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Le WWF part en guerre contre le bois «sale»

Les abattages illégaux tuent la forêt tropicale, comme ici à Sumatra. WWF/www.panda.org

L’organisation écologiste demande des contrôles plus sévères pour empêcher le bois abattu illégalement d’entrer en Suisse sous une forme ou sous une autre.

Selon le WWF en effet, 8% du bois importé serait du bois «sale». Un chiffre que conteste l’association faîtière de l’économie suisse du bois.

Le WWF l’affirme, étude à l’appui: près de 8% des importations suisses de bois proviennent d’exploitations sauvages, faites au mépris des lois, de la nature et des habitants des régions concernées.

L’organisation écologiste estime que chaque année, environ un million de m3 de bois «sale» entre en Suisse. Soit de quoi charger un convoi de poids lourds qui s’étirerait de Zurich à Varsovie. Ou l’équivalent d’un cinquième du bois exploité dans les forêts suisses en une année.

Et pour compliquer les choses, 90% de ce bois illégal ou d’origine douteuse ne serait pas introduit directement en Suisse, mais transiterait par l’Union européenne.

De plus, près de 40% de tout le bois importé l’est sous forme de produits finis (meubles ou papier) et n’apparaît donc pas dans les statistiques officielles. Pour le WWF, il y a là un véritable «blanchiment du bois».

Lancement d’une pétition

L’organisation écologiste lance donc une pétition pour demander à la Confédération d’agir à différents niveaux. Le texte réclame une interdiction d’importer le bois illégal et d’en faire commerce, l’obligation de déclarer l’origine du bois utilisé, des partenariats avec les pays producteurs pour combattre l’abattage illégal et des contrôles efficaces sur les chantiers publics.

«La Suisse se contente aujourd’hui d’observer les mesures prises ou en cours d’élaboration dans l’Union européenne, plus avancée dans la lutte contre le commerce de bois illégal», estime le directeur du WWF Suisse Hans-Peter Fricker.

Le WWF est en contact avec les directions des grands partis et de nombreux parlementaires pour les sensibiliser au problème et les inciter à agir. L’organisation au panda est aussi en discussion avec le Secrétariat d’Etat à l’économie, qui étudie actuellement la question et vérifie l’étude du WWF.

Un problème global

Le trafic de bois illégal est un «problème global qui ne met pas seulement en péril la nature mais aussi les hommes», relève Claude Martin, directeur général de WWF international.

L’abattage se concentre dans les pays qui abritent les dernières grandes forêts primaires: les régions tropicales d’Afrique (où 50 à 70% des coupes seraient illégales), d’Asie et d’Amérique du Sud, de même que l’Europe de l’Est.

Cet abattage contribue pour «une grande part» au déboisement et prive les populations locales de leurs ressources vitales. De plus, son produit sert souvent à financer des conflits armés.

Le WWF cite également une étude de la Banque mondiale, qui affirme que le commerce du bois «sale» fait perdre chaque année 15 milliards de dollars en impôts ou droits de douane, principalement aux pays pauvres, et entraîne une dépréciation du prix du bois de 7 à 16%.

Chiffres contestés

Lignum, l’organisation faîtière de l’économie suisse de la forêt et du bois, conteste l’étude du WWF, dont les chiffres n’auraient «pas de base sérieuse». Pour les professionnels suisses de la branche, la campagne de l’organisation écologiste «met en cause toute l’industrie du bois».

Or, cette industrie, selon Lignum, est consciente du problème des abattages illégaux. C’est une des raisons pour laquelle elle a créé le label «Swiss Quality», pour les bois indigènes.

swissinfo et les agences

Le commerce illégal du bois est responsable de vastes déforestations, surtout dans les pays tropicaux et en Europe de l’Est.
50 à 70% des abattages en Afrique centrale sont effectués en toute illégalité.
Ce commerce fait perdre 15 milliards de dollars par année en droits de douane, principalement aux pays pauvres.
Il fait aussi chuter le prix du bois, dans une fourchette de 7 à 16%.

– Selon le WWF, 8% du bois importé en Suisse a été abattu illégalement.

– Ce bois transite le plus souvent par des pays tiers, ce qui amène l’organisation écologiste à parler de «blanchiment».

– Le WWF lance une pétition pour demander aux autorités fédérales d’interdire les importations de bois «sale» et d’exiger une déclaration d’origine.

– Lignum, l’organisation faîtière de l’économie suisse de la forêt et du bois, conteste les chiffres du WWF, qui n’auraient «pas de base sérieuse».

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