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Après 18 mois d’attente, Swiss adhère à Oneworld

C'est officiel, Swiss a intégré l'alliance Oneworld menée par British Airways. Keystone Archive

La compagnie aérienne suisse ne sera donc pas le 18e membre de Star Alliance (Lufthansa), mais le 9e de Oneworld (British Airways).

Swiss a signé un double accord mardi: elle adhère à Oneworld et signe un accord de partenariat avec la compagnie britannique.

Keijo Suila, président de Oneworld et directeur général de la compagnie finlandaise Finnair, a résumé par une boutade les dix-huit mois écoulés depuis la première mention d’une adhésion de Swiss à Oneworld:

«Un dicton dit que les bonnes choses se font attendre. Nous, nous avons dû attendre longtemps et aujourd’hui, nous sommes très heureux.»

Mardi matin dans un hangar de SR Technics à l’aéroport de Kloten, les invités étaient en tout cas manifestement très à l’aise à côté d’un MD-11 et d’un Airbus A330.

Le patron de Swiss André Dosé, Keijo Suila, Rod Eddington, patron de British Airways et Dan Garton, responsable du marketing d’American Airlines, ne présentaient aucune trace visible de supposées nuits de négociations.

Cadeau de bienvenue

Et, lorsque les trois hôtes de la compagnie helvétique reçurent chacun une imposante cloche de vache («afin que vous vous souveniez que Swiss est un partenaire fiable», leur a dit André Dosé) c’est avec énergie que les trois hommes ont fait résonner leur cadeau.

Auparavant, chacun d’eux avait expliqué toutes les bonnes raisons qu’il y avait à signer un accord: Swiss apporte un service de haute qualité et un aéroport central situé au coeur de l’Europe, qui est en outre un centre financier, comme l’ont relevé Keijo Suila et Dan Garton.

Du côté de Swiss, une adhésion à la deuxième alliance mondiale (derrière Star Alliance et ses 17 membres emmenés par Lufthansa) écarte le risque d’isolement qui pesait sur elle, puisque quasiment toutes les compagnies aériennes sont aujourd’hui membres d’une alliance.

Swiss pourra élargir son réseau de destinations en trouvant un accès aux réseaux de ses huit partenaires (l’Irlandais Aer Lingus, American Airlines, British Airways, Cathay Pacific de Hong Kong, Finnair, Iberia, le Chilien LanChile et l’Australien Qantas) et à leur 220 millions de passagers par an.

Tout le contraire de Lufthansa

En faisant la liste des avantages de ce qui représente «la meilleure solution pour la compagnie, pour nos actionnaires et pour la place économique suisse», André Dosé a en quelque sorte dressé le contre-portrait de ce qu’aurait ammené une prise de participation de Lufthansa.

«Avec Oneworld, la marque Swiss continue à exister et sera renforcée, a-t-il déclaré. L’adhésion contribue aussi à maintenir l’infrastructure aéronautique suisse et aucune place de travail n’est déplacée à l’étranger.»

Plus fondamentalement, les alliances visent aussi à réaliser des économies substantielles. Swiss compte ainsi que l’adhésion lui apportera quelque 30 millions de francs par an durant les trois premières années.

Dans le même temps, le nouveau plan financier (équilibre financier prévu en 2004 et bénéfices en 2005) devra être appliqué.

Bref, tant d’avantages font presque douter des dix-hui mois qu’il aura fallu pour concrétiser cette adhésion, annoncée comme quasiment faite dès le lancement de la compagnie début avril 2002.

Rod Eddington, patron de British Airways, a rappelé que «le rôle que jouerait Swiss avec sa taille initiale nous causait quelqus soucis. Mais la restructuration et le nouveau plan financier nous ont convaincus.»

Précieux créneaux horaires

Le patron de British Airways n’est d’ailleurs pas parti les mains vides de Zurich. Comme tous les membres de Oneworld, sa compagnie a passé un accord bilatéral avec Swiss.

Ce nouveau partenariat, qualifié d’«alliance stratégique intégrale» – du type de celle qu’entretient Swiss avec American Airlines – sera signé d’ici le 24 octobre. La compagnie helvétique cède 8 de ses 14 créneaux horaires à l’aéroport de Londres Heathrow.

Des droits qui, à l’aéroport d’Heathrow (le premier aéroport d’Europe avec 63,3 millons de passagers), sont en l’occurence très courus.

Si, dès l’horaire d’hiver le 26 octobre, les deux compagnies partageront des codes de vol, à terme, elles entendent aller plus loin avec la création d’un «joint venture» entre la Suisse et le Royaume-Uni, un accord soumis à l’approbation des autorités de la concurrence.

Quant à une éventuelle prise de participation dans le capital de Swiss, comme British Airways l’avait fait pour Iberia, le Britannique n’exclut rien. «Nous aimerions envisager cette possibilité. Nous considérons le partenariat avec Swiss comme le début d’une relation qui doit grandir et se développer.»

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

Swiss devient la 9e compagnie de Oneworld, alliance créée en 1999 autour de British Airways et Americain Airlines.
Les autres compagnies sont l’Irlandais Aer Lingus, Cathay Pacific de Hong Kong, Finnair, Iberia, le Chilien LanChile et l’Australien Qantas.
Oneworld a transporté 220 millions de passagers en 2002 et est la deuxième alliance en termes de passagers, derrière Star Alliance et devant SkyTeam.
Swiss espère que l’alliance avec Oneworld lui apportera 100 millions de francs d’ici trois ans.
Swiss a en outre conclu une «alliance stratégique» avec British Airways. Elle lui cède 8 de ses 14 créneaux horaires à l’aéroport de Londres Heathrow.
En contrepartie, British Airways accorde à Swiss notamment une garantie de crédit de 50 millions de francs.
Selon les dires de Swiss, un accord avec plusieurs banques, suisses et internationales, portant sur une garantie de crédit est sur le point d’être finalisé.

– Novembre 2001: Crossair mène des discussions avec Oneworld, mais aussi avec SkyTeam et Star Alliance.

– Mars 2002: Swiss succède à la compagnie régionale Crossair. American Airlines, membre de Oneworld, devient le partenaire de Swiss pour l’Amérique du Nord.

– Novembre 2002: Fortement déficitaire, Swiss compte supprimer 300 emplois. Trois mois plus tard, elle annonce la suppression de 700 emplois supplémentaires.

– Mai 2003: Le patron André Dosé affirme que Swiss ne peut pas rester viable sans «prendre part à une fusion». Les discussions avec Skyteam sont abandonnées.

– Juin 2003: Swiss annonce la suppression de 3000 emplois.

– Juillet 2003: Le titre Swiss grimpe sur fond de rumeurs d’une reprise par Lufthansa. La compagnie allemande dément.

– Août 2003: Swiss annonce une perte nette de 333 millions de francs au 1er semestre. La question de l’alliance reste ouverte.

– Septembre 2003: Swiss annonce son adhésion à Oneworld.

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