutter efficacement contre les pandémies grippales.

Les importation de volailles sont interdites

Depuis deux semaines, l’importation de volailles asiatiques est prohibée en Suisse. Désormais, des affiches placardées dans les aéroports attirent l’attention des voyageurs sur cette interdiction.

Ainsi, les pays touchés par la grippe aviaire n’ont plus le droit d’exporter ni animaux, ni viande de volaille, ni œufs, ni plumes, ni aliments.

Mais les craintes ne concernent pas uniquement la volaille. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) doit également s’occuper du virus H5N1, responsable de la grippe aviaire.

Les aéroports sont sous surveillance

C’est par le biais d’une personne contaminée que le virus pourrait entrer dans le pays. «Cela pourrait se passer dans un aéroport, même si le risque est très faible», explique Hans C. Matter, chef de la section épidémiologie de l’OFSP.

Les autorités n’en ont pas moins ouverte une ligne d’information à l’intention des voyageurs, atteignable via le numéro ++41 (0)31 322 21 00.

A l’aéroport de Zurich, on ne s’affole pas. «Nous avons une procédure à suivre en cas d’épidémie», explique la personne compétente à Unique Airport.

Quant un pilote signale un cas suspect, l’avion est mis à part dès son atterrissage. Le passager atteint est examiné par un médecin et les autorités relèvent les coordonnées des autres durant leur séjour en Suisse.

«Nous sommes aussi bien préparés que nous l’étions pour la pneumonie atypique (SRAS)», résume le responsable de l’aéroport zurichois.

Le risque d’une mutation virale

La sérénité générale pourrait faire rapidement place à une situation d’urgence si l’OMS décrétait soudain un état de pandémie, soit d’attaque massive de la maladie au niveau mondial.

Les risques existent bel et bien, dans le cas où le virus de la grippe aviaire se mettrait à muter au point de devenir transmissible d’homme à homme.

Ceci pourrait se produire dans le cas d’une personne atteinte à la fois de la grippe du poulet et d’une forme humaine de la maladie.

Les deux virus pourraient alors échanger leur matériel génétique et constituer une nouvelle souche, nettement plus dangereuse.

Si un tel cas était signalé à l’OMS, les autorités suisses en seraient immédiatement informées.

«Nous sommes très bien connectés avec l’OMS. Nous avons un numéro de portable atteignable 24 heures sur 24», confirme Hans C. Matter.

Reste qu’en cas de mutation du virus, les vaccins actuellement disponibles s’avéreraient inopérants. Et que le développement d’un nouveau vaccin prend en principe six mois.

Mais cette règle n’est pas absolue. Comme l’explique Robert Mischler, directeur de production chez Berna Biotech, sa firme pourrait en cas d’urgence proposer un vaccin en deux ou trois mois.

swissinfo, Philippe Kropf et les agences
(traduction et adaptation, Marc-André Miserez)

Jusqu’ici, la grippe aviaire a été signalée dans dix pays.
Soit l’Indonésie, le Japon, le Cambodge, le Laos, le Pakistan, la Corée du Sud, la Thaïlande, le Vietnam, Taiwan et la Chine.

– Mercredi, le gouvernement suisse demande à l’industrie pharmaceutique de constituer des stocks de médicaments antigrippaux.

– Jusqu’ici, la législation prévoit uniquement la constitution de stocks d’antibiotiques. Elle sera modifiée au 1er avril.

– Depuis deux semaines, l’importation d’animaux, de viande et de produits à base de volaille asiatique est prohibée en Suisse.

– Désormais, des affiches placardées dans les aéroports attirent l’attention des voyageurs sur cette interdiction.

– Les autorités ont également ouvert une ligne téléphonique à l’intention des voyageurs, au numéro ++41 (0)31 322 21 00.

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