Le FBI brésilien s’intéresse au Credit Suisse
La police fédérale brésilienne indique vendredi avoir arrêté mercredi un cadre de Credit Suisse à l'aéroport de São Paulo. Le Suisse est en détention provisoire.
Six autres personnes se sont vues confisquer leurs passeports. Soupçonnée de crimes financiers, la division «private banking» du géant bancaire avait été perquisitionnée mardi.
Le cadre du Credit suisse a été arrêté dans le cadre de l’«Opération suisse», lancée par la Police fédérale brésilienne. Après une descente de police dans les locaux de la banque, mardi, il avait été surpris le lendemain dans une salle VIP de l’aéroport, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour Zurich.
Contrairement à ses collègues, ce responsable des opérations de «private banking» de la filiale Credit Suisse Representations au Brésil ne se trouvait pas dans les bureaux lors de la perquisition.
Alors que la police saisissait des documents, y compris aux domiciles de certains responsables de l’entreprise, il aurait très tôt tenter de regagner la Suisse.
Soupçons de crimes financiers
Après avoir échoué lors d’une première tentative, il a finalement trouvé une place dans un vol pour Zurich mercredi soir. Comme son vol de retour était initialement prévu pour le 6 avril, la Police fédérale a préféré l’intercepter avant qu’il ne quitte le territoire brésilien.
Sa période de détention provisoire s’est achevée dimanche. Elle a été reconduite pour une période de cinq jours.
Le département de gestion du patrimoine du Credit Suisse avait été placé en observation dans le cadre d’une opération de la police fédérale depuis décembre dernier.
Il est soupçonné de crimes en col blanc, d’«évasion de devises, blanchiment d’argent et crime contre le système financier», indique la police fédérale.
A la suite de la perquisition, six autres personnes se sont également vues retirer leurs passeports. Parmi elles, quatre Suisses, tous âgés entre 30 et 40 ans.
«Tout au long de cette enquête, de forts indices ont tendu à montrer que les suspects agissaient illégalement, à travers l’envoi d’importantes sommes d’argent provenant d’origines douteuses», précise la Police fédérale.
Credit Suisse dément
Credit Suisse Group a réagi avec embarras à cette affaire, tout en s’efforçant de bien distinguer les faits.
Dans un communiqué publié dans la presse brésilienne, la banque précise que «Credit Suisse Représentations est une entreprise non financière qui opère en tant que représentant commercial au Brésil».
«L’action de la Police fédérale n’a rien à voir avec les autres activités et les opérations de la banque d’investissement Credit Suisse» a encore indiqué la banque.
Contactée par téléphone ce vendredi, une interlocutrice du bureau de São Paulo a seulement répondu: «nous ne fonctionnons pas aujourd’hui. Merci. Au revoir!», avant de raccrocher.
Dans sa «note d’éclaircissement», la banque précise en outre que le département mis en cause «collabore totalement avec les autorités pour comprendre la nature de l’enquête».
swissinfo, Thierry Ogier à São Paulo
– Les autorités tentent depuis plusieurs mois d’établir un rapport entre le crime organisé et le financement illégal des campagnes électorales au Brésil, en se fondant sur les dépositions d’agents de change clandestins repentis.
– Dix-huit banques font déjà l’objet d’une enquête de la police fédérale.
– Credit suisse ne faisait pas partie de cette liste. Mais la perquisition de mardi dans ses locaux des São Paulo a été lancée suite au témoignage d’un de ses anciens employés, selon la police.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.