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Les retombées politiques de l’affaire Swiss Life

Gerold Bührer n'aura passé que 18 mois à la présidence du Parti radical. Keystone Archive

La déroute de Rentenanstalt / Swiss Life fait tomber une nouvelle tête. Gerold Bührer, président du Parti radical, a annoncé sa démission mercredi.

Membre du conseil d’administration de l’assureur, Gerold Bührer était devenu une «charge» pour le parti.

Les erreurs de gestion de Rentenanstalt / Swiss Life et la polémique entourant la création d’une société uniquement destinée à faire fructifier les avoirs de ses dirigeants (Long Term Strategy) n’en finissent pas de provoquer des vagues. Et jusque dans le monde politique.

Mardi soir, le directeur exécutif du groupe d’assurance, Roland Chlapowski, avait dû démissionner de son poste à l’issue d’une réunion spéciale du conseil d’administration du groupe.

Moins de 24 heures plus tard, c’est au tour de l’un des membres éminents du conseil d’administration de l’assureur, le président du parti radical suisse, Gerold Bührer en personne.

Des liaisons dangereuses

Gerold Bührer a officiellement annoncé sa démission avec effet immédiat de la tête du Parti radical (droite) dans l’après-midi de mercredi. Mais cette issue était pressentie depuis quelques jours déjà.

Certes, Gerold Bührer n’a rien à se reprocher personnellement dans le cadre de ses activités au sein du conseil d’administration de Rentenanstalt / Swiss Life.

Mais d’aucuns ont estimé que sa participation au conseil d’administration était du plus mauvais effet pour un grand parti national – et gouvernemental. Et cela surtout à la veille de grands rendez-vous électoraux.

La députée de la Chambre du peuple du parlement suisse Christine Egerszegi – l’une des personnalités en vue du Parti radical – ne fait d’ailleurs pas mystère du malaise existant.

«Le double mandat de M. Bührer auprès de la Rentenanstalt / Swiss Life et du Parti radical est devenu une charge pour le parti», a-t-elle déclaré sur les ondes de la radio alémanique DRS.

Intérim romand

Sous la pression, Gerold Bührer s’éjecte donc de son siège de président du Parti radical (PRD). Il conserve, en revanche, celui de membre du conseil d’administration de la Rentenanstalt / Swiss Life.

Il entend, en effet, consacrer tout son temps à l’assainissement de cette société. «Un engagement qui mérite le respect», souligne le Parti radical.

Cela dit, Gerold Bührer ne cesse pas toute activité politique. Puisqu’il conserve son mandat de député de la Chambre du peuple.

Quant à la présidence du Parti radical, elle sera assumée par son actuelle vice-présidente, la conseillère aux Etats vaudoise Christiane Langenberger. Cet intérim durera au plus tard jusqu’au 11 janvier, date de l’assemblée des délégués du parti à Lucerne.

Démission bien accueillie

Gerold Bührer a pris la bonne décision en abandonnant la présidence du PRD, juge le ministre de l’Economie Pascal Couchepin. Le conseiller fédéral radical précise toutefois qu’il n’a pas exercé de pressions sur son collègue de parti.

Quant aux trois autres formations politiques gouvernementales, elles ont, elles aussi, plutôt bien accueilli la démission de Gerold Bührer.

Selon le Parti démocrate-chrétien (PDC), l’affaire de la Rentenanstalt a égratigné la crédibilité du PRD et de son président.

Aux yeux de l’Union démocratique du centre (UDC), cette affaire montre, une fois de plus, la délicate imbrication entre le Parti radical et l’économie.

«Gerold Bührer a pris la bonne décision», estime le porte-parole de l’UDC Yves Bichsel. Qui ne pense pas, pour autant, qu’elle améliorera la réputation écornée du PRD.

Le Parti socialiste (PS) estime pour sa part que la démission de Gerold Bührer marque le début de la fin d’une ère pendant laquelle les intérêts économiques et politiques ont été étroitement mêlés.

Les écologistes, eux, ne sont pas complètement satisfaits. «Gerold Bührer devrait également démissionner du Conseil national», lance Ruth Genner, coprésidente des Verts.

Et de conclure: cette affaire prouve que les politiciens ne devraient pas siéger dans les conseils d’administration, qu’il faut séparer la politique et l’économie.

swissinfo/Olivier Pauchard

– Gerold Bührer n’a fait qu’un passage éclair à la présidence du PRD (19 mois).

– C’est la présidence la plus courte de l’histoire récente à la tête d’un parti.

– Son prédécesseur Franz Steinegger avait occupé ce poste pendant 12 ans.

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