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Le oui, mais… de la presse helvétique

Pour la presse, l'accord avec Oneworld ne résout pas les problèmes financiers de Swiss. swissinfo

Après l’entrée de Swiss dans l’alliance Oneworld, la presse suisse - alémanique surtout – ne cache pas son scepticisme.

Mais les éditorialistes reconnaissent que la compagnie aérienne n’avait pas d’autre choix.

Oui, mais… Pour la presse helvétique, l’entrée de la compagnie Swiss dans la deuxième alliance mondiale par la taille est un pas dans la bonne direction. Mais seulement un tout petit pas.

Car rien n’est réglé sur le plan du nerf de la guerre. La majorité des journaux, à l’instar de l’Agefi, estiment que la crise financière qui plombe la compagnie subsiste.

Le quotidien économique romand accorde tout au plus à Swiss une «espérance de vie jusqu’au début de l’année prochaine». Avant d’avertir: «Contribuable, prend garde, le risque Swiss est plus aigu que jamais!».

Le contraste est criant avec le plus enthousiaste des journaux suisse: le quotidien de boulevard alémanique Blick. Pour lui, la décision de Swiss est «juste et courageuse». «La Suisse garde une compagnie à elle. C’est bon pour l’économie, pour l’emploi et pour nous, passagers».

Difficile équation

Blick et la Suisse romande, même combat. La plupart des journaux francophones font en effet montre d’un optimisme évident après la nouvelle annoncée mardi.

Exemple avec le vaudois 24 Heures: «Swiss accède à un réseau planétaire de première importance (…) De plus, notre pays se ménage ainsi le maintien d’une compagnie nationale».

«Reste maintenant à Swiss à résoudre la difficile équation financière qui est la sienne», poursuit 24 Heures .

Ces propos font écho à ceux de la Tribune de Genève: «Pour Swiss, Oneworld représente la seule chance de survie. (…). La confiance rétablie, tous les espoirs sont désormais permis».

Le son de cloche est le même du côté de L’Impartial et L’Express. Cette alliance «est un choix judicieux, cohérent et logique».

«Mais Swiss n’est pas sauvée pour autant», estiment les deux quotidiens neuchâtelois, soulignant qu’il lui faudra trouver le moyen de palier son manque de liquidités chronique.

Qui plus est, la compagnie «devra continuer de tailler dans ses effectifs…», prédisent les deux journaux.

Spirale positive

«Plus nerveuse et moins seule, Swiss a augmenté ses chances de survie», reconnaît Le Temps. S’il refuse de voir dans Oneworld la meilleurs des solutions pour Swiss, le journal estime que la compagnie s’engage dans une «spirale positive».

Car, selon le journal, «rassurés par les progrès accomplis, les actionnaires et les banques seront amenés d’une façon ou d’une autre à desserrer encore un peu les cordons de la bourse.»

En Valais, le quotidien Le Nouvelliste se range au même avis. La compagnie «n’a pas choisi la facilité. Swiss n’est pas encore complètement sauvée, mais le cap semble bon».

Reste que pour le journal, la suite se jouera à Berne. «L’effort des grandes banques ne suffira jamais. Le peuple fera crédit.»

Pour sa part, le Journal du Jura n’est pas le dernier à constater que le choix de Oneworld est judicieux, «à condition que Swiss obtienne rapidement le crédit d’un demi-milliard de francs dont elle à besoin».

Deux poids lourds de la presse alémanique font parties des sceptiques. Pour la Neue Zürcher Zeitung, le cash fait toujours défaut. Et plus grave, au premier vent contraire, British Airways n’hésitera pas à laisser tomber Swiss, estime le journal.

Problème allemand

«Les alliances ne remplacent pas le cash», reprend le Tages-Anzeiger. Le journal estime toutefois que si le choix de Oneworld est «une décision contre la Lufthansa et l’Allemagne», il est défendable.

Et d’expliquer qu’au sein de cette alliance, le management pourra garder la main. «C’est cette volonté d’indépendance qui a finalement convaincu les investisseurs».

Le quotidien La Liberté met également en avant le «problème allemand» pour expliquer le choix de Oneworld. A peine un rapprochement a-t-il été entrevu entre Swiss et Lufthansa «qu’on a vu les tenants de l’intégrité nationale monter au créneau. Swiss vendu aux Allemands? Impossible.».

«La reine sauve Swiss!», se réjouit le Giornale del Popolo du côté du Tessin. La Regione salue pour sa part les qualités de management des responsables actuels de Swiss, qualités qui faisaient défaut chez les anciens dirigeants de Swissair. L’avenir dira si le journal a vu juste…

swissinfo et les agences

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