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Les mystères de l’affaire Peter Friederich

Peter Friederich a fait ses premières déclarations publiques vendredi au téléjournal de la TSR Keystone Archive

Libéré après un mois de détention préventive, Peter Friederich clame une nouvelle fois son innocence.

Le diplomate est soupçonné depuis le 8 juillet de blanchiment d’argent et de faux dans les titres.

Peter Friederich, diplomate de carrière, ambassadeur de Suisse au Luxembourg depuis 1999, a donc passé cinq semaines derrière les barreaux.

Son crime? Il aurait accepté de blanchir l’équivalent de 1,1 million de francs l’année dernière au Grand-Duché.

Cet argent appartiendrait à un Espagnol considéré comme un trafiquant de drogue. D’ailleurs, l’homme était emprisonné depuis mars dans son pays pour une autre affaire de stupéfiants, dans laquelle Peter Friederich n’est absolument pas mêlé.

«Aucun acte illicite».

Deux jours après sa libération, le diplomate a réaffirmé vendredi à la télévision suisse romande sa «conviction profonde de n’avoir commis aucun acte illicite».

Estimant que son activité financière relevait de sa vie privée, Peter Friederich a souligné que la gestion de capitaux impliquait une prise de risque.

«Peut-être n’aurais-je pas dû prendre certains fonds mais je ne suis pas plus habilité que la banque à faire des vérifications. Et j’en ai faites» a encore déclaré le diplomate.

Avant de rappeler que l’évasion fiscale n’est un délit ni en Suisse ni au Luxembourg.

Un mois sans juge d’instruction

Il est vrai que l’affaire Friederich laisse à plus d’un titre songeur. La demande de renseignements émanant du parquet du Tribunal d’arrondissement de Luxembourg, service anti-blanchiment, remonte au 28 février dernier.

Dès le 8 avril, le Ministère public de la Confédération a ouvert une enquête de police judiciaire.

Pendant les trois mois qui ont précédé l’arrestation de l’ambassadeur, les investigations ont vraisemblablement permis d’identifier tous les «complices» du diplomate suisse.

En effet, après avoir perçu 1,1 million de francs entre août et décembre 2001, Peter Friederich a transféré «des sommes quasi équivalentes» sur divers comptes, dans différents pays, en Suisse notamment.

Dans ce cas, pourquoi maintenir aussi longtemps l’ambassadeur en prison, pourquoi ne pas l’avoir présenté presque immédiatement devant un juge d’instruction, et pourquoi empêcher l’accès au dossier à Jean-René Mermoud, son premier avocat?

Défendu par Dominique Warluzel

D’autant que les sommes en jeu ne sont pas énormes, et que Peter Friederich ne peut être qu’un piètre blanchisseur d’argent. Les 1,1 million de francs ont été déposés sur un compte lui appartenant à la banque Dexia à Luxembourg.

Or, la règle de base d’un criminel est de ne jamais ouvrir de comptes dans leur lieu de résidence, et surtout pas à leur nom. Il est enfantin de se camoufler derrière une fiduciaire ou une fondation.

L’ambassadeur de Suisse au Luxembourg, qui s’est engagé à ne prendre aucun contact avec les protagonistes de l’affaire, a toujours nié le blanchiment, affirmant qu’il ne se serait livré qu’à de l’évasion fiscale.

Peter Friederich vient de changer d’avocat. Il est dorénavant défendu par le très médiatique Dominique Warluzel

swissinfo/Ian Hamel

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