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Les remèdes de Berne pour doper l’économie

Le président de la Confédération en bon docteur croissance. Keystone

Le gouvernement propose un train de 17 mesures tous azimuts pour relancer la croissance économique. Mais il exclut l’injection de moyens étatiques.

C’est un pas dans la bonne direction, estiment les organisations patronales. C’est une opération de relations publiques, dénoncent les syndicats.

Question croissance, la Suisse est le plus mauvais élève des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) depuis dix ans.

Le gouvernement veut donc inverser la vapeur en empoignant des réformes d’ici 2006.

Joseph Deiss estime que les bienfaits de la politique envisagée dépendront du degré de réalisation de ces propositions.

Mais le président de la Confédération tient à préciser que, selon l’OCDE, la Suisse pourrait accroître son PIB de 8% en dix ans si elle développe la concurrence.

La concurrence à tout faire

Pour 2004, le gouvernement prévoit, dans son paquet, de transmettre au Parlement un projet de révision de la loi sur le marché intérieur. Objectif: accroître la concurrence.

Autre projet sensé générer la croissance: le message gouvernemental sur la 5e révision de l’assurance invalidité (AI).

Une révision qui doit viser à l’intégration des personnes ayant une incapacité de travail temporaire, estime le Département fédéral de l’économie.

Ce n’est pas tout. Le paquet englobe la révision de la loi sur l’assurance maladie, qui devra, elle aussi, mettre l’accent sur la concurrence.

D’autres mesures sont prévues pour 2004 toujours. Le gouvernement veut en effet corriger le déficit structurel de la Confédération par un nouveau programme visant 2,5 milliards d’économies.

Il veut aussi stabiliser la quote-part de l’Etat par une réforme de l’imposition des entreprises.

Une participation des vieux

Le message sur l’élargissement de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux membres de l’UE est un autre remède prôné par Berne.

Pour 2005, le Conseil fédéral compte sur le projet de réorganisation du secteur électrique.

Ou encore sur un «train de mesures visant à favoriser la participation des personnes âgées au marché du travail dans l’optique de la 12e révision de l’AVS (assurance vieillesse) et de la 2e révision de la LPP (prévoyance professionnelle)».

Pour 2006, Berne envisage la présentation de projets comme la politique agricole 2011, la révision de la loi sur les marchés publics et des mesures pour l’allègement administratif des entreprises.

La potion du gouvernement repose sur six objectifs généraux. Accroître la concurrence sur le marché intérieur, poursuivre l’intégration dans l’économie mondiale et limiter la charge fiscale sont les trois premiers.

Berne veut aussi maintenir un taux d’activité élevé, un système de formation compétitif et adapter le droit économique pour favoriser la concurrence.

Un controlling envisagé

Réactions à ce paquet de mesures? Contrastées! «Ces propositions vont dans la bonne direction», estime Yves Bichsel.

«Malheureusement, il manque souvent la volonté politique pour les réaliser», note le porte-parole de l’Union démocratique du Centre (UDC), qui demande l’instauration d’un controlling pour s’assurer de leur application.

«Le Conseil fédéral reprend de nombreux points du programme de croissance que nous avions proposé en septembre 2002», se félicite pour sa part le porte-parole des radicaux (PRD).

Christian Weber estime toutefois que le train de mesures contient certaines inconnues, comme la Politique agricole 2011, dont «on ne sait pas si elle va donner de la croissance».

Au parti démocrate-chrétien (PDC), le secrétaire général Reto Nause estime qu’il s’agit «d’un bon programme qui met les priorités au bon endroit».

Des projets mal profilés

A gauche par contre, c’est la soupe à la grimace. Pour Jean-Philippe Jeannerat, ce programme est «une déception».

Le porte-parole du parti socialiste y voit «un catalogue de projets très généraux et mal profilés, une reprise de déclarations d’intention déjà formulées par le passé».

Syndicats et monde patronal sont eux aussi divisés. Comme l’Union patronale suisse, economiesuisse estime que le programme va dans la bonne direction.

L’association faîtière salue la volonté de renforcer la compétition sur le marché intérieur, mais appelle le gouvernement à s’engager plus fermement.

Même satisfaction à l’Union suisse des arts et métiers (USAM). «Encore faut-il voir comment les détails vont se concrétiser», nuance toutefois son directeur Pierre Triponnez.

Une option esquivée



En revanche, le programme ne séduit pas l’Union syndicale suisse (USS). «Il ne s’agit que d’une opération de relations publiques», constate le secrétaire dirigeant de l’Union.

Pour Serge Gaillard, tous les thèmes ont déjà été empoignés depuis la publication du rapport sur la croissance du Secrétariat d’Etat à l’économie en mai 2002.

De son côté, Travail.Suisse parle de mesures «vagues et chastes». Et de mettre le doigt sur une option esquivée par Berne.

Pour l’organisation syndicale, le Conseil fédéral devrait se poser la question d’une demande d’adhésion à l’Union européenne, au lieu d’un rapprochement par étape avec Bruxelles.

swissinfo et les agences

Le gouvernement propose un train de 17 mesures pour combattre la croissance molle.

Droite et associations patronales applaudissent, gauche et syndicats font la moue.

Ce plan repose sur six objectifs généraux:

– accroître la concurrence sur le marché intérieur

– poursuivre l’intégration dans l’économie mondiale

– limiter la charge fiscale

– maintenir un taux d’activité élevé

– assurer un système de formation compétitif

– adapter le droit économique pour favoriser la concurrence

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