Des perspectives suisses en 10 langues

Les ex-dirigeants d’Adventure World sont jugés coupables

swissinfo.ch

Six des huit responsables présumés de l'accident de canyoning dans le Saxetbach ont été condamnés à des peines avec sursis.

Le juge Thomas Zbinden a condamné mardi à Interlaken six des huit responsables présumés de l’accident de canyoning – qui avait fait 21 morts en juillet 1999 – à des peines de prison avec sursis allant de trois à cinq mois. Mais il a, en revanche, acquitté les deux guides de l’expédition.

Les six condamnés ont tous été reconnus coupables d’homicide par négligence. Et la peine la plus sévère a été prononcée à l’encontre des trois anciens membres du conseil d’administration d’Adventure World: cinq mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 7500 francs suisses.

Des peines moins sévères

Le directeur général a été condamné à cinq mois avec sursis et à une amende de 5000 francs suisses. Quant à son suppléant, il a été condamné à quatre mois avec sursis et à une amende de 4000 francs suisses. Enfin, le guide principal a écopé de trois mois de prison avec sursis et d’une amende de 4000 francs suisses.

Le juge unique Thomas Zbinden a ainsi prononcé des peines moins sévères que celles requises par le procureur, qui avait réclamé des peines allant de cinq à dix mois avec sursis. Les trois avocats de la défense avaient, quant à eux, réclamé l’acquittement de leurs clients, soulignant que le drame n’était pas prévisible.

Concept de sécurité

Pour le juge, les anciens membres du conseil d’administration de la société sont responsables. Car ils n’avaient pas prévu un système de sécurité suffisant. Thomas Zbinden a en effet estimé qu’un chef pouvait déléguer la sécurité à un subordonné mais qu’il en assumait toujours la responsabilité.

Les anciens dirigeants d’Adventure World ont également négligé d’analyser les risques inhérents au torrent du Saxet. Pour le juge, ils auraient ainsi dû faire appel à des hydrologues avant de lancer leurs excursions de canyoning en 1994. Ces experts auraient pu les rendre attentifs aux dangers de la montée subite des eaux.

Formation insuffisante

Le juge a ainsi rejeté les arguments avancés par la défense et les accusés. Arguments selon lesquels la vague était totalement imprévisible d’un point de vue scientifique. Et d’ajouter que la formation des guides dans le domaine météorologique n’était pas la priorité de cette société de sports extrêmes.

Le directeur général, son suppléant et le guide principal ont également été reconnus coupables d’homicide par négligence pour n’avoir pas interrompu cette expédition alors que l’orage avait éclaté et que des trompes d’eau s’abattaient sur la région.

Guides acquittés

Les deux guides ont, en revanche, été acquittés. Aux yeux du juge, ils ont accompli leur devoir et ne sont donc pas responsables du drame puisque leur employeur n’avait pas accordé assez d’importance à la sécurité. On ne peut pas davantage leur reprocher leur manque de formation. Ce domaine relevant en effet des responsables d’Adventure World.

Pour mémoire, le 27 juillet 1999, 18 touristes, en majorité australiens et néo-zélandais, ainsi que trois guides ont perdu la vie lors d’une excursion dans le Saxetbach près de Wilderswil. Les victimes, âgées entre 19 et 32 ans, avaient été surprises par la brusque montée des eaux.

Deuxième condamnation

Rappelon enfin que c’est la deuxième fois en une année que des responsables d’Adventure World sont condamnés par la justice pour homicide par négligence. En décembre 2000, deux collaborateurs avaient déjà été condamnés à cinq mois de prison avec sursis après qu’un jeune Américain eut perdu la vie lors d’un saut à l’élastique.

La société Adventure World a déposé son bilan fin mai 2000, juste après cet accident de saut l’élastique. Et c’est à la fin du mois d’août que l’office régional des poursuites et faillites de l’Oberland bernois a publié l’avis de faillite.

Les parties ont réagi favorablement

Procureur, avocats et proches des victimes se sont tous déclarés relativement satisfaits du verdict. Un éventuel recours d’une des parties doit être décidé dans les dix jours.

swissinfo avec les agences

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision