Les fausses marques suisses envahissent l’Afrique
Les marchés africains sont confrontés à un immense problème de contrefaçon. De nombreuses marques suisses en sont victimes.
La justice sénégalaise est saisie d’une plainte de la filiale locale de Nestlé contre la Compagnie Sénégalaise de Négoce (CSN), partenaire d’un groupe agro-alimentaire panaméen, Broex, pour imitation de marques. Le procès a été initialement fixé au 27 novembre. Il une première fois été reporté au 4 décembre, puis à une date ultérieure, pas encore déterminée.
Cette affaire révèle l’ampleur de la contrefaçon en Afrique. Les rues et artères des capitales et grandes villes du continent sont envahies quotidiennement par des millions de montres portant de fausses marques Rolex, Omega, Rado. Les faux couteaux suisses sont eux aussi légion.
Indéterminable
«L’ampleur du phénomène n’est pas chiffrable», déclare Jean-Jacques Leutenegger, conseiller à l’ambassade de Suisse à Dar es Salam (Tanzanie). Les pays asiatiques (Chine, Taïwan, Hong Kong, notamment) et ceux d’Extrême-Orient sont considérés comme les pourvoyeurs de l’Afrique en marchandises contrefaites et à bon marché.
La main-d’œuvre est moins coûteuse dans ces pays, rendant ces produits beaucoup moins chers. «Les modestes revenus de la majeure partie des populations ne permettent que l’achat des produits bon marché ou de contrefaçon», souligne Jean-Jacques Leutenegger.
Pour sa part, un responsable de l’OAPI (Organisation africaine de la propriété intellectuelle) à Dakar, Doudou Sagna, relève que l’Afrique est un «déversoir» des marchandises contrefaites. Selon lui, les états africains n’ont pas les moyens matériels et humains nécessaires pour lutter contre l’envahissement de leurs marchés par les produits d’imitation.
Lois sans effets
En Tanzanie, par exemple, la loi punit la contrefaçon et la vente de produits d’imitation. Elle n’a cependant jamais été appliquée du fait que la procédure est «longue et coûteuse» pour le plaignant. En outre, il n’est pas sûr que la victoire d’un fabricant lésé permette de mettre définitivement fin à la vente de la contrefaçon.
Au Maroc également, les fausses marques suisses sont très présentes sur les comptoirs et dans les rues de Casablanca, Rabat et Agadir. Selon Claude Duvoisin, conseiller à l’ambassade de Suisse à Rabat, c’est l’horlogerie qui est la plus touchée.
L’industrie helvétique, en collaboration avec l’ambassade suisse à Rabat et la Chambre de Commerce Suisse-Maroc (CCSM), a tenté de lutter contre cette pratique, mais en vain.
Les services des douanes marocaines ont certes procédé à des opérations de contrôle et de saisies de marchandises contrefaites à Agadir, mais «le mal n’est de loin pas éradiqué», souligne la CCSM. Au Sénégal, où il n’y a pas de loi interdisant la contrefaçon ou la vente de marchandises avec de fausses marques, les produits d’imitations suisses circulent librement.
Faux couteaux à Dakar
Dakar regorge de faux couteaux suisses et de montres portant une fausse marque helvétique. Le pays a signé différentes conventions de l’OAPI qui protègent les marques industrielles. Ces conventions permettent aussi à un industriel de porter plainte contre les auteurs d’imitation de sa marque.
Au début de cette année, la gendarmerie sénégalaise a saisi plus de 13 000 rasoirs jaunes de fausses marques «Bic», sur plainte de cette société française, rappellent les autorités locales. En septembre 2000, les chefs de polices des seize pays situés en Afrique de l’ouest ont décidé de lutter contre la contrefaçon industrielle et intellectuelle qu’ils ont considérée comme faisant partie de la «criminalité transnationale».
swissinfo avec les agences
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