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Le droit de vivre en ville et d’y être heureux

Les Bâlois ont lancé un processus visant à freiner l’exode urbain. Keystone Archive

Istanbul avait organisé le «Sommet des Villes» en 1996. Et New York accueille, cette semaine, Istanbul+5. Une réunion pour dresser quelques bilans et relancer les bonnes idées. Côté suisse, on mettra l'accent sur le droit à la ville pour tous et sur les villes où il fait bon vivre.

Le Sommet d’Istanbul – dernière étape du cycle des grandes conférences onusiennes de la décennie passée – avait fait avancer quelques principes audacieux. Le premier étant qu’il faut cesser de peindre le diable sur les murs de la ville et qu’il vaut mieux guider l’urbanisation plutôt que la considérer comme la source de tous les maux.

La seconde grande idée était de prendre enfin au sérieux les autorités locales, municipales ou communautaires, de créer avec elles un vrai partenariat et de cesser de considérer l’Etat comme le seul pourvoyeur de services. Idée potentiellement révolutionnaire puisqu’elle suppose des transferts de pouvoirs et de ressources.

Alors qu’en est-il cinq ans plus tard? «Il y a des progrès, mais en dents de scie, constate Françoise Lieberherr, qui faisait partie de la délégation suisse à Istanbul et qui est aussi à New York. L’idée de l’autonomie locale est en marche, mais elle n’est pas encore bien définie ni légitimée dans un document officiel.»

Et qu’en est-il du partenariat que l’on sert désormais à peu près à toutes les sauces? «C’est un mouvement de très longue haleine, affirme-t-elle. Il faut bien admettre que cela représente tellement de remises en cause de pouvoirs personnels et institutionnels qu’il faudra beaucoup de temps pour le traduire en actes,».

La session spéciale de New York sur le suivi d’Istanbul, que certains Etats récalcitrants ont voulu restreindre aux seuls gouvernements, est en tout cas l’occasion de mettre en évidence certaines réussites. C’est ce que l’on appelle, dans le jargon onusien, les «best practices», autrement dit des initiatives qui ont valeur d’exemple.

Parmi elles, un projet helvétique, le «Werkstadt Basel» (jeu de mots sur ‘Stadt’, la ville, et ‘Werkstatt’, l’atelier). Il s’agit là d’une sorte de «processus citoyen» lancé par les Bâlois qui se demandaient comment freiner l’exode urbain dû au fait que les gens ont de plus en plus de peine à s’identifier à leur quartier.

Cette tentative, toujours en cours, de revaloriser l’habitat et l’environnement urbain s’est traduite au fil des mois par une véritable mobilisation populaire. Comités, ateliers et consultations en tous genres ont finalement débouché sur une impressionnante collection de propositions concrètes touchant à la vie quotidienne des Bâlois.

La ville, c’est aussi un important thème de réflexion pour la Direction du développement et de la coopération (DDC). Longtemps, la plupart des agences et organisations d’entraide ont privilégié les actions dans le monde rural, négligeant les réalités urbaines qui, quoi qu’on en dise, servent de moteur aux économies nationales.

Collaboratrice de la DDC en matière de coopération urbaine internationale, Françoise Lieberherr explique cet état de choses par le fait qu’il est certainement plus difficile de travailler avec les villes qu’avec de petites communautés rurales dont on connaît les interlocuteurs. Et que les problèmes urbains sont, à la fois, plus grands et plus complexes.

Ces dernières années, la DDC a multiplié ses activités en milieu urbain, en particulier dans des villes dites intermédiaires qui servent de relais régionaux entre les zones rurales et la capitale ou les grandes agglomérations. Des programmes allant dans ce sens sont en cours en Indonésie, au Vietnam et au Burkina Faso.

Sa philosophie de la ville – à l’intérieur et à l’extérieur du pays – la délégation suisse à New York va la décliner en huit thèmes prioritaires. Des thèmes qui vont de la démocratie locale à l’aménagement urbain, en passant par les services de base et les actions de solidarité avec les plus démunis.

Car, dit encore Françoise Lieberherr, «il ne suffit pas de proclamer le droit au logement, encore faut-il assurer la sécurité des locataires». Une manière d’illustrer ce qui sert, en quelque sorte, de fil rouge au document préparé par la Suisse. Qui parle du droit à la ville pour tous, mais aussi de villes vivables, au 21e siècle.

Bernard Weissbrodt

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