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Les nuages s’accumulent sur l’agence météo de l’ONU

Basée à Genève, l'OMM fait l'objet de deux enquêtes. Keystone

Le congrès quadriennal de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) s'est ouvert, lundi à Genève, sur fond de critiques et d'enquêtes pour corruption et escroquerie.

La Suisse a demandé davantage de transparence à l’organisation onusienne. Durant ce congrès de trois semaines, Berne va faire des propositions concrètes dans ce sens.

«L’OMM a connu des heures difficiles ces dernières années. Le détournement de fonds découvert quelques semaines après le précédent congrès a causé de graves dommages», a affirmé le secrétaire d’Etat Michael Ambühl aux 600 délégués en provenance de 188 pays.

«La Suisse, en tant qu’Etat hôte et Etat membre d’organisations internationales, condamne fermement tout acte délictueux commis au sein de ces organisations», a ajouté M. Ambühl.

Le numéro deux du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) a annoncé que la Suisse, en association avec une quinzaine d’autres Etats, va en conséquence présenter à l’occasion de ce congrès une résolution visant à accroître la transparence de l’organisation vis-à-vis de ses Etats membres.

Besoin d’une OMM forte

«Pour atténuer les catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique, nous avons besoin d’une OMM forte qui se consacre entièrement à ses missions fondamentales», a souligné le secrétaire d’Etat.

Quatre ans après la découverte de fraudes, M. Ambühl a estimé que «l’affaire a été traitée en profondeur».

«La Suisse considère que le renforcement du contrôle interne, la récente création d’un comité d’audit et les directives éthiques introduites dernièrement sont des mesures appropriées qui doivent empêcher à l’avenir la reproduction de telles irrégularités», a-t-il affirmé.

Il a fait valoir que l’enquête des autorités genevoises a déjà permis de récupérer une partie des fonds qui avaient été détournés. Mais «le processus d’amélioration de la gouvernance doit se poursuivre, à l’OMM comme dans toute organisation internationale», a poursuivi le représentant du DFAE.

Il a fait remarquer que, lors de la découverte du détournement de 4,3 millions de francs, révélé en 2003, «il est apparu que les Etats membres n’ont jamais eu la possibilité de prendre part au règlement de ce dossier ou à d’autres importantes affaires de gouvernance».

Résolution pour un rôle plus actif

La résolution présentée par la Suisse permettra, entre deux congrès, de faire participer des Etats membres, en tant qu’observateurs, aux réunions du Conseil exécutif ou d’autres organes subsidiaires traitant de questions importantes de gouvernance. De même, l’accès aux documents de ces organes devrait être rendu plus facile.

En l’état actuel, les Etats-membres ont trop peu d’influence actuellement et sont insuffisamment informés, estime de son côté Alex Rubi, responsable des affaires internationales à Meteosuisse.

«La Suisse estime que l’OMM joue un rôle clé puisque des progrès en matière de gestion du climat et d’amélioration de la prévision météorologique ne peuvent être obtenus qu’à travers la coopération internationale organisée par l’OMM», a indiqué Alex Rubi à swissinfo.

Contribution renforcée

La Suisse s’est par ailleurs engagée lundi à poursuivre sa contribution au renforcement de l’OMM: elle continuera de se concentrer sur le programme de la Veille de l’atmosphère globale (VAG).

Le gouvernement a décidé, il y a quelques mois, d’augmenter sa participation financière au World Radiation Center de Davos, a rappelé M. Ambühl.

Le congrès doit notamment adopter un plan stratégique pour la période 2008-2011, discuter tous les programmes de l’organisation et réélire son directeur général, le Français Michel Jarraud.

swissinfo et les agences

Organisé tous les quatre ans, le congrès de l’OMM se déroule à Genève du 7 au 25 mai 2007.
La délégation suisse est dirigée par le directeur de MeteoSuisse Daniel Keuerleber-Burk, également président pour la région Europe de l’OMM.
La Suisse participe à tous le grands projets de l’agence onusienne et sa contribution annuelle atteint 736’000 francs.

En 2003, le Français Michel Jarraud était élu à la direction générale de l’OMM, pour succéder au Nigérian
Godwin Obasi, à la tête de l’organisation pendant vingt ans.

Une première enquête avait alors été ouverte par la justice suisse sur le détournement de 4,3 millions de francs par un employé soudanais, à la fin du mandat du Nigérian.

Vendredi, le procureur général de l’Etat de Genève Daniel Zappelli a ouvert une information judiciaire pour corruption. En 2006, le rapport final d’un audit interne a conclu que des fonds de l’OMM auraient été utilisés pour payer le voyage (entre 1000 et 3000 francs par personne) de délégués de près de 50 pays en développement afin d’influencer le vote en faveur de leurs candidats à l’élection de 2003

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