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Le sport suisse en grave crise financière

Keystone

Swiss Olympic a décidé de supprimer les subventions accordées à de nombreuses fédérations sportives par manque d’argent.

Selon son président Walter Kägi, la participation de la Suisse à certaines disciplines des Jeux olympiques est menacée.

La nouvelle est tombée en début de semaine, lors d’une conférence de presse à Lausanne. Dressé par Swiss Olympic, le tableau financier pour l’avenir du sport en Suisse est noir.

Au même moment, la fédération suisse de ski annonce que les skieurs alpins devront se serrer la ceinture la saison prochaine en raison d’un trou de 1,8 million de francs dans son budget.

«Le pays n’a pas réussi à s’imposer au niveau international, explique Walter Kägi. Sans injection de nouveaux fonds, cette situation ne pouvait en fait pas s’améliorer.»
Selon le président, le budget de l’association a été gelé lors des dernières années en dépit d’une augmentation de 8 millions de francs sur le papier.

Ceux-ci ont été en grande partie alloués, non pas à la formation des sportifs d’élite, mais à la promotion des différentes campagnes de santé et de prévention contre la drogue.

«Si les financements ne pointent pas à la hausse, nous ne pourrons pas soutenir chaque sport et devrons choisir ceux qui ont la meilleure chance de briller sur le plan international», prévient Walter Kägi.

«Je ne peux toutefois pas dire quels sports seront abandonnés à leur propre sort. Nous n’en avons pas encore discuté. C’est un sujet politiquement très sensible.»

Un plan de financement plus ciblé

Cette rationalisation des moyens financiers entre les sports, d’autres pays, tels que la Norvège, l’Autriche et les Pays-Bas, l’ont déjà entreprise. Non sans succès puisqu’ils en récoltent actuellement les fruits.

«Ces nations ont atteint un haut niveau de compétitivité dans certaines disciplines, note le président de Swiss Olympic. Nous pouvons parvenir à un même résultat si nous cessons de soutenir un large éventail de sports pour nous concentrer que sur quelques-uns.»

En 2003, 14,3 millions de francs ont été partagés par Swiss Olympic entre les fédérations sportives du pays. La somme versée à chacune d’elles dépendait de ses résultats, du développement de la relève et de son importance tant sur le plan national qu’international.

Cette clef de répartitions des subventions a été récemment remaniée, les grands gagnants étant le beach volley, la course d’orientation, le triathlon et la gymnastique artistique masculine avec des augmentations allant jusqu’à 15%. Tandis que l’athlétisme, la natation et le canoë sont sont sortis perdants.

En outre, Swiss Olympic examine plusieurs voies pour accroître son budget: augmenter la contribution des loteries nationales en est une.

A l’heure actuelle, deux tiers de son budget annuel – 18,5 millions de francs – proviennent de celles-ci, avec une contribution fixée à 3 francs par personne. «3,20, voire 3,50, est mon objectif, avoue Walter Kägi.

Il y a pénurie de sponsors

«Le gouvernement ayant décidé de réduire les subventions publiques, la seule autre option est de trouver de nouveaux sponsors», poursuit-il.

L’annonce faite au début du mois d’avril par l’entreprise de cartes de crédit Visa de soutenir trois espoirs de Swiss Olympic ne peut donc que le ravir.

Mais Walter Kägi ne s’attend pas à des miracles. «Le secteur du sponsorat est réduit. La globalisation des firmes suisses et une compétition accrue dans la recherche de fonds, le tout sur un marché qui rétrécit, impliquent une diminution des sommes accordées aux fédérations sportives du pays. Swiss Ski souffre ainsi tout autant que Swiss Olympic.»

Un budget en chute libre

1,8 million de francs, c’est le manque fait état par la fédération suisse de ski pour la saison 2005/06. Le soutien accordé à de nouvelles disciplines comme le snowboard, le biathlon ou encore le telemark, et l’absence d’un sponsor principal en sont les raisons.

Cette diminution des liquidités tombe d’autant plus mal que les skieurs suisses sortent de l’hiver le plus catastrophique vécu depuis 1966, ne remportant aucune course de Coupe du monde.

A dix mois des Jeux d’hiver de Turin, l’équipe alpine devra renaître de ses cendres avec l’aide de moyens réduits, 600’000 francs de moins selon le journal zurichois NZZ am Sonntag.

Un chiffre que Marc Wälti, porte-parole de la fédération en question, refuse de confirmer. Mais qui reconnaît en revanche que le nombre d’entraîneurs sera revu à la baisse et que le camp d’entraînement d’été dans les Andes sera vraisemblablement annulé.

«Même si les conditions sont différentes, nous pouvons nous entraîner sur les glaciers de Zermatt et Saas-Fee», justifie-t-il.

Avec un budget de 23 millions de francs, Marc Wälti admet que la fédération suisse n’en demeure pas moins bien lotie par rapport à celle des autres pays.

«Nous serons prêts pour la nouvelle saison et les Jeux de Turin, conclut-il. Dans le sport, l’argent ne garantit pas le succès.»

swissinfo, Adam Beaumont
(Traduction et addaptation de l’anglais par Raphael Donzel)

– Swiss Olympic estime que seule une augmentation des fonds permettra d’obtenir plus de médailles lors des championnats internationaux.
– La participation de la Suisse dans certaines disciplines des Jeux olympiques et aux différents champions du monde est menacée à moins que la situation financière s’améliore.
– La fédération suisse de ski a fait part d’une diminution de son budget de 1,8 million de francs pour la saison prochaine.

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