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Les petits noms des tempêtes

Un phare signale l’approche d’une tempête sur le lac de Thoune. swissinfo.ch

Franzi, Gerda, Hanne, Irina… Ces derniers jours, quatre tempêtes hivernales ont traversé la Suisse. Toutes portaient des prénoms féminins.

En Europe, c’est l’Institut météorologique de Berlin qui baptise les ouragans. Mais chacun peut aussi inscrire un nom sur la liste, moyennant une certaine somme.

Franzi, Gerda et leurs copines n’avaient rien à voir avec la puissance dévastatrice de l’ouragan du 26 décembre 1999. Lothar, un Monsieur. Sans l’intervention des associations féminines, ce dernier aurait probablement porté lui aussi un prénom de fille.

En Europe, on alterne désormais le genre féminin avec le masculin. En 2004, les tempêtes ont reçu des prénoms de femme. En 2003, elles portaient des noms d’homme. A l’origine de cette pratique politiquement correcte: les féministes.

Tempérament féminin

C’est durant la Seconde Guerre mondiale que le service météorologique américain a commencé à baptiser les ouragans. Jusqu’en 1979, les météorologues (des hommes) donnaient uniquement des noms de femme aux typhons et autres ouragans.

Dans notre culture occidentale, le cliché de la femme colérique et incontrôlable était très répandu. Un souvenir des furies de la mythologie grecque.

Il semblait donc évident de faire le lien entre les tornades dévastatrices et les crises d’hystérie traditionnellement attribuées au tempérament féminin.

Mais, en 1979, les féministes ont dénoncé cette forme de discrimination. Et depuis leur intervention, les phénomènes météorologiques portent aussi des prénoms masculins.

Aux Etats-Unis, une liste de noms a été créée et ils sont attribués par ordre alphabétique. Par exemple, en 2004, Georgette succède à Frank, puis viennent Howard et Isis.

Pour être baptisée, une tempête doit tout de même avoir une certaine ampleur. «C’est seulement lorsqu’il a atteint sa puissance maximum que l’ouragan se voit attribué un prénom de la liste, explique Fosco Spinedi, météorologue à MétéoSuisse. Ensuite, le nom est biffé et on ne peut plus l’utiliser.»

Prénoms allemands

En Europe, les prénoms sont donnés par l’Institut météorologique de l’Université de Berlin depuis 1954. Voilà pourquoi nos tempêtes s’appellent Gerda ou Lothar.

Sur le site Internet de l’institut de Berlin (le seul au monde avec son homologue américain à baptiser les tempêtes), chacun peut donner son nom à un ouragan, moyennant une certaine somme. 199 euros pour une tempête, 299 euros pour une haute pression.

L’argent sert à financer la recherche météorologique. C’est en partie pour cette raison qu’un habitant d’Interlaken, Aldo Martinelli, a décidé de s’offrir une haute pression qu’il a baptisée de son prénom.

«Je suis un passionné de voile. Pour moi, les prévisions météorologiques sont essentielles. Particulièrement la force des vents, explique-t-il à swissinfo. J’ai pensé que c’était une belle manière de commencer l’année 2004.»

Reste à lui souhaiter que la haute pression qui sera prénommée Aldo ne provoque pas une canicule, cet été, mais qu’elle apporte plutôt un vent propice à la navigation sur le lac de Thoune.

swissinfo, Raffaella Rossello
(Traduction et adaptation: Alexandra Richard)

En 1999, Lothar a fait 14 victimes.
15 autres personnes sont mortes dans les travaux d’assainissement.
Les dommages ont été évalués à 1,78 milliard de francs.

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