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Les femmes battues appellent Berne à la rescousse

A peine plus d'une femme battue sur dix s'adresse aux organisations d'entraide. Keystone

Après plus de 20 ans d´existence, les maisons d'accueil pour femmes maltraitées demandent un soutien financier à la Confédération. Solidarité Femmes revendique également des modifications législatives visant à mieux protéger les victimes.

C’est en 1977 que la première maison d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales a ouvert ses portes en Suisse. Depuis, pas moins d’une quinzaine de nouveaux centres, appelés Solidarité Femmes, ont vu le jour.

Car la violence conjugale reste un fléau. En 1999, pas moins de 1525 personnes ont dû séjourner dans ces maisons d’accueil. «L’an dernier, 763 femmes et 762 enfants ont dû faire appel à nos services, explique Claire Magnin, membre de Solidarité Femmes. Cela signifie concrètement que, chaque nuit, 124 personnes en moyenne fuient la violences du partenaire masculin.»

Chiffre plus impressionnant encore, ces maisons d’accueil ont enregistré un total de 45 322 nuitées l’an dernier. Car certaines femmes doivent être prises en charge sur une longue durée. A cela s’ajoute le fait que les centres Solidarité Femmes doivent assurer un suivi des victimes. Outre l’hébergement, la plupart d’entre eux organisent également des consultations ambulatoires.

«Certaines maisons d’accueil sont reconnues comme centre LAVI (Loi Fédérale d’Aide aux Victimes d’Infraction). Ils offrent donc des informations et des consultations juridiques ou psychosociales», précise Claire Magnin. Pour autant, dit-elle, «nous ne recevons pas un sous de la Confédération.»

Les centres d’accueil Solidarité Femmes sont en effet financés à 60 pour cent par les cantons et les communes. 25 pour cent du budget est couvert par le prix des nuitées qui s’élève à 194 francs. «Durant les quinze premiers jours, les séjours sont financés par le biais de la LAVI, souligne Claire Magnin. Les coûts sont ensuite pris en charge par les services sociaux.»

Pour boucler leurs budgets – il s’est élevé à 8 797 345 de francs pour 15 centres en 1999 – les maisons d’accueil doivent encore compter sur des dons privés. «L’an dernier ces dons représentaient près de 14 pour cent de notre budget, s’insurge Claudia Meyer, membre de Solidarité Femmes. C’est tout de même incroyable que nous soyons obligées de faire appel à des donateurs pour faire face à des problèmes sociaux.»

Et c’est bien là que le bât blesse. Après plus de 20 ans de services, les maisons d’accueil pour femmes maltraitées souhaiteraient enfin obtenir un appui financier de la Confédération. «Nos 89 collaboratrices sont toutes des professionnelles formées dans le domaine social, psychologique ou pédagogique», affirme Claire Magnin. «Elles accomplissent des tâches d’intérêt public. Et nous demandons aujourd’hui que ce travail soit reconnu par la Confédération.»

Mais Solidarité Femmes ne se borne pas à réclamer de l’argent. L’organisation faîtière des maisons d’accueil (DAO) veut aussi faire entendre sa voix au niveau politique. Les procédures de consultation sont l’occasion pour l’organisation de faire du lobbying actif.

Cette dernière exige notamment que des modifications législatives soient apportées au niveau pénal et civil pour mieux protéger les femmes et responsabiliser les auteurs de violences.

«Nous souhaitons par exemple que la violence conjugale soit reconnue comme un délit», souligne Claire Magnin. «Les responsables de violences devraient aussi être systématiquement incarcérées lorsque la police est obligée d’intervenir pour défendre une femme maltraitées.»

Solidarité Femmes appelle de ses vœux la mise en œuvre d’une véritable loi sur la violence conjugale. «De telles législations existent dans d’autre pays, précise Claire Magnin. Les autorités montreraient ainsi clairement qu’elles sont déterminées à ne plus tolérer ce genre d’agissements.»

Vanda Janka


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