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Les casseurs relancent le débat politique

Les médias suisses condament les violences du week-end. swissinfo.ch

Unanime, la presse suisse condamne les violences qui ont entaché les manifestations anti-G8, justifiant du coup les mesures de sécurité exceptionnelles.

Mais le contenu même du sommet, voire sa légitimité, sont également remis en question.

«Sous la manif, les casseurs». Comme l’ensemble des journaux, Le Temps met d’abord l’accent sur les actes de violence qui ont entaché ce week-end les manifestations de Lausanne et de Genève.

Contre ces casseurs, Le Matin en appelle à la «tolérance zéro». «Pourquoi mobiliser 25 000 policiers et ne pas les faire intervenir quand nos villes se font mettre à sac?», interroge le quotidien orange.

«Les partis d’extrême-droite se réjouissent de la demande sécuritaire qu’ils pourront satisfaire lors des élections à venir», prédit Le Matin, pour qui les casseurs «font le lit» de cette droite musclée.

Quant aux grands de ce monde, ces violences ne servent qu’à leur faciliter la tâche. «Ainsi, ils pourront facilement oublier le contenu politique réel des manifestations», note la Berner Zeitung.

Liberté brisée

Avec ses actes de violence, le désormais tristement célèbre «bloc noir» «a détruit le mouvement pour une globalisation différente et plus juste», écrit carrément le Tages Anzeiger.

Le Quotidien Jurassien juge également que les casseurs «ne brisent pas seulement des vitrines, ils brisent une liberté», celle de manifester.

Pour La Liberté de Fribourg, L’Express et L’Impartial de Neuchâtel, les violences du week-end ont «occulté l’essentiel», à savoir «une manière différente de voir le monde et son développement.»

Le Blick montre lui aussi du doigt cette poignée de semeurs de chaos gorgés de bière, venus (notamment) de Zurich ou de Berne, et qui ont «pris en otage 100 000 manifestants pacifiques.»

Légitimité en question



Quant au sommet lui-même, la presse regrette évidemment que les manifestations et la casse lui aient presque totalement volé la vedette.

Certes, comme le note la Basler Zeitung, les maîtres du monde réunis à Evian font eux aussi «passer le force avant le droit.»

Mais les choses sont peut-être en train de changer. Ainsi, Le Temps évoque les discours des présidents algérien et brésilien, appelant les riches à augmenter leur aide aux pauvres, des propos qui «n’auraient pas déparé dans les slogans des manifestants.»

Le quotidien genevois fustige également l’arrogance du président américain, qui quitte la table des discussion avant terme, pour bien signifier que «l’agenda planétaire n’appartient qu’à lui.»

Mais «face au monde que George Bush entend imposer, c’est le monde qui se retrouve altermondialiste», conclut Le Temps.

24 Heures va plus loin, remettant en question la légitimité même du G8 et sa capacité à agir.

Pour le quotidien vaudois, «avec ou sans casse, le G8 semble condamné, tôt ou tard, à se réformer en profondeur ou à disparaître.»

swissinfo, Marc-André Miserez

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