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Le rôle clef de la justice suisse dans l’affaire Elf

Roland Dumas risque deux ans de prison pour complicité et recel d’abus de biens sociaux. Keystone Archive

Mercredi, les principaux protagonistes du dossier Elf, l'ancien ministre Roland Dumas, son ex-maîtresse, Christine Deviers-Joncour, et Alfred Sirven ne devraient pas échapper à des peines de prison. Dans ce dossier, la justice suisse a joué un rôle pivot.

Le Tribunal correctionnel de Paris se prononce mercredi à l’encontre de sept personnes soupçonnées de s’être enrichies au détriment de la compagnie pétrolière Elf. Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères, âgé de 77 ans, risque deux ans de prison ferme pour «complicité et recel d’abus de biens sociaux». Son ancienne maîtresse, Christine Deviers-Joncour, qui disposait d’un emploi fictif dans la compagnie, pourrait écoper de trois ans de détention.

Entre 1989 et 1993, près d’un milliard de francs suisses est sorti illégalement des caisses d’Elf, dont plusieurs de ses filiales, comme Elf Aquitaine International, la Sofineg, Rivunion ou Elf Trading, étaient ou sont toujours installées à Genève. L’essentiel de l’argent détourné transitait par la Suisse, ce qui a conduit Bernard Bertossa, procureur général de Genève, à ouvrir sa propre procédure.

Depuis 1997, le juge Paul Perraudin reconstitue l’immense puzzle de cette gigantesque escroquerie. Pendant plus d’un an, il a ainsi recherché des comptes qui auraient pu appartenir à Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères et intime de l’ancien président Mitterrand. En vain. En revanche, le magistrat genevois a réussi à bloquer 8 millions de francs que Christine Deviers-Joncour dissimulait aux Bahamas.

Plus récemment, Paul Perraudin a retrouvé la trace en Suisse et au Liechtenstein de 50 millions de francs détournés par Alfred Sirven, l’ancien numéro deux d’Elf. Ce dernier risque cinq ans d’emprisonnement pour «abus de biens sociaux». En clair, sans l’aide de la justice suisse, jamais le Tribunal de Paris n’aurait pu reconstituer avec autant de précision les circuits utilisés pour confisquer l’argent de cette compagnie, qui appartenait, à l’époque, à l’Etat français.

Le dossier Elf n’est pas clos pour autant. Des dizaines d’autres protagonistes et, notamment, des Suisses, devront encore rendre des comptes à la justice. Il reste également à tenter de retrouver l’argent volé. Pour l’instant, l’essentiel du milliard de francs détourné s’est évaporé dans la nature.

Ian Hamel

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