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Le CERN en route vers le futur de l’informatique

Le LHC, un nouvel accélérateur de particules du CERN, entrera en service en 2007. Keystone Archive

Le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) de Genève a lancé la première phase de ce qui pourrait s’avérer le futur de l’informatique.

Pour traiter les énormes quantités de données générées par le grand collisionneur de hadrons (LHC), le CERN a construit un réseau qui lie les ressources informatiques de différents pays.

Les scientifiques du centre de recherche sur la physique nucléaire ont réalisé que le Large Hadron Collider (LHC), le nouvel accélérateur de particules, allait générer une somme de données équivalent à 20 millions de CDs.

Mais, d’ici à 2007, date de son entrée en service, il ne s’agit pas seulement de résoudre le problème du stockage des données émanant du LHC.

L’analyse de ces données s’avère tout aussi problématique. Il ne faut pas moins de l’équivalent en puissance de 70’000 ordinateurs de nos jours, et des plus rapides.

Mais au lieu d’investir dans l’achat d’ordinateurs, le CERN a opté pour une solution différente: le «Grid», un réseau de centres informatiques répartis sur le globe, créant ainsi des ressources virtuelles.

Un scientifique pourra par exemple avoir à disposition la puissance d’un super-ordinateur qui se trouve dans un autre pays comme s’il était dans la pièce d’à côté.

«L’idée était de répartir les ressources pratiquement n’importe où. Et d’y avoir accès depuis son bureau», déclare Ian Bird, chef de projet pour le développement du «Grid».

L’accès aux ressources

Le CERN est d’ailleurs célèbre dans le monde des nouvelles technologies pour être le berceau du World Wide Web, qui rendit Internet utilisable par le plus grand nombre.

Le «Grid» aimerait pouvoir faire franchir à ce concept une étape supplémentaire. «L’idée du base du Web était de partager les informations», explique Ian Bird.

«Il a rendu accessibles des documents ou des bases de données, alors que le «Grid» ouvre l’accès à des ressources informatiques», poursuit-il.

Le chercheur compare encore le «Grid» du CERN au réseau électrique. Les utilisateurs se soucient peu de savoir d’où vient le courant mais plutôt s’il y en a.

La première phase du projet implique de gérer une série de prototypes de services dont la taille et la complexité vont s’accroître petit à petit.

Le nouveau système détermine quelles sont les ressources nécessaires pour accomplir une tâche donnée, mobilise un espace informatique quelque part dans le monde et renvoie le résultat au chercheur.

Au départ, le «Grid» va mettre en réseau des centres informatiques dans 16 pays. Les analyses de données vont débuter en 2004, afin de voir si le système parvient à appréhender une charge de travail aussi complexe.

L’Union européenne finance les réseaux prévus qui seront utiles à la science et à l’industrie. Et des compagnies privées ont déjà affiché leur intérêt pour cette nouvelle technologie.

Les applications futures

Quoi qu’il en soit, on ne sait pas exactement à quelles applications le «Grid» pourrait mener à l’avenir, reconnaît Ian Bird. Comme ce fut le cas quand le Web a fait son apparition.

«Nous savons du moins que nous offrons aux gens des ressources informatiques encore inédites qui ouvrent d’énormes possibilités».

Il n’empêche qu’une des principales difficultés rencontrées par les chercheurs est le transport de l’information autour du monde. Comme celle d’être sûr que le réseau puisse supporter de telles quantité de données.

Mais ce problème semble en passe d’être résolu. Lors d’un test innovateur effectué récemment, les scientifiques du CERN ont réussi à envoyer l’équivalent d’un DVD au California Institute of Technology en seulement sept secondes.

swissinfo, Scott Caper
(Traduction: Anne Rubin)

– Le CERN à Genève est le plus grand laboratoire de physique des particules du monde. Autrement dit c’est là qu’on étudie la matière.

– Créé en 1954, ce fut un des premiers partenariats européens. Il compte désormais 20 Etats membres.

– Le Large Hadron Collider (LHC- un accélérateur de particules) sera l’instrument le plus puissant pour analyser les propriétés des particules jamais construit au monde.

– La puissance de traitement du «Grid» sera d’abord utilisée pour analyser les données provenant du LHC.

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