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Le pari de la Suisse au Népal

Calmer le jeu... Ici, un barrage routier au sud-ouest de Katmandou. Keystone

Suite aux pressions de la Suisse, le gouvernement népalais a accepté le déploiement d’observateurs du Haut commissariat aux droits de l’homme.

L’ancien diplomate népalais Shambhu Ram Simkhada apporte son regard sur la question.

La communauté internationale a réussi à mettre un pied dans la porte du royaume népalais. Et ce pour éviter qu’il ne s’enferme complètement dans un conflit de plus en plus meurtrier.

En autorisant l’installation de bureaux de surveillance «qui détermineront la responsabilité des violations et empêcheront que d’autres se produisent», selon les termes du Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, le gouvernement népalais accepte en effet que l’on fouille dans ses affaires intérieures. Un geste toujours difficile pour un régime autoritaire.

Mais le roi Gyanendra avait-il vraiment le choix? Son coup de force début février a en effet suscité une vague de réprobation de par le monde, et gelé la coopération internationale dont le pays dépend fortement.

Coordonnant – dans cette affaire – l’action des pays donateurs du Népal, la Suisse a également menacé le gouvernement népalais de déposer une résolution stigmatisant ses violations des droits de l’homme, tout comme celles perpétrées par les forces rebelles. Et ce dans le cadre de la Commission des droits de l’homme qui tient ses assises annuelles à Genève.

Des amis critiques

«Nous travaillons avec le Népal, pas contre lui», justifie Blaise Godet, ambassadeur de la Suisse auprès de l’ONU à Genève, tout en reconnaissant que l’option choisie – le dialogue critique – peut échouer.

Selon le Népalais Shambhu Ram Simkhada, qui fut président de la Commission des Droits de l’Homme en 2000, il faut attendre de connaître les modalités de l’accord entre l’ONU et le gouvernement népalais pour en mesurer l’exacte portée. «Le choix du responsable de cette mission onusienne est également essentiel», juge cet ancien diplomate, aujourd’hui chercheur à l’institut genevois de Hautes études internationales (HEI).

Cela dit, la Suisse ne travaille pas sans filet. «Dans le cadre de la Commission des droits de l’homme, nous négocions actuellement avec les autorités népalaises les termes d’une résolution qui intégrera l’accord passé entre l’ONU et le Népal », précise Jean-Daniel Vigny.

«Les engagements pris par les autorités népalaises figureront donc dans un document international et public. Ce qui constitue une forme de garantie», estime le responsable des droits de l’homme à la Mission suisse auprès de l’ONU à Genève.

Si la situation des droits de l’homme n’évolue pas positivement dans les mois qui viennent, la Suisse pourrait, lors de la prochaine Commission des droits de l’homme, déposer une résolution condamnant le régime népalais.

Comme le souligne Blaise Godet, la Suisse est également prête à offrir ses bons offices aux autorités népalaises et rebelles du CPN (parti communiste népalais) maoïste.

Processus politique

Cela dit, il ne faut pas s’attendre à une résolution rapide du conflit. «Mais un meilleur respect des droits humains, la fin de l’état d’urgence et le retour des libertés publiques peuvent favoriser la reprise d’un processus politique pour régler les problèmes du Népal», juge Shambhu Ram Simkhada.

«Le Népal voit s’affronter deux visions à la fois radicales et inopérantes: celle des Maoïstes et celle des conservateurs», souligne encore le directeur d’une recherche sur les racines du conflit népalais menée dans le cadre de HEI.

Avant de conclure: «La communauté internationale doit donc favoriser le renforcement des partis démocratiques, et donc le centre de l’échiquier politique aujourd’hui écarté.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Selon la Banque mondiale, la population népalaise se monte à près de 25 millions de personnes.
Le taux d’instruction est de 44% (26% pour la population féminine).
Le Népal compte 15 téléphones (fixe et mobile) pour 1000 habitants et quelque 80’000 internautes.

– Les principaux pays donateurs du Népal développent une réponse commune, suite au coup de force du roi Gyanendra le 1er février dernier.

– La Suisse coordonne cette action, tout comme celle élaborée dans le cadre de la Commission des droits de l’homme à Genève.

– Présente au Népal depuis plus de 50 ans, la Suisse et son agence de coopération (DDC) y jouissent d’un grand crédit et passent pour des acteurs désintéressés.

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