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Le cricket marque des points en Suisse

Des jeunes suivent le programme du SCA à Rychenberg. Alex Mackay

La Suisse n’est certes pas le premier pays associé au cricket. Mais ce sport particulier est en passe de convaincre de plus en plus de jeunes Helvètes.

Grâce à une initiative lancée l’an dernier, l’Association suisse de cricket (SCA) a réussi à transmettre le virus de ce jeu à une quarantaine d’enfants âgés de six à douze ans.

Le «Programme de développement du cricket pour la jeunesse» a été un tel succès à Genève et Zurich que le SCA pense étendre ce projet à tout le pays. Le but final est de réussir à créer une équipe de Suisse junior capable de jouer sur le plan international.

Bien sûr, le cricket ne possède pas en Suisse la même renommée que le football, le hockey sur glace ou le basket-ball. Mais de plus en plus de parents sont séduits par l’image très «propre» de ce sport.

Pour Alex Segert, un papa dont les deux enfants de sept et neuf ans (Yannick et Leila) suivent les cours dispensés dans l’école Hottigen de Zurich, le cricket est une discipline idéale pour les jeunes.

«Dans la plupart des sports, les exemples de langage ordurier, de tricheries et de méchants coups sont monnaie courante», explique-t-il.

«J’avais envie que mes enfants puissent participer à un sport d’équipe. Mais ses côtés sombres me rebutaient. Or, le cricket associe esprit d’équipe et effort physique sans ces problèmes. De plus, garçons et filles peuvent jouer ensemble et c’est un excellent moyen pour en savoir plus sur la langue et la culture anglaise.»

Le cricket

Comme le dit la légende, il faut être Anglais pour comprendre le cricket. Ce jeu – sorte de baseball de gentlemen – voit deux équipes de onze joueurs s’affronter, sur un terrain (gazon) ovale dont les dimensions sont de 135 mètres sur 150.

Une partie rectangulaire de 20 mètres sur 2,5 est appelée pitch ou square. A chaque extrémité du pitch se trouve une «maison» de bois défendue par le batteur contre les attaques des lanceurs qui vont tenter de le détruire à l’aide d’une balle très dure de 160 grammes.

Les joueurs de chaque équipe doivent chacun lancer six fois avec pour but de «sortir» le batteur. Seule l’équipe dont l’un des joueurs occupe la position du batteur peut marquer des points.

Un coup de pouce

Début mai, le programme de développement du cricket pour la jeunesse en Suisse a reçu un coup de pouce de la part de l’association faîtière. L’International Cricket Council (ICC) a en effet honoré son créateur, Patrick Henderson, et lui a remis du matériel nécessaire au développement de son idée.

«En Suisse, le cricket est vu comme un sport pour les personnes expatriées, explique ce dernier. Mais nous sommes déterminés à séduire de plus en plus de Suisses… à commencer par les enfants.»

Patrick Henderson est conscient de la difficulté de la tâche. C’est pourquoi son programme vise plus particulièrement les jeunes de six à douze ans. D’une part parce les adolescents ont déjà choisi une autre discipline et d’autre part parce que le cricket étant très technique, il est nécessaire d’inculquer les bases le plus vite possible.

«Je suis très agréablement surpris de l’écho suscité par notre initiative ainsi que du nombre de jeunes suisses qui y ont trouvé un intérêt», poursuit-il.

Plusieurs écoles de Zurich et Winterthur ont inclus le cricket dans leurs options. Ce qui permet de dépoussiérer un peu l’image d’un sport qualifié «injustement» d’ennuyeux et de lent.

Professeur de sport au gymnase cantonal de Glaris, Mirka Jacober explique que dès le moment où ses élèves ont assisté à un entraînement du club Zurich Royals, leur opinion sur le cricket a changé.

«Nous étions tous très surpris de la rapidité du jeu, de la dureté de la balle et de la condition physique nécessaire à la pratique de ce sport. Nous pensions qu’il s’agissait d’un passe-temps. Mais nous avons pu constater que sa pratique est aussi exigeante que bien d’autres disciplines.»

La «bénédiction» de Roger Federer

Invité à tenir une batte de cricket durant un jour de repos lors du dernier Open d’Australie, le numéro un mondial de tennis, Roger Federer, a apporté son soutien à ce sport.

Sur le ton de la plaisanterie et faisant référence à la victoire helvétique lors de la dernière Coupe de l’America, le Bâlois a évoqué la possibilité de son développement en Suisse: «Nous sommes aussi très forts en voile, s’est-il exclamé. Pourquoi ne le serions-nous pas bientôt en cricket?»

Dans les faits, la Suisse possède déjà une équipe nationale de cricket qui participe à des rencontres internationales ainsi qu’un réseau d’une quinzaine de clubs regroupant plus de 250 joueurs.

Certes, la majorité des joueurs sont des personnes expatriées. Un constat qui doit changer selon Patrick Henderson.

«Il est vital pour le cricket suisse que de plus en plus de citoyens de ce pays s’adonnent à ce sport, conclut-il. Notre programme a pour but d’attirer les jeunes pour que ces derniers s’impliquent dans les clubs et l’équipe nationale.»

swissinfo, Matt Allen
(Traduction et adaptation de l’anglais Mathias Froidevaux)

Le cricket est joué en Suisse depuis 1817
L’association suisse de cricket a vu le jour le 9 mars 1980
Elle est membre de l’International Cricket Council depuis 1985
A l’heure actuelle la Suisse compte une quinzaine de clubs

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