Des perspectives suisses en 10 langues

Le volleyball suisse rêve d’exploits et de reconnaissance

L'an dernier, les joueuses de Volero Zurich ont fêté leur troisième titre de championnes de Suisse consécutif. Keystone Archive

Les dix-huit clubs de l'élite du volleyball suisse débutent leur championnat ce samedi. Deuxième sport d'équipe du pays, le volley peine pourtant à sortir de l'ombre.

Endettée jusqu’au cou à la fin 2002, la Fédération nationale a pris des mesures drastiques et fait une «Tabula Rasa». Les équipes nationales élite ont été retirées des compétitions internationales et l’accent mis sur la relève.

Prise à la gorge et contrainte de réagir, Swiss Volley a également changé son comité central, déménagé son bureau exécutif de Stans à Berne et réduit son personnel.

En quatre ans, l’important déficit a été résorbé et les dirigeants de la Fédération peuvent à nouveau se concentrer sur des objectifs sportifs. En août 2006, celle-ci a lancé l’action «Swiss Volley Talent Schools».

Trois centres régionaux, à Lausanne, Bienne et Bâle proposent depuis lors à des jeunes de 15 à 20 ans de combiner formation scolaire ou professionnelle et pratique du volleyball. Cette année, trois nouveaux centres – Rapperswil, Zürich et de Suisse centrale – viennent s’ajouter à cette offre.

Grâce à ces structures, la Fédération vise deux objectifs: d’une part, elle souhaite voir davantage de joueuses et de joueurs suisses au sein de l’élite du pays et, d’autre part, elle veut recoller au niveau international.

«Aujourd’hui, nous misons tout sur la relève. Les jeunes doivent pouvoir s’entraîner au minimum 20 heures par semaine s’ils espèrent un jour passer professionnel», explique Anne-Sylvie Monnet, ancienne joueuse professionnelle et actuelle Cheffe Sport femmes chez Swiss Volley.

Un grand besoin d’icones

«Le volleyball suisse a besoin de vedettes pour se développer. Notre rêve serait d’avoir un joueur suisse qui puisse un jour évoluer en Italie, la meilleure ligue du monde. Ce n’est qu’à ce prix que les médias s’intéresseront à ce sport. Regardez ce qui se passe avec Thabo Sefolosha en basketball», ajoute Christian Bigler, Chef Sport homme et responsable de la communication de Swiss Volley.

«Nous devons briser le cercle vicieux dans lequel nous nous trouvons, poursuit-il. Notre absence médiatique nous empêche d’attirer les sponsors et les spectateurs et comme nous n’avons ni l’un ni l’autre, les médias ne s’intéressent pas à nous.»

La Fédération mise donc tout sur le futur, quitte à prétériter aujourd’hui plusieurs joueurs de Ligue nationale et à priver – faute de budgets – les équipes nationales élite de compétitions internationales importantes.

Au niveau mondial, la concurrence est très vive, comme dans le football. Sauf qu’en volley, le niveau très élevé des autres nations n’a encore jamais permis à une équipe nationale suisse de se qualifier pour un grand rendez-vous.

Des clubs ambitieux

A l’exemple des femmes de Voléro Zurich ou des messieurs de Chenois, quelques clubs suisses réussissent tout de même à tirer leur épingle du jeu au niveau européen.

L’an dernier, le club féminin des bords de la Limmat a participé et organisé le «Final Four» de la Ligue des Champions dames. Battue par Dynamo Moscou puis par Ténériffe, les Zurichoises ont finalement terminé à la dernière place de cette compétition très relevée qui a attiré des milliers de spectateurs.

Cette saison encore, le club zurichois – qui va gagner sans problème le championnat helvétique pour la 4ème fois de rang – espère jouer un rôle prépondérant sur la scène européenne. Grâce notamment à sa joueuse de l’Azerbaïdjan Natalia Mammadowa, certainement la meilleure joueuse européenne à l’heure actuelle.

Chez les hommes, le club de Chenois a pour sa part atteint le stade des quarts de finale de la Coupe d’Europe. Il s’agit d’ailleurs de la meilleure performance du club au niveau européen.

«Pour nous, la Coupe d’Europe représente quelque chose d’important. Cela fait 36 ans que nous y participons et nous espérons toujours aller le plus loin possible», annonce fièrement le manager et entraîneur adjoint du club Michel Georgiou.

Le club genevois, qui mise cette année sur plusieurs jeunes Suisses qu’il a lui-même formés, dispute d’ailleurs dimanche le match retour du premier tour de la Coupe d’Europe contre les Finlandais de Tempere face auxquels il a perdu de justesse la semaine dernière.

Au niveau du championnat national, ce sont les clubs de Naefels et d’Amriswil qui devraient selon toute vraisemblance dominer les débats.

swissinfo et les agences

Avant la reprise du championnat de Suisse, l’élite du volleyball (huit équipes chez les hommes, dix chez les femmes) s’est retrouvée en fin de semaine dernière à Lausanne à l’occasion de la Super Coupe.

Amriswil chez les hommes et Schaffhouse chez les dames ont remporté cette compétition appelée à lancer la saison. L’an dernier, les vainqueurs Näfels et Voléro Zurich avaient ensuite remporté le championnat et la Coupe de Suisse.

Toujours à Lausanne, tous les clubs de l’élite ont signé un «Gentlemen’s Agreement» par lequel ils s’engagent à faire évoluer en permanence à tous les matches de championnat suisse de la saison 2008/09 au moins un joueur / une joueuse de nationalité suisse.

En Suisse, plus de 30’000 personnes possèdent une licence et font partie d’un des 600 clubs de volleyball que compte le pays.

Selon une étude menée en 2003, plus de 100’000 personnes pratiqueraient le volleyball chaque semaine en Suisse.

La Suisse a fait acte de candidature pour organiser les Championnats d’Europe élite en 2013.

Montreux organise chaque année les Masters féminins et accueille les meilleures équipes du monde.

Dans le championnat national, aucun joueur suisse n’est professionnel à 100% (beaucoup vivent tout de même à 60 ou 80% du volleyball).

Les étrangers évoluant comme professionnels en Suisse perçoivent des salaires avoisinant les 6000 francs par mois (un peu plus pour le club de Voléro Zurich). A titre de comparaison, un joueur professionnel qui évolue dans le championnat italien – le meilleur du monde – peut gagner de 300’000 à 600’000 euros par saison.

Dans le monde, près de 500 millions de personnes jouent au volleyball dans le monde et le nombre de fédérations affiliées à la Fédération internationale est supérieur à ce que compte la FIFA en football.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision