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Les millions du député Marchiani sont à Zurich

Jean-Charles Marchiani (g) et Charles Pasqua (r) bénéficient d’une immunité parlementaire. Keystone Archive

La justice a découvert 2 millions de francs au Credit Suisse à Zurich appartenant au député européen français Jean-Charles Marchiani.

Le bras droit de l’ancien ministre Charles Pasqua est soupçonné d’avoir facilité un trafic d’armes vers l’Angola.

Remis cet été aux juges parisiens Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Desprez, le rapport de la brigade financière française est accablant.

Il révèle comment le marchand d’armes Pierre Falcone (qui bénéficiait d’un permis B délivré par le canton de Vaud) a financé les activités politiques de Charles Pasqua et de Jean-Charles Marchiani.

Deux contrats avec l’Angola

Après sa rupture avec le Rassemblement pour la république (RPR) de Jacques Chirac, Charles Pasqua crée le Rassemblement pour la France (RPF). Et il a besoin de beaucoup d’argent pour animer sa nouvelle formation politique.

Il va recevoir de Pierre Falcone 1,5 million de francs français. Et près d’un demi-million de dollars pour préparer les élections européennes de juin 1999.

En contrepartie, en 1993 et 1994, Charles Pasqua va favoriser deux contrats d’armement avec l’Angola, respectivement de 47 millions de dollars et de 463 millions de dollars.

Un comportement en totale contradiction avec la position officielle du gouvernement de l’époque, celui d’Edouard Balladur.

En effet, à cette époque, la France ne souhaitait pas vendre des armes à l’Angola, pays qui était en guerre.

Une enquête est ouverte. Et, à la demande de la France, les autorités judiciaires helvétiques sont mises à contribution.

Un compte de 2 millions de francs

A Genève, c’est le juge Daniel Devaud qui est en charge du dossier. Il ne trouve aucun compte au nom de l’ancien ministre français de l’Intérieur. Jean-Charles Marchiani a moins de chance.

Les justices suisse et française découvrent en effet dans ses agendas les coordonnés d’Alex Wiederkher, avocat à Vaduz.

Elles adressent une commission rogatoire au Liechtenstein, qui accepte de l’exécuter, et d’interroger l’avocat.

Alex Wiederkher reconnaît qu’il a bien ouvert un compte à la banque Hoffmann. Un compte qui a été transféré par la suite au Credit suisse à Zurich, au nom de la fondation Sopar.

L’avocat précise même que c’est Jean-Charles Marchiani qui est l’heureux bénéficiaire de cette fondation.

Et le compte est assez bien garni. Puisqu’il contient 2 millions de francs suisses (8 millions de francs français).

Marchiani nie tout en bloc

Le quotidien parisien Le Figaro – qui révèle la transmission du rapport de la brigade financière aux juges français en charge de l’Angolagate – souligne que Jean-Charles Marchiani continue de tout nier en bloc. Comme Charles Pasqua.

Interrogé par la brigade financière, le bras droit de l’ancien ministre jure qu’il n’a jamais entendu parler de l’avocat liechtensteinois Alex Wiederkher.

Enfin, Jean-Charles Marchiani prétend que les agendas découverts chez lui ne sont tout simplement pas les siens.

Quoi qu’il en soit, Jean-Charles Marchiani et Charles Pasqua ont été élus en 1999 au parlement européen sur une liste du RPF. A ce titre, ils bénéficient donc d’une immunité parlementaire.

swissinfo/Ian Hamel

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