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Le sentiment de sécurité reste stable

Au moins 90% des sondés réclament une loi plus stricte sur les armes. Keystone

Malgré une augmentation de la criminalité, les Suisses ne se sentent pas moins en sécurité. Mais ils sont aussi de plus en plus favorables à la peine de mort.

L’étude Univox publiée jeudi nous indique encore que quelque 90% des personnes interrogées réclament plus de sévérité dans la répression et la vente d’armes.

Le sondage de l’institut gfs-zurich révèle que 20% des femmes et 6% des hommes ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils marchent seuls le soir dans leur quartier.

Les pourcentages respectifs atteignaient 19 et 3% en 2003, contre 31 et 12% en 1999. Les écarts entre 2003 et 2005 ne sont toutefois pas jugés significatifs.

Criminalité en hausse

Il est frappant que le sentiment d’insécurité ait eu tendance à baisser au cours des dernières années, note le rapport établi en collaboration avec l’Institut de criminologie de l’Université de Lausanne.

En effet, la courbe des statistiques criminelles a au contraire marqué une hausse relativement constante entre 1997 et 2004. Les cas de lésions corporelles ont augmenté de 46% et les viols de 37%.

Selon le rapport, cette contradiction peut s’expliquer par la «pression de la conformité», qui fait passer les sentiments de peur pour déplacés. En outre, la peur de la criminalité «ordinaire» serait relativisée face à la menace plus grande du terrorisme.

Enfin, comme les délits violents sont commis avant tout entre jeunes, les adultes se sentiraient moins concernés.

Décalage entre le vu et le vécu

«Il existe un décalage entre la perception objective et subjective de la sécurité, explique Martin Killias, l’un des auteurs du rapport. «En interviewant les gens, on constate que leur sentiment de sécurité se mesure à ce qu’ils voient dans la rue», poursuit le chercheur pour swissinfo.

Graffiti, déchets, toxicomanes, ce genre de spectacle fait réagir les gens. Mais les vrais changements de la scène du crime ne se voient pas. «Des variations de 10 à 20% du taux de criminalité ne sont absolument pas perceptibles dans la population», ajoute-t-il.

Suisses plus sévères

En revanche, malgré cette amélioration du sentiment de sécurité, la part des partisans de peines plus sévères s’est accrue au cours des cinq dernières années. Le pourcentage de personnes favorables à la peine de mort a passé de 22% en 2001 à 33 % en 2005, précise encore le criminologue lausannois.

«Ce changement d’attitude s’explique peut-être pour des raisons politiques. Le traitement réservé aux criminels a peu à peu perdu sa crédibilité au sein de la population, qui veut voir les criminels punis», explique Martin Killias.

Législation plus stricte

Les personnes interrogées sont presque unanimes à réclamer une loi plus stricte sur les armes. Au moins 90 % des sondés souhaitent que la vente d’armes entre particuliers et la détention d’armes automatiques soient interdites. Ils estiment aussi que tout acheteur devrait présenter un permis d’acquisition.

Pour les auteurs du rapport, ces opinions méritent d’être prises en considération dans l’adaptation de la législation sur les armes rendue nécessaire par la participation de la Suisse à l’accord de Schengen.

Elles montrent que les craintes des amateurs d’armes ne sont pas partagées par le gros de la population.

swissinfo et les agences

Le sondage de l’institut gfs-zurich, réalisé en février 2005 auprès de 715 personnes, révèle que 20% des femmes et 6% des hommes ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils marchent seuls le soir.
Ces pourcentages atteignaient 19 et 3% en 2003, contre 31 et 12% en 1999. Les écarts entre 2003 et 2005 ne sont toutefois pas jugés significatifs.
Mais les statistiques criminelles ont augmenté de 1997 et 2004, de 46% pour les lésions corporelles et 37% pour les viols.

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