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Les ambitions digitales des radicaux

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Le parti radical se réunit ce samedi à Berne pour une «journée numérique», axée sur les enjeux que représentent les nouvelles technologies pour notre société. Il a d'ailleurs bien l'intention de jouer un rôle de leader sur ces thèmes-là. Une offensive qui laisse ses concurrents plutôt sceptiques.

C’est, à en croire les dirigeants radicaux, une grande première dans le monde politique suisse. La traditionnelle journée du parti se déroulera cette année sous le signe de l’interactivité digitale. Les quelques 150 personnes réunies à Berne pour parler de la société de l’information entreront en contact direct avec une douzaine de réunions organisées un peu partout en Suisse.

L’occasion aussi de faire le bilan du projet prd.live, un site web lancé à la mi-mai, conçu pour expérimenter une nouvelle forme de discussion politique, via Internet. On y trouve des forums, la possibilité de contribuer à la réflexion du parti sur les questions des nouvelles technologies, ainsi qu’un «promichat», la possibilité de dialoguer en direct, notamment avec le président Gerold Bührer.

A l’arrivée, le bilan est plutôt mitigé. Ces six semaines ont permis, explique Guido Schommer, le secrétaire-général du parti, de récolter des contributions de qualité. «Mais, du point de vue de la quantité, ça n’a pas vraiment été ce que l’on pouvait attendre. Ça semble être pour l’instant, en politique au moins, l’instrument d’un nombre assez restreint de gens.»

D’où la question: ce thème est-il véritablement porteur, où est-ce une manière de surfer sur une mode? Chez les démocrates-chrétiens, Sandra Lo Curto, l’une des responsables du service de presse, trouve «un peu étrange» ce soucis de virtualité. «Je souris un petit peu, poursuit-elle. Le PRD donne l’impression d’être un parti qui veut à tout prix être moderne, près des jeunes et de la base. Est-ce qu’il fait cela parce qu’il n’est pas assez proche des jeunes et de sa base?»

Les radicaux veulent-ils soigner leur image, «faire branché»? Non, répond Guido Schommer, qui insiste sur les enjeux que représente la société de l’information: une série d’opportunité, mais aussi des risques. «Des questions que l’on ne peut pas simplement laisser à l’économie ou à la société, mais dont la politique doit aussi s’occuper.»

Avis tout différent à l’Union démocratique du centre, où l’on ne pense pas que ces problèmes – le fossé digital, le e-vote, la signature électronique – soient vraiment un défi important pour la société d’aujourd’hui. «Cela ne préoccupe pas les gens, comme la politique étrangère et les impôts», explique le porte-parole du parti, Yves Bichsel, qui ne voit pas l’intérêt de suivre l’exemple du PRD.

D’ailleurs pour lui Internet ce n’est pas le bon canal pour aller au-devant des gens. «Un parti, c’est aussi une société. On y va pour se rencontrer, connaître du monde.» Un argument que l’on retrouve chez les socialistes. Pour leur porte-parole, Jean-Philippe Jeannerat, la toile peut être un bon outil pour faciliter la communication entre les membres d’un parti. Mais pas pour élargir sa base.

«A mon avis, poursuit-il, le choix d’un citoyen ou d’une citoyenne de rallier un parti implique nécessairement une dimension personnelle, qui passe par un contact direct. Et Internet contribue mal à cela. On n’entre pas dans un parti politique comme au TCS.» Jean-Philippe Jeannerat relève encore que, dans les études réalisées lors des votations fédérales, les citoyens mentionnent encore peu Internet comme moyen de se forger une opinion.

Ce qui ne signifie pas que le PS, tout comme le PDC, n’aient pas des projets sur le web. Les démocrates-chrétiens, par exemple, souhaitent développer sur leur site une rubrique pour les jeunes. Mais le hic, c’est le financement. «Cela dépasse notre budget, et nous sommes donc en quête de sponsors», indique Sandra Lo Curto. Le Parti socialiste n’exclut pas non plus cette solution du parrainage.

Mais les radicaux, eux, ont réussi à faire fonctionner la formule. Leur site spécial, prd.live, contient en effet de la publicité pour un grand fabricant de téléphones portables, Siemens. Le projet, devisé à plus de 200 000 francs, est en outre soutenu par le principal opérateur du pays, ancienne régie d’Etat, Swisscom.

Pierre Gobet, Zurich

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