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Les jeunes sont exposés à la violence d’extrême droite

L'extrême droite suisse compte 1000 militants et 800 sympathisans.

Un jeune sur dix est confronté dans sa vie à la violence d'extrême droite, selon un sondage réalisé auprès de quelque 3000 jeunes dans trois cantons suisses.

Suisses ou étrangers, les jeunes sont confrontés à égalité aux agressions de l’extrême droite.

L’extrême droite n’a rien d’un mouvement marginal, a déclaré Martin Schmid, un des responsable du projet intitulé «les jeunes dans l’ombre de la violence de l’extrême droite». Son potentiel en Suisse est estimé entre 6 et 7%.

Selon cette première étude du genre publiée vendredi par le bureau ecce à Bâle, la nationalité, l’ethnie et l’appartenance politique des victimes ne jouent un rôle que dans un tiers des cas d’agression.

Il en ressort que 3,5% des quelque 3000 jeunes interrogés dans 184 écoles se sont affrontés au moins cinq fois au cours des cinq dernières années avec des bandes d’extrême droite.

Publiée dans le cadre du programme national de recherche PNR40 «Extrémisme de droite – Causes et contre-mesures», elle a permis de mettre en évidence que les jeunes victimes sont en général choisies au hasard par leurs agresseurs.

En effet, ils ne présentent souvent aucun signe distinctif qui permettrait de les désigner comme des «ennemis» par les extrémistes de droite.

Sous-cultures en conflit

De plus en plus souvent, les jeunes sont victimes d’altercations entre des groupes appartenant à des «sous-cultures» au comportement typé et plus ou moins marqué sur le plan idéologique.

Du côté des agresseurs se trouvent les groupes d’extrême droite alors que les victimes viennent souvent de bandes de «rappeurs», de fumeurs de cannabis et de la gauche alternative, ont observé les auteurs de l’étude.

Ces jeunes figurent parmi les victimes à cause de leurs comportements «excessifs» durant leurs loisirs, par exemple après avoir participé à des fêtes où l’alcool coule à flots et où l’on consomme de la drogue. Leur présence dans le domaine public les rend plus visibles.

Les 80% des agressions par des groupes d’extrême droite ont lieu le week-end à partir de 22 heures et se déroulent dans les transports publics ou sur le domaine public.

Plus de 60% des cas se passent en ville, mais les écoles sont épargnées. Les groupes impliqués sont en général d’une grandeur comparable et, lors d’altercations, les rôles de victime et d’agresseur peuvent s’estomper.

Equilibre psychique menacé

Les victimes sont exposées à de nouveaux problèmes lorsque leur environnement, témoins, autorités ou police, minimise les faits ou tolère cette violence.

L’encadrement des jeunes par leurs familles et leurs amis joue en effet un rôle central pour surmonter les séquelles qui pourraient en résulter. Si ce n’est pas la cas, l’équilibre psychique de l’individu peut s’en trouver menacé.

Comme d’autres types de violence, ces actes peuvent provoquer des états de stress post-traumatique chroniques. Ils peuvent alors conduire à des troubles du comportement liés à divers états d’âme, comme un sentiment d’impuissance, de colère, de haine, d’incompréhension, de désir de vengeance, de sensation d’abandon et de peur de voir les faits se répéter.

Les conséquences sociales se caractérisent par un repli sur soi-même et une modification du comportement.

swissinfo et les agences

L’étude «Les jeunes dans l’ombre de la violence de l’extrême droite» a été réalisée dans le cadre du programme national de recherche «Extrémisme de droite – Causes et contre-mesures» (PNR40+). Elle se poursuit jusqu’en décembre.

Les experts en recherche sociale de la société ecce ont questionné près de 3000 élèves de 16 à 20 ans dans 184 écoles de trois cantons du Nord-Ouest de la Suisse en septembre 2005.

L’objectif est de mieux comprendre l’origine, l’expression, les caractéristiques de propagation et les conséquences d’attitudes et d’activités d’extrême droite en Suisse.

L’extrême droite suisse est composée de petits groupes actifs dans les concerts et sur Internet.
Selon le Rapport 2005 sur l’extrémisme réalisé par la Confédération, le pays compte environ 1200 militants et entre 600 et 700 sympathisants.
Leur âge moyen se situe entre 16 et 22 ans.

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