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Le rugby suisse, parent pauvre d’un sport en ébullition

Les rugbymen suisses (en rouge) à l'oeuvre contre les Serbes en 2006. Keystone

En marge de la fièvre qui entoure la Coupe du monde disputée en ce moment en France, l'équipe de Suisse prépare une rencontre face à l'Arménie dans l'anonymat le plus complet.

Ignorés du public et des médias, les rugbymen helvétiques tentent désespérément de s’extirper de la mêlée dans laquelle ils se trouvent depuis un peu plus de trente ans.

Depuis le 7 septembre, la France vit au rythme du ballon ovale puisque qu’elle accueille la sixième édition de la Coupe du monde de rugby. Les vingt meilleures équipes actuelles s’y disputent le trophée William Webb Ellis.

Les tricolores caressent le secret espoir d’imiter la performance de leurs compatriotes footballeurs, qui avaient remporté le trophée suprême pour la première fois en 1998 lors du Mondial disputé dans l’Hexagone.

Mais le surmédiatisé Sébastien Chabal – surnommé ‘l’homme des cavernes’ pour son look surréaliste ou ‘l’anesthésiste’ en raison de ses plaquages rugueux – et ses coéquipiers auront fort à faire pour espérer mettre un terme à l’hégémonie des quatre grandes nations de l’Ovalie.

En effet, depuis la première Coupe du monde disputée en 1987 à Auckland, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Afrique du Sud et l’Angleterre ne laissent aucune autre équipe s’emparer de la prestigieuse Coupe.

Les Suisses à la peine

Le 6 octobre prochain, alors que All-Black, Springboks, Wallabis et sujets de sa gracieuse Majesté disputeront sans doute les quarts de finale de la compétition devant des foules en délire, l’équipe de Suisse, elle, jouera le 102ème match de son histoire dans un stade quasi-désert face à l’Arménie dans le cadre de la Coupe européenne des nations.

La Suisse présente à un Mondial? L’exploit ne semble pas pour demain. Lors des qualifications pour le rendez-vous en France, l’équipe nationale helvétique a été éliminée après avoir disputé trois tours.

Une issue logique car la Suisse n’avait pas l’effectif et les structures pour aller plus loin dans la compétition. Au classement mondial établi par la Fédération internationale de rugby, la Suisse ne pointe qu’au 51e rang.

«La Suisse n’est pas le terreau le plus fertile qui soit pour le développement du rugby. Mais nous allons tout de même de l’avant», note Norbert Li-Marchetti le Secrétaire général et vice-président de Swiss rugby (l’organe faîtier de ce sport).

Selon lui, le virage entrepris au début du nouveau millénaire (nouvelles structures et filière de formation) a tout de même permis de dynamiser un peu ce sport en stabilisant le nombre de joueurs licenciés et permettant à quelques nouvelles équipes de voir le jour.

Certains joueurs suisses ont également décidé de tenter leur chance – certes modestement – dans des championnats étrangers, en France et en Italie notamment.

Une course capricieuse

La course du ballon ovale – pourtant quatrième sport de balle au niveau mondial – reste semée d’embûches en Suisse. La faute en grande partie au désintérêt des médias et au manque cruel de moyens financiers susceptibles de professionnaliser la discipline.

«Il faut rester lucide poursuit Norbert Li-Marchetti. En Suisse le rugby reste un sport d”insiders’ qui n’intéresse pas grand monde. On en parle un peu à cause de la Coupe du monde mais dès que celle-ci prendra fin, on retombera dans l’oubli. La Coupe du monde est une chose et le quotidien du rugby en est une autre.»

L’effervescence régnant autour de la Coupe du monde pourrait tout de même se révéler positive pour l’évolution du rugby en Suisse. Pour la première fois, en effet, l’événement est très proche et «visible» sur les écrans des télévisions européennes.

«Il y a un autre phénomène dont nous profitons depuis peu, ajoute encore Norbert Li-Marchetti. L’arrivée de nombreux supporters du football dégoûté par la violence régnant dans les stades et tout heureux de venir assister à un match de rugby, en famille et sans avoir à redouter de troubles et d’interventions policières.»

swissinfo, Mathias Froidevaux

La 6e Coupe du monde de rugby se déroule en ce moment en France. Vingt équipes espèrent succéder à l’Angleterre, titrée en 2003 en Australie.

Les équipes qui dominent leur monde du rugby depuis l’existence de la Coupe du monde (1987) sont la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Afrique du Sud et l’Angleterre.

La France, l’Irlande, l’Argentine et le Pays de Galles comptent également comme des nations importantes du ballon ovale.

La Suisse compte à l’heure actuelle 22 clubs et 1645 licenciés qui pratiquent le rugby.

Au total, il existe en Suisse trois divisions (Ligue A, Ligue B, Ligue C) au sein de l’élite et même une ligue féminine comprenant six clubs.

L’élite est formée de huit clubs (trois dans le canton de Genève, deux dans le canton de Vaud, un dans ceux de Berne, Bâle et Zurich).

Au niveau international, la Suisse se classe actuellement au 51ème rang, juste derrière les Iles Cook et devant la Papouasie Nouvelle-Guinée.

Au mois de mars 2007, l’équipe de Suisse a disputé le 100ème match de son histoire qui s’est soldé par une très courte défaite (22-24) contre la Suède.

L’équipe de Suisse disputera son prochain match le 6 octobre prochain à Nyon. La Suisse affrontera l’Arménie pour le compte de la Coupe européenne des Nations 2008.

L’entraîneur de l’équipe nationale est un Français et nombre de joueurs ont des origines irlandaises, argentines, sud africaines, anglaises ou françaises.

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