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Les réfugiés palestiniens ne seront pas abandonnés

Walter Fust, directeur de la Direction du développement et de la coopération suisse, tire un bilan globalement positif. Keystone

Pour le Suisse Walter Fust, l’humanitaire seul ne peut pas résoudre le conflit qui déchire le Proche-Orient.

Réunie à Genève, la communauté internationale a décidé de renforcer son soutien financier aux quatre millions de réfugiés palestiniens. Entretien avec le chef de la coopération suisse.

Les représentants de plus de 90 pays et organisations internationales ont réaffirmé, mardi à Genève, leur volonté de soutenir les réfugiés palestiniens.

L’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) bénéficiera aussi d’un plus grand soutien. La Suisse, entre autres, va accorder deux millions de francs supplémentaires.

Qualifiant la réunion de «grand succès», le responsable de l’UNRWA, Peter Hansen, a précisé que des contributions financières supplémentaires des Etats-Unis et de l’Union européenne viendraient prochainement remplir ses caisses vides.

Le directeur de la DDC suisse, la Direction du développement et de la coopération, Walter Fust, parle lui aussi d’une réussite. Mais il ajoute qu’aucune aide humanitaire ne pourra remplacer une résolution politique et pacifique du conflit au Proche-Orient.

swissinfo: En tant que pays hôte, quel bilan la Suisse tire-t-elle de cette conférence?

Walter Fust: La communauté internationale a donné un signal clair aux réfugiés palestiniens: elle ne les abandonnera pas. En ce sens, cette conférence est clairement un succès.

Nous avons aussi trouvé un compromis autour du financement de l’aide humanitaire. Il faut dire que la communauté internationale ne comprend pas pourquoi elle devrait payer pour reconstruire ce que d’autres détruisent.

swissinfo: Précisément, les plus sceptiques se demandent pourquoi dépenser des millions pour des bâtiments qui pourraient être détruits par les militaires israéliens. Que leur répondez-vous?

W.F.: C’est la question que pose la plupart des pays donateurs. Elle est tout à fait légitime.

Mais il faut savoir que la plupart des maisons qui ont été reconstruites récemment n’ont pas été détruites par Israël. Seul d’anciens bâtiments que les autorités israéliennes perçoivent comme de possibles abris pour les terroristes ont été anéantis.

swissinfo: Pourtant, au final, plusieurs citoyens innocents ont ainsi perdu leur maison…

W.F.: C’est vrai. Et la question de la responsabilité concerne aussi l’acheminement de l’aide humanitaire. Par exemple, pourquoi les Palestiniens doivent-ils payer des prix exorbitants pour les matériaux de construction? Et encore, lorsqu’ils y ont accès…

Les Conventions de Genève stipulent clairement que chaque effort doit être fait pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Dans ce cas, c’est le contraire. Tout est rendu difficile.

swissinfo: Une telle conférence a-t-elle un sens en l’absence d’Israël?

W.F.: La discussion portait sur ce que peut faire la communauté internationale pour soutenir l’UNRWA dans son travail. Evidemment, l’aide humanitaire n’est pas une solution en soi. Le problème doit être traité au niveau politique.

Pour autant, les organisations d’entraide ne doivent pas abandonner leur projet de soutien. Elles ont le devoir d’aider les victimes de ce que nous considérons comme illégal selon les conventions internationales.

Ce n’est pas notre rôle de faire de la politique ou de la diplomatie. Notre tâche est de trouver de l’aide.

Au sein des Nations unies, nous avons besoin à la fois d’un engagement humanitaire et aussi d’un courage politique plus marqué pour se diriger vers une résolution du conflit.

swissinfo: Vous semblez passionné par la question…

W.F.: Le propos n’est pas là. Il ne s’agit pas de passion, mais de justice. Et cela engendre nécessairement une frustration. Il faut le dire et le répéter: toutes les parties doivent respecter les conventions internationales.

Bien sûr, les Palestiniens doivent eux aussi assumer la responsabilité de leurs actes. Mais 50% des gens qui vivent dans les camps de réfugiés sont des enfants qui ont droit à un avenir meilleur. Je crois qu’en mettant l’accent sur l’éducation, on peut faire beaucoup pour la paix.

En résumé, cette conférence ne portait pas sur la politique. Elle concernait l’aide humanitaire… Mais l’humanitaire dépend du contexte politique.

Interview swissinfo: Anna Nelson, Genève
(Traduction: Alexandra Richard)

La Suisse va verser 2 millions de francs supplémentaires pour l’aide aux réfugiés palestiniens.
Cette année, la Suisse a octroyé 20 millions de francs à l’UNRWA.
L’UNRWA a été créée en 1949 pour fournir une aide humanitaire aux réfugiés palestiniens au Proche-Orient.

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