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Le débat sur le climat divise le Parlement

Pour lutter contre le réchauffement climatique, les députés veulent notamment favoriser des véhicules moins polluants. Keystone

Le débat que la Chambre basse du Parlement a tenu mercredi sur le climat a une fois de plus montré que les positions sur l'avenir énergétique de la Suisse étaient variées.

L’appel des partis bourgeois pour exploiter davantage le potentiel de l’énergie atomique s’est heurté à la confiance que le camp rose-vert place dans les énergies renouvelables.

Le Conseil national (Chambre basse) s’inquiète de l’avenir climatique et énergétique de la Suisse. Après plus de cinq heures de débat, il a adopté mercredi soir 23 interventions visant notamment à favoriser les voitures propres.

Désireuse de montrer qu’elle prend au sérieux les changements climatiques, la Chambre du peuple s’est penchée lors d’un débat urgent sur une bonne septantaines d’interpellations, motions ou postulats. Tous les partis ont reconnu la nécessité d’encourager une consommation économe de courant et de promouvoir les énergies renouvelables.

Des propositions en faveur d’une imposition différenciée des véhicules en fonction de leur impact sur l’environnement et de leur consommation ont ainsi passé la rampe. Idem de l’idée de réduire le niveau d’émissions de CO2 admis pour les nouvelles voitures.

Au chapitre des bâtiments, le gouvernement a été prié de promouvoir plus activement les standards Minergie. Il conviendra également d’édicter des prescriptions en matière de construction et de rénovation afin de réduire la consommation d’énergies non renouvelables.

Potentiel énorme

Le potentiel d’économie dans les domaines des appareils électroménagers, des bâtiments et des voitures est «gigantesque», a souligné le démocrate-chrétien (centre droit) Ruedi Lustenberger. Donner la priorité à l’efficacité énergétique permettrait d’économiser jusqu’à 60% d’électricité, a précisé la socialiste Barbara Marty Kälin.

La gauche s’est montrée la plus sévère envers les efforts faits par la Suisse jusqu’ici. «On s’est contenté pour l’instant de combattre les symptômes», a déploré l’écologiste Ruth Genner. La Suisse serait bien inspirée de prendre exemple sur l’Union européenne, qui vise une réduction des émissions de CO2 de 20 à 30 % d’ici 2020, a renchéri la socialiste Ursula Wyss.

Pas de coercition

La droite s’est élevée contre tout catastrophisme. La Suisse ne doit certes pas rester les bras croisés, mais «mieux vaut d’abord convaincre avant de contraindre», a fait valoir le démocrate-chrétien Maurice Chevrier, résumant le sentiment général prévalant au sein de la majorité.

Sans compter qu’une «thérapie de choc» entraverait la croissance économique nécessaire pour mener à bien une politique climatique, a relevé le radical (droite) Werner Messmer.

Moritz Leuenberger – ministre notamment en charge de l’Energie et de l’Environnement – s’est réjoui de la palette de propositions déposées. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas, a-t-il averti, appelant les élus à passer des paroles aux actes après les élections fédérales d’octobre.

Le gouvernement présentera en effet son plan d’action pour la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique d’ici la fin de l’année. Des mesures «déterminées» sont nécessaires, a souligné le ministre de l’énergie et de l’environnement.

Nucléaire

Les fronts sont en revanche restés figés concernant le nucléaire. Le camp rose-vert a rappelé les risques liés à cette énergie et les réticences de la population. La droite, pour sa part, a insisté sur la pénurie d’électricité qui se dessine selon elle à l’horizon 2015-2020.

Les représentants de droite ont salué la volonté du gouvernement d’examiner dans quelle mesure il serait possible d’accélérer les procédures d’autorisation pour la construction de nouvelles centrales.

swissinfo et les agences

Consommation d’énergie en Suisse en 2005, selon l’Office fédrale de l’Energie:
carburant: 31,1%
Huiles de chauffage: 25,4%
Electricité: 23,2%
Gaz: 12,2%
Autres agents énergétiques (charbon, bois, etc.): 7,2%
Energies renouvelables (soleil, vent, etc.): 0,9%

Longtemps débattue, l’origine humaine du réchauffement climatique fait désormais l’objet d’un consensus parmi les scientifiques.

Une synthèse de différents travaux de recherche a été présentée lors d’une conférence internationale tenue début févier à Paris.

Les spécialistes de 113 pays ont évalué à 90% la probabilité d’une responsabilité humaine dans le réchauffement.

La loi sur le CO2 est entrée en vigueur le 1er mai 2002. Elle constitue le noyau dur de la politique suisse en matière de loi sur le climat et complète les engagements pris par la Suisse au niveau international.

Son objectif est de parvenir à réduire, d’ici 2010, les émissions de CO2 de 10% par rapport aux valeurs de 1990.

La loi se base sur un mécanisme à deux niveaux: une taxe sur le CO2 peut être introduite uniquement si les objectifs de réduction n’ont pas été atteints grâce à des démarches volontaires et à d’autres mesures d’accompagnement.

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