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Le dernier Euro de Köbi Kuhn

Köbi Kuhn vivra en juin ses derniers moments à la tête de l'équipe suisse de football. Reuters

L'Eurofoot du mois de juin constitue le dernier grand défi footballistique de Köbi Kuhn, qui a passé sept ans à la tête de l'équipe de Suisse. Il répond aux questions de swissinfo et Teletext avec simplicité, réalisme et humour.

swissinfo/Teletext: Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à quelques semaines du match d’ouverture de l’Euro 2008?

Köbi Kuhn: La pression est là, mais elle n’a rien à voir avec le fait que ce sera mon dernier tournoi en qualité de sélectionneur national. C’est tout à fait normal qu’une certaine tension soit présente avant un pareil événement. Nous avons été passablement critiqués les dernières semaines, mais c’est anecdotique et cela ne me perturbe pas trop. Du moins aussi longtemps que les attaques ne sont pas personnelles.

Avant leurs Coupes du monde respectives, la France et l’Allemagne ont aussi connu des difficultés et c’est lors de la compétition qu’elles ont fini par s’en sortir! Ces exemples doivent nous stimuler. A l’heure actuelle, tout mon esprit est accaparé par l’Euro.

swissinfo/Teletext: Le fait de jouer cet Euro en Suisse change-t-il véritablement la donne?

K.K.: L’équipe de Suisse est jeune mais la plupart des joueurs évoluent dans les principaux championnats européens. De fait, ils sauront gérer la pression inhérente à cette compétition. Comme je l’ai déjà dit et répété, nous sommes en mesure d’aller au bout de notre rêve mais nous pouvons tout aussi bien terminer le championnat à la fin du premier tour en ayant joué un bon football.

Une chose est sûre, dès le 19 mai et le camp d’entraînement de Lugano, tous les joueurs seront totalement concentrés sur l’Euro. Nous pourrons enfin travailler trois semaines de suite avant d’affronter la République tchèque. Cela nous permettra d’être meilleurs que ce que nous avons été ces derniers mois.

swissinfo/Teletext: Vous venez de souligner que la plupart de vos joueurs évoluent dans des championnats étrangers. Lorsque vous étiez joueur, vous êtes resté fidèle au FC Zurich sans jamais essayer de jouer hors des frontières helvétiques. Un regret?

K.K.: C’était une époque différente. J’ai eu quelques opportunités de partir jouer en Allemagne mais, pour différentes raisons, je ne les ai pas saisies. Il faut savoir qu’à cette époque-là, des joueurs allemands venaient jouer en Suisse et je dois dire que je n’ai jamais éprouvé de regrets. J’ai eu une belle carrière en Suisse. De plus, les grands pays du football des années 1960 étaient l’Angleterre et l’Italie et ces marchés étaient fermés.

swissinfo/Teletext: Revenons à l’Euro et passons en revue les trois adversaires de la Suisse dans le cadre du groupe A (Tchéquie, Turquie, Portugal)…

K.K.: La République tchèque tout d’abord est une équipe athlétique, astucieuse et qui a du caractère. Ce match d’ouverture sera très important. Il pourrait nous permettre de nous mettre sur orbite pour la suite de la compétition. A contrario, une défaite d’entrée nous compliquerait passablement la tâche. Comme toujours, le prochain match est toujours le plus important…

La Turquie, nous connaissons bien cet adversaire et nous savons que cette équipe est redoutable. Le match sera évidemment hanté par le souvenir des événements d’il y a deux ans, mais nous allons tout faire pour oublier cela au moment d’entrer sur le terrain.

Enfin, concernant le Portugal, j’espère simplement que Cristiano Ronaldo va continuer de marquer encore beaucoup de buts avec son club de Manchester United et qu’il sera plus discret avec la sélection portugaise.

swissinfo/Teletext: Imaginons qu’à la veille du match d’ouverture, Barnetta et Frei quittent l’hôtel la nuit tombée pour aller boire quelques bières… comme vous l’aviez fait vous-même, en tant que joueur, il y a une quarantaine d’années.

K.K.: Si je venais à apprendre cette sortie, je pense que je disposerais, je crois, d’un excellent moyen de pression pour les obliger à courir ventre à terre durant 90 minutes.

swissinfo/Teletext: Köbi Kuhn, où serez-vous le 29 juin?

K.K: Je regarderai la finale à la TV… ou depuis le banc du stade Ernst-Happel de Vienne. Ça, ce serait mon plus grand rêve.

Interview swissinfo/Teletext, Mathias Froidevaux et Miguel Bao

Jakob Kuhn est né le 12 octobre 1943 à Zurich où il a effectué l’intégralité de sa carrière de footballeur débutée à l’âge de 17 ans (FC Wiedikon de 1954 à 1959 et FC Zurich de 1960 à 1977).

Avec le FC Zurich, Köbi Kuhn a remporté le championnat à six reprises et la Coupe de Suisse a cinq reprises. Il a également disputé deux demi-finales de Coupe d’Europe face au Real de Madrid et à Liverpool.

Sélectionné à 63 reprises en équipe nationale, il a disputé la Coupe du monde de 1966 en Angleterre.

Directeur sportif puis entraîneur ad interim du FC Zurich (1983-1984) et des équipes nationales juniors (M-18 et M-21) dès 1996, il succède à Enzo Trossero à la tête de l’équipe de Suisse en juin 2001.

Il est le premier entraîneur à disputer trois phases finales de grands rendez-vous (Euro 2004, Mondial 2006 et Euro 2008), de surcroît consécutives…

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