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Le foot suisse doit se refaire une santé

Quelqu'un peut-il détrôner le FC Bâle, roi de la Super League? Keystone

Après une saison troublée par un scandale financier et des débordements dans les stades, le patron du foot suisse rêve d’une amélioration pour 2005/2006.

Après l’ouverture mercredi de la nouvelle saison avec la rencontre entre Neuchâtel Xamax et Young Boys, le directeur de la ligue nationale Edmond Isoz évoque ses espoirs pour l’avenir.

Edmond Isoz est confiant. Selon lui, les nouvelles mesures approuvées le mois dernier par 28 présidents de club devraient aider la Swiss Football League (SFL) à mieux gérer la santé financière du football helvétique.

Il espère aussi que le nouveau Stade de Suisse à Berne et ses 32’000 places vont permettre de régler les problèmes d’affluence.

swissinfo: La SFL a introduit de nouvelles directives l’an passé pour lutter contre le hooliganisme et améliorer la sécurité dans les stades. Mais plusieurs matchs ont été perturbés par des débordements. Pourquoi la situation n’est-elle pas sous contrôle?

Edmond Isoz: Lorsqu’on introduit de nouvelles mesures, cela prend nécessairement du temps pour qu’elles deviennent réellement efficaces. Nous devons attendre un peu avant de juger si elles ont porté leurs fruits ou non. D’autres pays, comme l’Angleterre, ont mis des années avant de résoudre le problème de l’hooliganisme.

En Suisse, nous espérons que cela se fera plus vite. Dans un an et demi, une nouvelle législation contre la violence dans les stades va entrer en vigueur et nous espérons que les deux choses conjuguées – les mesures de la SFL et la nouvelle loi – permettront de régler le problème.

swissinfo: La saison dernière, Servette a fait faillite, Neuchâtel Xamax a aussi affronté des difficultés et les Grasshoppers de Zurich ont dû réduire leur budget. La ligue nationale s’inquiète-t-elle de la santé financière du football suisse?

E.I.: Oui, bien sûr, cela nous préoccupe. Nous avons perdu Servette la saison passée ainsi que Lugano et Lausanne il y a deux ans.

Mais nous ne sommes pas les seuls à être confrontés à ce genre de problèmes. D’autres pays européens sont dans le même bateau que nous. Nous avons tous besoin de plus d’argent pour pouvoir engager de bons joueurs afin de satisfaire le public, les télévisions et les sponsors. C’est un exercice difficile…

Nous avons perdu trois grandes équipes et je pense que les dirigeants sont aujourd’hui conscients qu’il faut gérer les clubs avec plus de prudence. J’espère que nous n’aurons plus de faillites ces prochains mois, mais on ne peut jamais le dire avec certitude.

swissinfo: L’affluence moyenne va en déclinant. Que peut-on faire pour inverser cette tendance?

E.I.: La saison dernière, le championnat avait plutôt bien débuté au niveau de la moyenne des spectateurs puisque celle-ci était passée de 7’000 à 9’000 personnes par match environ. Malheureusement, la faillite du club genevois de Servette est venue perturber cette équation.

L’autre problème est que ces dernières années, de grandes équipes comme Lausanne ou Servette ont été remplacées par d’autres, plus petites, telles qu’Yverdon, Thoune ou Aarau qui ne possèdent pas la même base de supporters.

Cette saison, il y a donc un fort risque de voir la moyenne des spectateurs baisser sensiblement, à moins que l’inauguration du nouveau stade de Berne ne permettent d’équilibrer les chiffres.

swissinfo : Cette saison, seuls deux clubs romands (Yverdon et Neuchâtel Xamax) sont de la partie. Est-ce là la marque d’un manque de passion pour le football en Suisse occidentale?

E.I.: Je ne pense pas qu’il soit possible d’affirmer cela. Les Romands représentent 20% de la population suisse et deux clubs de football sur dix viennent de Suisse occidentale.

Il faut cependant reconnaître que Neuchâtel Xamax et Yverdon ne possèdent pas la même aura que Servette, Sion ou Lausanne par le passé. Mais en fonction de la situation économique actuelle et du bassin de population, je doute fort que l’on voie un jour plus de deux ou trois clubs romands dans la meilleure catégorie de jeu du pays.

swissinfo: Les clubs suisses n’ont plus vraiment réussi à se mettre en évidence au niveau européen depuis le fantastique parcours du FC Bâle en Ligue des Champions durant la saison 2002/2003. Pourquoi en est-il ainsi et l’histoire va-t-elle se répéter une nouvelle fois cette année?

E.I.: Le problème principal auquel les clubs suisses doivent faire face – et cela est valable également pour tous les petits pays – est qu’il est très difficile de passer plusieurs tours en Ligue des Champions sans être tête de série de la compétition.

Regardez le cas du FC Thoune, par exemple, obligé d’affronter une très forte équipe – en l’occurrence le Dynamo de Kiev – au stade des qualifications. Cela rend sa tâche très compliquée.

De plus, on a tendance à oublier qu’il y a deux ans, Bâle avait éliminé Liverpool. Or plusieurs joueurs anglais, déjà présents à ce moment-là, ont remporté la compétition il y a moins de deux mois.

En évoluant en Première League anglaise, ceux-ci se sont améliorés alors que les joueurs du FC Bâle n’ont pas réussi à progresser. En disputant trop de matchs «faciles» contre leurs adversaires helvétiques durant le championnat, les Rhénans ont perdu l’habitude d’évoluer à haut niveau. Là, chaque petite erreur se paie cash.

Interview swissinfo, Adam Beaumont
(Traduction de l’anglais: Alexandra Richard et Mathias Froidevaux)

– Champion de Suisse en titre, le FC Bâle part une nouvelle fois dans la peau du favori.

– La Saison dernière, les Rhénans avaient terminé le championnat avec dix points d’avance sur le second (le FC Thoune) et vingt sur le troisième (Grasshopper).

– Cette année, le néo-promu en Super League est le club vaudois d’Yverdon

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