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Le Forum de Davos plébiscité grâce à la crise

Keystone

La réunion annuelle 2009 du World Economic Forum (WEF), à partir de mercredi à Davos, s'annonce des plus courues. Plus de 2500 participants de 96 pays se retrouvent dans les montagnes grisonnes avec, en tête, la crise économique et financière.

La crise pousse les décideurs à prendre de la hauteur. Ils seront un nombre record dans la station des Grisons cette année, où le WEF indique que la limite de ses capacités logistiques sera atteinte.

L’affluence, pour une édition qui est officiellement présentée comme l’une des plus importantes et signifiantes parmi les 39 réunions annuelles du forum avec celle organisée à New York dans le deuil des attentats du 11 septembre 2001.

Plus de 2500 participants de 96 pays, dont 60% venant du monde des affaires. Pas moins de 43 chefs d’Etat et de gouvernement seront là aussi. Des dizaines de ministres, les responsables des grandes organisations internationales et des grandes ONG.

Quelques noms: Angela Merkel et Vladimir Poutine, qui doit s’exprimer lors de l’ouverture. Le premier ministre chinois Wen Jiabao et ses homologues japonais Taro Aso et turc Erdogan. Gordon Brown encore, qui préside les pays du G 20, les ministres français Bernard Kouchner et Christine Lagarde, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, les présidents colombien Uribe, tchèque Klaus, sénégalais Wade et le patron de la commission européenne Barroso…

Barack Obama? Le rendez-vous tombe trop près de l’investiture du nouveau président américain. Mais Valerie Jarrett, qui fut coprésidente de l’équipe de transition, est annoncée. Ainsi qu’Al Gore, Bill Clinton et plusieurs ténors du Congrès.

Globale et systémique

Cette année donc, les «parties» débridées et nocturnes – dont le WEF décline toute responsabilité dans l’organisation – risquent de faire un flop. La crise obnubile, et personne ne peut prétendre la comprendre totalement, assure Klaus Schwab, fondateur du WEF.

Face à ce choc global et systémique, les décideurs ont compris la nécessité de partager vues et explications, expériences, propositions, élans. D’où l’affluence annoncée à Davos, expliquent les responsables du WEF, qui multiplieront sessions de discussions et workshop.

On y parlera, par exemple, valeurs éthiques et capitalisme plus équitable. Ou des prochains chevaux économiques et technologiques répondant aux besoins qui nous titilleront bientôt.

En matière financière, 36 ministres des finances et patrons de banques centrales seront sur pied de guerre. Alors que le risque de protectionnisme économique et commercial fait trembler plus d’un décideur, 20 ministres du commerce se pencheront sur l’avenir du cycle de négociation de Doha (OMC), au point mort.

A l’appui du G 20

Face à la crise, le WEF parie aussi sur le G-20 et veut agir en catalyseur. Président de ce groupe des principales économies industrialisées et émergeantes, Gordon Brown conduira deux réunions sur la réforme de l’architecture financière mondiale et sur la relance de l’économie globale.

«Nous n’allons pas donner de solutions miracles et nous ne sommes pas un lieu de décision. (…) Notre réunion annuelle doit permettre aux acteurs clés de discuter de cette crise sans précédent dans son échelle et de la manière d’en sortir», explique Klaus Schwab.

«Elle doit aussi permettre de discuter du monde que nous souhaitons collectivement voir émerger une fois que la crise sera passée. Nous vivons le début d’une nouvelle ère. Un appel à réviser nos institutions, nos systèmes et, par-dessus tout, nos manières de penser.» Avec cet espoir, aussi, que les participants repartiront un peu plus confiants…

Davos, le patron du WEF l’assimile à un sanatorium pour l’économie mondiale, où le patient, encore à moitié aux soins intensifs, pourrait reprendre des forces.

Pas assez attentifs

Face à la crise, Klaus Schwab se défend d’ailleurs de n’avoir rien vu venir. Des signaux étaient déjà donnés lors des dernières éditions eu égard aux risques dans la finance. «Mais, collectivement, nous n’avons pas prêté assez attention à ces signaux», explique le patron du WEF.

Le programme, cette année, découle en partie d’un sommet organisé en novembre à Dubaï, où 700 têtes pensantes ont établi un agenda global. C’est du reste un défi du WEF: dire les risques et enjeux (eau, pandémies, sécurité alimentaire, terrorisme, etc) voilés par la crise et considérer la globalité, qui reflète la complexité du monde actuel.

Les questions climatiques et environnementales, par exemple. 38 sessions leur seront consacrées. Pour paver la voie au sommet sur l’après-Kyoto de Copenhague en décembre, une réunion réunira le Premier ministre danois et 30 ministres de l’environnement ou de l’énergie.

L’avenir du Caucase et Gaza feront aussi l’objet de discussions. Mais Géorgiens et Palestiniens feront partie des rares absents de cette édition 2009 visant à «redessiner le monde de l’après-crise».

swissinfo, Pierre-François Besson

Débuts. Le World Economic Forum a été fondé par Klaus Schwab sous le nom de Management Symposium à Davos en 1971.

NYC. Depuis, le WEF tient sa réunion annuelle dans la station grisonne, hormis l’édition 2002, déplacée à New York après les attentats du World Trade Center quatre mois plus tôt.

Slogan. Cette édition 2009 réunira plus de 2500 participants de 96 pays. Elle est placée sous de signe de «Redessiner le monde de l’après-crise».

Pour tous. La Fédération des églises protestantes de Suisse et le WEF organisent en marge de la réunion annuelle leur 7e Open forum, ouvert à chacun.

Qui. Parmi les participants à l’Open Forum, deux ministres suisses, le patron de la banque nationale suisse, Kofi Annan et le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation de l’Onu.

Trois. Trois ministres suisses doivent participer à la réunion 2009 du WEF, dont le président de la Confédération (et ministre des finances) Hans-Rudolf Merz, qui prononcera l’un des discours d’ouverture.

USA. Sont annoncées aussi au WEF Micheline Calmy-Rey (Affaires étrangères) et Doris Leuthard. La ministre de l’économie participera à la traditionnelle table ronde organisée par la Joint Economic commission américano-suisse. Sujet: les conséquences de la crise sur la commerce mondial.

OMC. Le commerce mondial et les négociations de l’OMC, au point mort, feront l’objet d’une réunion ministérielle informelle le samedi.

Russie. La signature d’une déclaration d’intention en vue de négocier un accord de libre échange entre la Russie et l’AELE est aussi prévue.

Armée. Le nouveau ministre de la défense Ueli Maurer est, lui, attendu à Davos pour y rendre visite à la troupe déployée pour la sécurité de la réunion.

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