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Les abattages rituels restent interdits en Suisse

L'abattage sans étourdissement avant la saignée avait provoqué un tollé. Keystone

Juifs et musulmans ne pourront pas abattre les animaux de boucherie selon leurs règles rituelles. Ce projet a soulevé trop d'oppositions.

«Dans l’intérêt de la paix confessionnelle», indique le Département fédéral de l’économie (DFE), le conseiller fédéral Pascal Couchepin a renoncé à modifier la loi sur la protection des animaux. En revanche, la possibilité d’importer de la viande casher et halal sera inscrite expressément dans la loi.

Le projet du Conseil fédéral visait à permettre, sous certaines conditions, l’abattage sans étourdissement avant la saignée. D’après le gouvernement, l’interdiction absolue de ces pratiques – introduite en Suisse en 1893 – constitue une restriction à la liberté de conscience et de croyance.

L’abattage rituel aurait donc été autorisé, mais uniquement pour répondre aux besoins des communautés dont les règles religieuses contraignantes prescrivent cette pratique. Il n’aurait, en outre, pu avoir lieu que sur autorisation cantonale et uniquement dans les abattoirs prévus à cet effet.

Salves de critiques

Même limitée, cette dérogation à l’interdiction de principe a toutefois soulevé des salves de critiques. Elle n’a trouvé des soutiens que dans les milieux religieux et politique.

La plupart des cantons ainsi que les associations de protection des animaux, de paysans, de vétérinaires et de consommateurs s’y sont opposés, arguant surtout de la souffrance de l’animal abattu. La Protection suisse des animaux (PSA) a même été jusqu’à lancer une initiative populaire pour tentre de faire barrage à l’abattage rituel.

La décision du Département fédéral de l’économie est un succès partiel pour la PSA, déclare son directeur Hans-Ueli Huber. L’initiative ne sera néanmoins pas retirée, puisqu’elle vise plus généralement l’amélioration du sort des animaux.

Regret des communautés juives

Reçue par Pascal Couchepin, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) a pris acte avec regret des résultats de la procédure de consultation. Elle souhaite néanmoins que des mesures soient prises pour que les minorités religieuses puissent s’approvisionner en viande d’animaux abattus selon leur rituel.

«Nous regrettons qu’il ne soit pas possible de discuter raisonnablement de cette question», déclare le vice-président de la FSCI Thomas Lyssy. Tout en soulignant qu’il respecte le fonctionnement du système politique suisse.

En revanche, Franz Weber a salué le retrait du projet. C’est une sage décision, estime l’écologiste montreusien. «Ma fondation est ravie que Pascal Couchepin ait compris l’enjeu du sujet.»

Selon Franz Weber, l’autorisation de l’abattage rituel aurait «avivé le sentiment de racisme» envers les juifs et les musulmans.

swissinfo avec les agences

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