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Les firmes pharmaceutiques contre-attaquent

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Le procès de Pretoria sur le prix des médicaments contre le sida reprend sur fond de polémique. Les firmes pharmaceutiques ont tenté de redresser une image sérieusement écornée en accusant le gouvernement sud-africain d'avoir refusé des offres de médicaments bon marché.

Cela n’a pas empêché Médecins Sans Frontières de présenter, mardi, une pétition de 250 000 signatures demandant aux firmes pharmaceutiques de retirer leurs plaintes en justice. Ces dernières semaines, des appels en ce sens ont été lancés en Europe, par plusieurs ministres et par le Parlement de Strasbourg.

L’ex-président sud-africain Nelson Mandela est lui-même monté au créneau, dimanche, en qualifiant le procès de «grave erreur» et en dénonçant les prix exorbitants des médicaments dans les pays en développement.

Mais, il a aussi reconnu que le gouvernement sud-africain avait sa part de responsabilité dans le fait que les 5 millions de séropositifs sud-africains n’ont accès à aucun traitement.

C’est d’ailleurs le grand argument des producteurs pharmaceutiques. Selon eux, Pretoria a rejeté toutes les offres de prix au rabais. Mis sous pression, les fabricants ont baissé leurs prix de manière spectaculaire.

Mirryena Deeb, directrice de l’Association des fabricants de médicament d’Afrique du Sud (PMA), a affirmé à l’AFP que les compagnies tentaient en vain depuis cinq ans de négocier avec le gouvernement la réduction du prix des médicaments anti-rétroviraux.

«Il y a de toute évidence une absence de volonté de négocier», a déclaré Mme Deeb lors d’un point de presse. «L’industrie va mettre les médicaments à disposition à prix coûtant ou moins», a-t-elle assuré.

La PMA représente en justice les 39 compagnies pharmaceutiques internationales – parmi lesquelles Boehringer-Ingelheim, Glaxo Wellcome, Merck et Roche – qui attaquent une loi sud-africaine de 1997 favorisant les médicaments «génériques».

Cette loi donne au gouvernement de larges pouvoirs pour passer outre les brevets détenus par les compagnies pour produire, autoriser et importer des versions génériques, copies de certains médicaments élaborés par ces firmes.

L’Afrique du Sud est le pays comprenant le plus grand nombre de séropositifs dans le monde: 4,7 millions fin 2000, soit une personne sur neuf, selon les chiffres officiels.

Mme Deeb s’est dit «perplexe» sur les raisons pour lesquelles le gouvernement sud-africain n’avait toujours pas accepté l’offre de Boehringer Ingelheim de fournir le médicament Nevirapine gratuitement pendant cinq ans pour prévenir la transmission du virus du sida de la mère à l’enfant.

Fin 2000 plus de 24,5% des femmes enceintes accueillies dans les maternités publiques d’Afrique du Sud étaient porteuses du virus VIH. «Ils parlent de toxicité, alors que le médicament est autorisé pour les adultes», a dit Mme Deeb.

Valérie Hirsch, Johannesburg

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