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Les biotechnologies en question à Lausanne

Extérieurement, rien ne permet de distinguer un blé génétiquement modifié d'un blé "naturel". WWF

L'idée du Festival Science et Cité est née du débat sur le génie génétique. Autant dire que l'un des points forts du programme lausannois sera le débat du jeudi 10 mai, intitulé «Agriculture et biotechnologie: progrès ou cuisine de Frankenstein ?»

«Pour nous, les biotechnologies ne présentent aucun avantage, uniquement des inconvénients». Cet avis pour le moins tranché est celui de Fernand Cuche, président de l’Union des producteurs suisses et conseiller national écologiste, qui sera l’un des orateurs du débat organisé à Lausanne.

«Nous n’avons pas encore résolu certains problèmes fondamentaux de l’agriculture, comme la protection des plantes, poursuit Fernand Cuche, Alors pour nous, le génie génétique est une erreur. Nous le rejetons. Nous réclamons des solutions qui permettent d’anticiper l’usage des pesticides chimiques».

Fernand Cuche souligne également que les agriculteurs ne veulent pas payer les royalties pour les brevets des semences génétiquement modifiées.

Pour donner la réplique au bouillant écologiste, les organisateurs du débat lausannois ont invité Roland Bilang, directeur d’Internutrition, organisation faîtière de l’industrie agro-alimentaire helvétique. Son point de vue est bien sûr diamétralement opposé. «Le génie génétique est une technologie clé pour l’agriculture et l’industrie alimentaire et nous avons bien l’intention d’en faire usage», proclame-t-il.

«Les avantages des produits issus des biotechnologies actuellement sur le marché nous paraissent évidents pour les agriculteurs, poursuit Roland Bilang. Ils permettent de réduire les quantités de pesticides utilisés et d’augmenter le rendement des cultures. Et à l’avenir, les nouveaux produits présenteront des avantages encore plus nets pour le consommateur, ce qui nous permettra de mieux lui expliquer ce qu’il a à y gagner».

Les opposants au génie génétique ne manquent pourtant pas d’attirer l’attention sur les risques potentiels pour la santé que présenterait la consommation d’aliments génétiquement modifiés. Sans oublier le risque de voir des graines de plantes génétiquement modifiées se répandre de manière incontrôlée dans la nature.

Roland Bilang rejette ces arguments. «Les plantes issues des biotechnologies ont été testées dans le monde entier. Aucun autre type de produit alimentaire n’a derrière lui des phases de test aussi longues et l’on n’a jamais rapporté le moindre problème de santé chez les consommateurs», avance le directeur d’Internutrition.

Quant au risque de voir des semences se répandre de manière incontrôlée dans l’environnement, Roland Bilang rappelle qu’il n’est pas spécifique aux plantes génétiquement modifiées.
Ce débat lausannois sera arbitré par Olivier Cadot, professeur d’économie à l’Université de Lausanne. Selon lui, le génie génétique «offre un formidable potentiel de progrès dans l’agriculture, mais présente également un sérieux risque de rejet de la part du consommateur et de l’opinion publique, qui pour l’instant ne voit pas quels peuvent en être les avantages ».

Vincent Landon

«Agriculture et biotechnologie: progrès ou cuisine de Frankenstein ?», jeudi 10 mai à 20h30 – Casino de Montbenon, salle Paderewski, Lausanne.

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