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La Winterthur s’enferre dans un guêpier belge

La Ligue belge des droits de l'homme se saisit de l'affaire Danon, du nom d'une citoyenne belge, accidentée en Suisse il y a près de vingt ans et qui se bat pour être dédommagée dignement par l'assurance Winterthur. Selon son entourage, elle a entamé une grève de la faim, tandis qu'une pétition circule au Parlement belge.

C’est l’étrange histoire d’un litige privé qui flirte sans cesse avec l’affaire d’Etat, où les acteurs s’accusent mutuellement de ce mélange de genres, avec entre les deux des médias suisses accusés de manière récurrente d’être manipulés.

Le litige privé, c’est la conséquence d’un grave accident de la circulation survenu le 24 février 1983. Antoinette Danon, alors âgée de 46 ans, sans avoir commis la moindre faute, est frappée d’une invalidité de 50%, ainsi que de 20% d’atteinte à l’intégrité psychique. S’ensuit une interminable querelle entre la victime et l’assurance Winterthur, dont l’indemnisation, à raison de 550 000 francs suisses, est jugée largement insuffisante. Les lenteurs de la justice font le reste.

L’Association suisse des assurés (ASSUAS) fait de l’affaire Danon son cas emblématique, selon elle, des assurances suisses accusées de mener une guerre d’usure contre les victimes d’accidents pour les dissuader d’exiger des indemnisations décentes. L’association remue ciel et terre en Belgique, s’adressant tous azimuts aux ministres, députés et europarlementaires.

A chaque conférence de presse organisée à Bruxelles au sujet de l’affaire Danon, des intervenants mentionnent, avec plus ou moins d’insistance, la possibilité de retarder la ratification de l’accord sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union européenne.

Parallèlement, la presse suisse est volontiers accusée d’avoir créé ce lien de toutes pièces. Un scénario qui s’est répété lundi lors d’une conférence de presse organisée par la Ligue belge des droits de l’homme dans une salle du Parlement fédéral.

De telles contradictions prêteraient à sourire, s’il n’y avait pas la situation tragique d’Antoinette Danon. Son mari a annoncé mardi qu’elle avait entamé la veille une grève la faim. Selon son médecin, elle est «épuisée, entre amertume et désespoir».

Sur le terrain politique, une cinquantaine de parlementaires belges ont signé une pétition exigeant «une intervention urgente des autorités belges auprès des autorités suisses, pour trouver, sans retard, une solution amiable et équitable à cette dramatique affaire».

Thierry Zweifel, Bruxelles

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