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La Suisse surveille ses Moudjahidine iraniens

Certains sympathisants des Moudjahidine du peuple s'immolent par le feu (ici à Paris) en signe de protestation. Keystone

Quelques militants iraniens ont protesté à Berne, après le coup de filet opéré par la France contre la direction des Moudjahidine du peuple iraniens.

Peu nombreux en Suisse, les Moudjahidine font néanmoins l’objet, depuis plusieurs années, d’une étroite surveillance.

Un sympathisant des Moudjahidine du peuple iraniens a été sauvé à temps, mercredi à Berne. Selon l’ats, il a tenté de s’immoler par le feu devant l’ambassade de France à Berne.

Il a été maîtrisé par les policiers avant qu’il ne puisse allumer le liquide avec lequel il s’était aspergé.

Après ce «coup d’éclat», la quinzaine de personnes qui manifestaient devant la représentation française se sont dispersées dans le calme.

Mais la vigilance est de mise du côté des autorités suisses. «Nous sommes très attentifs à ce que la Suisse ne serve pas de plate-forme à cette organisation», affirme Urs Von Daeniken, chef du Service d’analyse et de prévention de l’Office fédéral de la police (OFP).

«Si d’autres pays européens comme l’Allemagne lancent à leur tour des opérations contre cette organisation, je n’exclus pas que certains de leurs cadres tentent de se replier en Suisse», poursuit Urs Von Daeniken.

Pas une organisation terroriste

Raison pour laquelle la Suisse va poursuivre la surveillance étroite de ce mouvement. Une vigilance qu’elle observe depuis plusieurs années déjà.

Toutefois, la Suisse ne qualifie pas l’organisation des Moudjahidine du peuple iranien de terroriste. Et ce, contrairement à l’Union européenne, aux Etats-Unis et à l’ONU.

«Ce sont des extrémistes paisibles», nuance Urs Von Daeniken. De fait, ce mouvement – également connu sous le nom de Conseil national de la résistance iranienne – est peu implanté en Suisse.

«Nous les estimons à quelques centaines sur les 4000 Iraniens établis en Suisse», précise le responsable de l’OFP.

De plus, jusqu’à maintenant, ces militants ont fait preuve d’une relative discrétion sur le territoire helvétique.

Des boules de neige

Leur dernier coup d’éclat remonte à 2000. Lors du Forum économique de Davos, quelques militants ont lancé des sachets de peinture et des boules de neige sur des représentants du gouvernement iranien.

Des plaintes ont également été déposées contre ce mouvement, suite à des collectes de fonds particulièrement agressives.

Enfin, ce mouvement a organisé, ces dernières années, d’importantes manifestations devant le siège européen des Nations unies à Genève.

«Mais la plupart des manifestants venaient d’Allemagne», précise Mohamed-Reza Djalili, de l’Institut genevois de Hautes études internationales.

Un mouvement isolé

Ce spécialiste du Moyen-Orient pense également que les Moudjahidine iraniens sont faiblement représentés en Suisse.

«Ils sont coupés des autres mouvements d’opposants au régime iranien qui ne leur pardonnent pas leur collaboration avec Saddam Hussein durant la guerre entre l’Iran et l’Irak», souligne Mohamed-Reza Djalili.

Quoi qu’il en soit, la Suisse n’a reçu aucune demande d’intervention contre le mouvement en Suisse, selon l’OFP.

Une enquête en suspens

En revanche, les autorités judiciaires helvétiques n’ont pas bouclé l’enquête sur l’assassinat de Kazem Radjavi, frère de Massoud, le leader historique des Moudjahidine iraniens.

Perpétré en avril 1990 près de Genève, ce meurtre est attribué aux services secrets iraniens.

A l’époque, la France s’était distinguée en laissant partir en Iran des diplomates iraniens soupçonnés par la Suisse d’être impliqués dans ce meurtre. Et ce, en dépit d’une demande d’entraide judiciaire diligentée par la Suisse.

Swissinfo, Frédéric Burnand, Genève

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