Le FC Zurich subit la loi de Marseille à domicile
Trois semaines après avoir battu l'AC Milan, le FC Zurich n'a pas réussi un second exploit d'affilée en Champions League. Les hommes de Bernard Challandes ont été défaits par l'OM à domicile (0-1). Un succès français logique mais longtemps contesté par les Suisses.
Marseille n’avait pas le choix. Battu lors de ses deux premiers matches de poule par le Real Madrid et l’AC Milan, le club phocéen devait impérativement l’emporter à Zurich afin de conserver une chance de qualification pour les huitièmes de finale de cette Ligue des Champions 2009/10.
C’est chose faite puisque les Français se sont imposés 1-0 mercredi soir au Letzigrund. Mais comme dans le même temps l’AC Milan a battu le Real à Madrid (2-3), les Marseillais restent, comme les Zurichois, à trois longueurs des deux premières places qualificatives.
Zurich, qui doit encore affronter l’OM à Marseille dans deux semaines, se rendre à Madrid le 25 novembre puis recevoir l’AC Milan le 8 décembre, visera désormais la 3e place du groupe, synonyme de qualification pour l’Europa League.
Marseille plus réaliste
Malgré la défaite, Zurich n’a une nouvelle fois pas démérité mercredi soir. Devant 22’300 spectateurs, dont un bon millier de supporters français, les deux équipes se sont neutralisées et pratiquement aucune action n’a débouché sur une réelle chance de but en première mi-temps.
Le dispositif mis en place par Bernard Challandes, tacticien réputé, a il est vrai parfaitement fonctionné. Très agressifs en défense, les Zurichois n’ont laissé quasiment aucun espace aux attaquants marseillais, en panne d’imagination.
Peu avant la pause, Mamadou Niang est toutefois parvenu à déjouer le verrou local sur le côté gauche et a pu adresser une passe parfaite à Brandao. Comme à Milan, Johnny Leoni s’est montré décisif en effectuant une parade réflexe et pouvait ainsi maintenir le 0-0 avant le retour aux vestiaires.
A la reprise, c’est le FCZ qui s’est montré le premier dangereux. Seule une détente parfaite de Steve Mandanda a empêché Johan Vonlanthen de débloquer le compteur (47e). Mais c’est Marseille qui a marqué le 1-0 à la 69e par Heinze. Score qui ne bougera pas jusqu’au terme de la rencontre, malgré les ultimes abordages zurichois.
Un fossé
Dans deux semaines à Marseille, Zurich aura besoin d’un nouvel exploit pour espérer encore décrocher la 3e place du groupe, synonyme de qualification pour l’Europa League. Mais ce ne sera pas chose aisée. Car si le Real Madrid et l’AC Milan, les deux grosses cylindrées du groupe, jouent sur une autre planète, un fossé sépare également le «petit poucet» zurichois et l’OM. Financièrement d’abord. Un budget annoncé de 136 millions de francs du côté de la Canebière, contre 23 millions sur les bords de la Limmat.
Culturel ensuite. D’un côté, l’OM, club le plus populaire de l’Hexagone, 42’000 abonnés recensés, une passion débordante et une histoire faite de psychodrames à répétition. De l’autre, Zurich, ses 7000 abonnés, son fidèle kop de supporters mais un public qui peine à se déplacer en dehors des grands rendez-vous. Pourtant, le FCZ est traditionnellement le club populaire de la métropole lémanique, alors que Grasshopper est considéré comme le club de l’élite de la ville.
Pas une ville de foot
Et que dire des infrastructures? Certes, le Letzigrund a été refait à neuf avant l’Eurofoot 2009. Mais les conditions d’entraînement sont indignes d’un club champion de Suisse en titre. Dans ses chroniques, l’envoyé spécial du site officiel de l’Olympique de Marseille (OM.net) évoque un terrain d’entraînement, «coincé entre le stade et des immeubles», où il est impossible de tenir des séances à huis-clos et très facile d’approcher les joueurs.
Impensable à Marseille, où l’agitation médiatique qui règne autour la Commanderie, le centre d’entraînement ultra-moderne de l’OM, rend le contact avec les membres de l’équipe très compliqué. De quoi prononcer cette sentence impitoyable. «Malgré deux clubs de première division, Zurich n’est pas vraiment une ville de football».
Pour Gilbert Gress, entraîneur franco-suisse dont la réputation n’est plus à faire des deux côtés de la frontière, une partie de la presse français se montre cependant trop condescendante à l’égard du FC Zurich. «Méfiez vous très fortement de cette équipe», lance-t-il d’ailleurs avant le match à des supporters marseillais venus le tancer au sujet de son limogeage du Racing Strasbourg. Même si au final, les partisans de l’OM auront eu raison, l’avertissement n’était pas superflu.
Lucrative Ligue des Champions
L’an dernier, le FC Bâle avait mesuré toute la distance qui le séparait des cadors européens. Un petit point en six matches glané tout de même sur le terrain du FC Barcelone. Mais pour les clubs suisses, la Ligue des Champions demeure, à condition de s’y qualifier, un véritable eldorado financier.
Primes de participation et de résultats, droits TV et billetterie devraient rapporter au minimum 20 millions de francs suisses au club zurichois. Soit l’équivalent du budget annuel du FCZ. Une manne providentielle pour un club, qui comme beaucoup d’autres en Suisse, doit compter sur l’apport d’un président-mécène, en l’occurrence Ancillo Canepa, pour boucher les trous en fin d’exercice.
Trois autres clubs suisses ont décroché la timbale avant le FC Zurich: Grasshopper et Bâle, par deux fois, et le FC Thoune, en 2005/06. Club au budget le plus modeste ayant jamais participé à la Ligue des Champions, le FC Thoune a été relégué l’an dernier en deuxième division du championnat suisse. Preuve qu’une participation à la Ligue des Champions n’est pas une assurance tous risques pour l’avenir. Et peut causer quelques problèmes sportifs inattendus.
Des effets négatifs
Ainsi, pour Bernard Challandes, l’entraîneur neuchâtelois du FCZ, la Ligue des Champions, ce n’est pas si magique que ça. «Ca devient l’objectif unique et l’obsession de mes joueurs. Ils sont complètement absents et incapables de se prendre en main en championnat. J’y prends certes du plaisir mais j’ai chaque fois en tête les futurs problèmes qui nous attendent en championnat», explique-t-il dans Le Temps.
Quatre jours après sa prestigieuse victoire à Milan, le FCZ s’était en effet incliné 4-2 sur le terrain du néo-promu Bellinzone. Les hommes de Bernard Challandes comptent déjà 16 points de retard sur le leader Young Boys, alors que seul le tiers du championnat a été disputé. Dimanche, le FCZ, en déplacement à Saint-Gall, aura-t-il «digéré» l’euphorie de la Ligue des Champions? Il le faudra bien s’il entend disputer une autre compétition européenne l’année prochaine.
Samuel Jaberg, Zurich, swissinfo.ch
Zurich – Marseille 0-1 (0-0) 69’Heinze.
Zurich: Leoni; Stahel, Tihinen, Rochat, P.Koch; Gajic (72’Djuric), Aegerter, Tico; X.Margairaz (84’Abdi); Vonlanthen (84’Nikci), Alphonse.
Marseille: Mandanda; Bonnart, Mbia, Hilton, Heinze; Cissé, Cheyrou (64’Abriel F.); Valbuena (65’B.Koné), Lucho (82’Kaboré), Niang; Brandao.
Arbitre: Skomina/SLO
Expulsion: Bonnart (92′)
Letzigrund: 22’300 spectateurs.
Real Madrid – Milan 2-3 (1-0)
19’Raul 1-0, 62’Pirlo 1-1, 66’Pato 1-2, 76’Drenthe 2-2, 88’Pato 2-3.
Classement
1.Milan 3/6
2.R.Madrid 3/6
3.Marseille 3/3
4.Zurich 3/3
Prochaines journées
3 novembre
Milan AC – Real Madrid
Marseille – Zurich:
25 novembre
Real Madrid – Zurich:
Milan AC – Marseille
8 décembre
Zurich: – Milan AC
Marseille – Real Madrid
1995-96: Grasshopper inscrit 2 points en 6 matches face au Real Madrid, à l’Ajax d’Amsterdam et au Ferencvaros Budapest.
1996-97: Grasshopper inscrit 9 points en 6 matches face à l’Ajax d’Amsterdam, l’AJ Auxerre et les Glasgow Rangers.
2002-03: le FC Bâle inscrit 9 points en 6 matches face à Valence, Liverpool et le Spartak Moscou lors de la première phase de poule. Le club rhénan se qualifie pour la seconde phase où il obtient 7 points en 6 matches face à Manchester United, à la Juventus de Turin et au Deportivo la Corogne.
2005-06: le FC Thoune devient le club au plus petit budget de l’histoire qualifié pour la Ligue des Champions. Le club bernois inscrit 4 points en 6 matches face à l’Ajax d’Amsterdam, Arsenal et le Sparta Prague.
2008-09: le FC Bâle inscrit 1 point en 6 matches contre Barcelone, le Sporting Portugal et Shakhtar Donetsk.
2009-10: le FC Zurich est opposé au Real Madrid, au Milan AC et à l’Olympique de Marseille.
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