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Le HC Bienne veut ouvrir une brèche en justice

Ces quatre dernières années, le HC Bienne a remporté trois titres de champion suisse de LNB. Keystone

Le club de hockey seelandais se dit prêt à actionner la justice civile pour faire valoir ses droits sportifs et retrouver une place en LNA à laquelle il estime avoir droit.

Selon les dirigeants biennois, le règlement de jeu enfreint la libre concurrence et rend quasi-impossible une promotion d’un club. La Ligue de hockey n’est pas de cet avis.

«Notre club mérite légitimement sa place en Ligue nationale A.» Tel est l’avis des dirigeants du HC Bienne, qui se sont décidés à passer à l’acte et à pas en rester au stade la rhétorique, après leur nouvel échec sportif en barrage pour la promotion (face à Langnau).

Le président du conseil d’administration Andreas Blank l’a confirmé voici quelques jours: s’il n’obtient pas gain de cause devant les instances de la Ligue nationale de hockey (pour l’instant, la Commission des licences), il s’en remettra à la justice civile.

Le monde du hockey helvétique pourrait vivre des prochains mois agités, avec une crise qui nuirait à l’image de la Ligue et pourrait même secouer ses fondations par l’intermédiaire de son rebelle biennois, lassé de faire de la figuration en LNB.

Mission impossible

Bref rappel des faits: évoluant depuis 1995 dans l’antichambre de l’élite, le HC Bienne met les bouchés doubles depuis plusieurs années pour retrouver son rang à l’échelon supérieur.

A la clé, trois titres de champion suisse de LNB décrochés ces quatre dernières années, mais à chaque fois suivis d’un échec contre le moins bon représentant de LNA, qu’il doit affronter dans un barrage au meilleur des sept manches pour se hisser au sommet. Après Lausanne (2004), puis Fribourg-Gottéron (2006), ce sont cette fois-ci les Tigres de Langnau qui ont barré la promotion aux Biennois.

A la mi-avril, Langnau s’est imposé 4 manches à 1 face à Bienne. Sans rencontrer de véritables difficultés, malgré les renforts et les investissements consentis par les Seelandais pour un montant estimé à un demi-million de francs. En vain. Preuve a priori supplémentaire que l’écart entre la LNA et la LNB ne cesse de se creuser et ne peut être comblé par quelques transferts d’étrangers onéreux. C’est le cœur du problème.

La loi sur les cartels

La promotion sportive reste pure chimère. Les Biennois invoquent la loi sur les cartels qui serait enfreinte et optent désormais pour l’option extra-sportive.

Selon eux, les pensionnaires de LNA édictent des règlements tels que la promotion est quasiment devenue impossible, sauf si à l’instar de Genève-Servette (2002) ou Bâle (2005), plusieurs millions de francs sont injectés à pertes par des mécènes. «Nous n’avons pas ces ressources illimitées», relève Andreas Blank.

Les 24 clubs de Ligue nationale sont réunis au sein d’une SARL, présidée depuis bientôt une année par Marc Furrer.

Pour les votes importants, les 12 clubs de LNA disposent chacun de 3 voix, ceux de LNB de 2. Pas étonnant qu’une majorité automatique se dessine souvent pour protéger les avantages des franchises de LNA. Alors que Bienne et quelques autres clubs réclament une promotion automatique pour le champion de LNB. Et un élargissement de l’élite jusqu’à 14 clubs.

Article 10, alinéas 3 et 5

Jusqu’à présent, la Ligue nationale s’est refusée à entrer en matière face aux sollicitations biennois. «Je reconnais qu’il est difficile d’accéder à la LNA, explique Marc Furrer.

Mais il n’existe aucune infraction à la loi sur la concurrence. Un club peut ainsi briguer la promotion.» Bienne ne l’entend plus de cette oreille: il a fait la semaine dernière recours auprès de la commission des licences, lui demandant d’appliquer à la lettre le règlement de jeu de la Ligue.

Et que mentionne son article 10, alinéas 3 et 5? Qu’aucune série de promotion/relégation ne doit être disputée entre des clubs de LNA et LNB tant que la LNA n’a pas atteint son nombre maximum de 14 clubs!

Suivant cette logique, le HC Bienne (dont la démarche ne fait de loin pas l’unanimité parmi les autres clubs) exige immédiatement son passage en LNA.

Mais tout n’est pas si simple: les versions francophone et allemande ne s’accordent pas sur tous les détails. Reste aussi à savoir s’il s’agit d’une décision arrêtée ou un document de travail?

L’avenir est incertain. Le puck est dans un premier temps dans le camp de la Ligue. Qui ne devrait pas donner suite aux desiderata biennois. Lesquels actionneront ainsi une procédure civile, où des résultats concrets ne sont pas attendus avant l’automne.

D’ici là, le HC Bienne devra sans doute se contenter de remettre l’ouvrage sur le métier. En Ligue nationale B, une fois de plus.

swissinfo, Jonathan Hirsch

La ville de Bienne attend désespérément le retour d’une de ses équipes-phares dans une compétition reine.

Les footballeurs essaient de réintégrer la… LNB, qu’ils ont quittée en 1989, dix ans après avoir déjà dégringolé de LNA. Les hockeyeurs veulent renouer avec leur passé. Ils avaient marqué de leur empreinte les vingt ans (1975-1995) de leur passage en LNA.

Le HC Bienne a perdu de sa superbe dans les années 90, avant de subir les affres de la relégation en 1995.

Le club biennois reste le dernier des Romands à avoir enlevé le titre de champion suisse. C’était en 1978, 1981 et 1983, lors d’une époque dorée où les trois clubs bernois (Bienne, Berne et Langnau) trustaient les meilleures places du hockey suisse.

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