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Le mystère des disparus du Sahara reste entier

L'ambassadeur Blaise Godet rentre bredouille d'une visite de quatre jours en Algérie où 32 touristes, dont quatre Suisses, ont disparu depuis la mi-février.

Le ministère algérien de l’Intérieur n’exclut aucune hypothèse, y compris la prise d’otages.

«Le but de ma visite à Alger n’était pas de revenir avec un scoop, mais de faire le point avec les parties concernées.»

C’est en ces termes que l’ambassadeur Blaise Godet, chef de la Direction politique du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) commente sa visite à Alger, du 7 au 10 mai dernier.

Les autorités algériennes l’ont assuré que tout serait mis en oeuvre pour protéger la vie des 32 personnes disparues, à savoir 15 Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Hollandais et un Suédois.

«Préserver la vie des otages»

Blaise Godet a reconnu que le Ministère de l’intérieur algérien soupçonnait une prise d’otages, mais que toutes les hypothèses restaient ouvertes. Lapsus révélateur, en s’adressant à la presse lundi à Berne, l’ambassadeur a du reste utilisé à plusieurs reprise le terme d’otages, avant de rectifier par «personnes disparues».

Quoi qu’il en soit, le ministre algérien des Affaires étrangères ainsi que le numéro deux du Ministère de l’intérieur ont assuré au représentant suisse que «tout serait mis en œuvre pour préserver la vie et l’intégrité physique des personnes disparues».

Il a ajouté qu’aucun élément ne permettait d’affirmer que certaines de ces personnes ne seraient plus en vie. De leur côté, les autorités algériennes lui ont affirmé ne pas être en contact avec des ravisseurs.

No comment sur les rumeurs

L’ambassadeur suisse s’est refusé à tout commentaire concernant les différentes rumeurs qui s’amplifient au fil des semaines, semant une grande confusion.

Citant diverses sources officieuses ou officielles, les médias diffusent toutes sortes de déclarations contradictoires sur l’identité et les motivations de ravisseurs éventuels.

Combattants islamistes d’Al Quaïda, contrebandiers, rançonneurs, protagonistes du conflit algérien, les thèses se suivent et se contredisent. Et cela même à haut niveau.

La semaine dernière, le ministre algérien du Tourisme avait affirmé que les touristes étaient vivants et que des négociations avaient été ouvertes pour obtenir leur libération. Le lendemain, le ministre de l’Intérieur démentait «tout contact avec qui que ce soit».

Selon L’Hebdo de jeudi dernier – citant lui aussi des «sources de haut niveau» -, «les autorités algériennes ont parfaitement localisé les otages». Et elles avaient reçu trois demandes de rançon.

A son retour d’Algérie, Blaise Godet n’est bien sûr pas en mesure de confirmer cela. Pas plus qu’il ne dispose d’informations sur les pistes explorées par les enquêteurs. Sa réponse consiste à dire que «toutes les hypothèses sont ouvertes».

Blaise Godet a par ailleurs confirmé que deux collaborateurs de l’Office fédéral de la police sont sur place. Interrogé par l’ats, le Ministère public de la Confédération n’a de son côté toujours pas voulu confirmer si une enquête officielle avait été ouverte.

Doublement otages

Mais le temps passe, et une certaine impatience se fait sentir dans les chancelleries allemande, autrichienne, néerlandaise et suédoise.

Au point que le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer en personne, s’est rendu à Alger lundi pour s’entretenir avec le président Abdelaziz Bouteflika.

Mme Calmy-Rey, cheffe de la diplomatie suisse, va-t-elle l’imiter? «Il n’en est pas question pour le moment», a répondu Blaise Godet. La conseillère fédérale a en revanche déjà écrit une lettre à son homologue algérien.

En attendant, cela fait près de trois mois que les premiers touristes ont disparus. Le journal français Libération citait ce lundi la radio tangéroise Médi 1: «Quels que soient leurs ravisseurs, les touristes sont doublement otages: de leurs geôliers et d’un conflit algéro-algérien.»

Cette affirmation est, diplomatie oblige, loin d’être confirmée. Il ne reste qu’à espérer qu’elle s’avère aussi fantaisiste que les autres sons de cloches.

swissinfo, Isabelle Eichenberger

Les premières disparitions remontent à la mi-février.
Au total, quinze Allemands, huit Autrichiens, quatre Suisses, un Néerlandais et un Suédois sont portés disparus dans le Sud algérien.
Ils ont disparu dans l’immense triangle Ouargla-Djanet-Tamanrasset

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