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Les Etats-Unis: un modèle et une exception

Les pères fondateurs américains s'inspirèrent du fédéralisme. www.nps.gov

Seul un Etat fédéral est plus vieux que la Suisse: les Etats-Unis. Le modèle américain a même inspiré les pères fondateurs de l'Etat fédéral de 1848.

Mais si le modèle est le même, les buts sont différents.

«Le fédéralisme suisse est construit sur la diversité culturelle et il ne peut pas être compris sans elle», affirme Thomas Fleiner, responsable de l’Institut du fédéralisme de l’Université de Fribourg. C’est pourquoi d’autres Etats offrant la même pluralité sont particulièrement intéressants pour la Suisse. Il s’agit notamment du Canada, de la Belgique ou encore de l’Inde.

Selon Thomas Fleiner, les Etats-Unis sont aussi une nation multiculturelle. Et au niveau institutionnel, la Suisse s’est beaucoup inspirée du plus vieil Etat fédéral. En revanche, les buts poursuivis par les deux systèmes sont très différents.

Le fédéralisme suisse vise l’intégration et la démocratisation d’une société multiculturelle. Aux Etats-Unis, au contraire, l’efficacité et la concurrence entre les différents Etats sont toujours en toile de fonds. Les USA sont ainsi une importante exception parmi les Etats fédéraux.

Les valeurs individuelles avant tout

«L’intégration a joué un rôle secondaire aux Etats-Unis, et cela même si le peuple était en fait hétérogène», précise Nicole Töpperwien, de l’Institut du fédéralisme. Grâce à l’idée de «Melting-Pot», les Américains ont très bien réussi à intégrer la diversité. Ce fonctionnement a un prix: la culture n’a pas été considérée comme importante.

Plutôt que les différences culturelles, les valeurs individuelles ont été mises en avant. Ainsi, le fédéralisme américain n’a pas réussi à trouver de véritables solutions pour intégrer la communauté amérindienne.

La diversité comme une richesse

Au contraire, la constitution suisse met en avant la nécessité de préserver et d’encourager la multiculturalité. Selon Nicole Töpperwien, ce souci de la Suisse de préserver ses diversités linguistiques et culturelles est assez unique.

Mais l’universitaire précise que ce principe a ses limites. «Les différences traditionnelles, comme les quatre régions linguistiques, les différentes religions ou encore les particularités cantonales, sont perçues comme une richesse. Mais cela n’est pas vrai pour d’autres nouvelles langues ou religions.»

Dans ce deuxième cas, la Suisse se montrerait moins prompte à accepter les différences. Mais, conclut Nicole Töpperwien, ce problème se retrouve dans tous les pays. Et, malgré tout, la Suisse a réussi à faire cohabiter pacifiquement différentes cultures. Ce qui n’est en aucun cas évident.

swissinfo/Hansjörg Bölliger

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