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Les rivières souffrent aussi de la canicule

Les rivières du Jura, comme le Doubs, ne bénéficient pas de la fonte des glaciers. Keystone Archive

Même si les températures sont maintenant moins élevées, les effets des très fortes chaleurs se font toujours ressentir sur les cours d’eau et les lacs.

Conséquence: la qualité des eaux se dégrade et les poissons meurent, faute d’oxygène.

Ce sont essentiellement les rivières du Plateau, des Préalpes et du Jura qui ont vu leur niveau baisser, parfois dramatiquement. Ailleurs, elles ont pu bénéficier de la fonte des glaciers.

Les petits cours d’eau du Plateau, qui proviennent des collines, connaissent une baisse de niveau qualifiée d’«extraordinaire» par Peter Michel, chef de la division Protection des eaux et pêche de l’Office fédéral de l’environnement.

Un exemple parmi d’autres: l’Emme, dans l’Emmental, est asséchée. Ailleurs dans le canton de Berne, il y a un grand nombre de cours d’eau qui se trouvent dans des situations périlleuses, voire quasiment à sec.

Températures records

Outre un débit faible voire inexistant, la température des eaux a fortement grimpé.

C’est ainsi qu’à Chancy (Genève), le Rhône a atteint 25,1 degrés. A Rheinfelden (Argovie), la température du Rhin s’est élevée à 25, 8 degrés. On a même mesuré 30,5 degrés dans la Tresa, près de Ponte Tresa (Tessin)! Et ces exemples sont très loin d’être exhaustifs.

Et il faut savoir que, généralement, la température moyenne des cours d’eau en été se situe entre 18 et 22 degrés.

Ce qui n’a encore rien arrangé à la situation, c’est que des vents d’est et du sud, donc chauds, ont soufflé cette année, envoyant les eaux de surface des lacs dans les affluents.

Dégradation de la qualité de l’eau

Malgré cette situation – ou à cause de cette situation! – tout un chacun, explique Peter Michel, a continué à consommer de l’eau comme d’habitude, que ce soit à titre privé, dans l’industrie ou encore dans l’artisanat.

Ce qui signifie que c’est la quantité habituelle de liquide qui a été polluée. Et c’est donc le même volume d’eau usée qui a afflué dans les rivières par les stations d’épuration. Or, celles-ci n’arrivent pas à épurer à 100%.

Résultat: quand il n’y a pas assez d’eau dans les rivières réceptrices, la dilution diminue. Autrement dit, la concentration de substances nuisibles est plus forte.

Mais, tient à préciser le chef de la division Protection des eaux et pêche, l’eau potable n’est pas menacée en Suisse.

Manque d’oxygène

Autre victime du réchauffement: le poisson. Sans parler de la flore aquatique.

L’élévation de la température entraîne une baisse des concentrations d’oxygène. C’est ainsi que 20’000 cadavres d’ombres ont dû être évacués du Rhin.

Des centaines de poissons morts ont également été retrouvés dans le lac de Muzzano, au-dessus de Lugano.

Les truites et les anguilles souffrent aussi de cette situation. Quant aux écrevisses, elles pourraient même disparaître de certains biotopes.

A relever que la situation n’est pas identique dans les grands lacs (Neuchâtel, Constance, etc.) qui sont plus profonds. Par exemple, dans le Léman, les ombres et les truites vont chercher leur salut plus bas que la normale.

Pluie salvatrice

Toute une série de mesures ont été adoptées par les cantons pour essayer de limiter les dégâts.

On peut citer l’interdiction ou la limitation de prélever de l’eau pour l’agriculture ou de se baigner et de pêcher. Mais la sécheresse est telle que ces mesures se sont avérées insuffisantes.

Le seul espoir réside dans la pluie. Il y a déjà eu des orages mais ils n’ont pas encore permis une normalisation des débits. En fait, il faudrait plusieurs jours de temps pluvieux ou trois à quatre fortes pluies en dix jours.

Cela dit, la pluie pourrait aussi avoir son revers de la médaille. Comme le relève Peter Michel, le sol est tellement sec qu’il ne peut plus absorber l’eau, ce qui pourrait entraîner des glissements de terrain.

Il espère donc qu’il y aura d’abord des pluies fines pendant deux-trois jours avant l’éclatement de gros orages, ce qui permettrait au sol de se revitaliser.

swissinfo, Chantal Nicolet

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