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Les secours en montagne lancent un SOS

Les secours en montagne pourraient disparaître. Keystone

Le Club alpin suisse (CAS) tire la sonnette d’alarme. Sa division secours en montagne plonge dans le rouge.

Les cantons et la Confédération sont appelés à l’aide pour sauver les secouristes du CAS dont l’action est centenaire.

Le Club alpin suisse a sauvé des milliers de vies depuis la création en 1901 de son service national d’urgence pour alpinistes.

Selon le CAS, l’année dernière a été particulièrement chargée avec 125 morts dans les Alpes, soit le chiffre le plus élevé depuis 10 ans.

Les appels aux secours lancés par les grimpeurs ont augmenté de 120%. Quant aux accidents liés à des chutes de pierre et des avalanches, ils ont crû de 96%.

Mais Hans Jaggi met le doigt sur une urgence encore plus grande. A savoir sur les secouristes du CAS qui sont eux-mêmes en détresse.

«Aujourd’hui, nous disposons d’un budget moyen de 750 francs par accident. Il était de 2000 francs il y a 4 ans », détaille l’administrateur de la division secours du CAS.

Selon Hans Jaggi, son département avait une dette de 100’000 francs à la fin de l’année dernière. «En décembre prochain, elle devrait atteindre les 300’000 francs.»

Et Hans Jaggi de pronostiquer: «D’ici deux ans, nous aurons fait faillite. Le CAS devra alors se demander s’il continue ses opérations de secours ou s’il les laisse à d’autres. Le problème vient du fait que personne d’autre n’est à même de remplir cette tâche».

Le devoir des autorités

Le budget du CAS est alimenté par les cotisations de ses membres. Les cantons contribuent également au financement du club. Par contre, la Confédération ne verse par de subsides directs pour les opérations de secours.

«C’est pourtant le devoir du gouvernement suisse d’assurer la sécurité en montagne ainsi que les opérations de secours. Les cantons, eux, devraient augmenter leurs contributions », plaide Hans Jaggi.

Mais le responsable du CAS est bien conscient que les caisses de l’Etat sont vides et que les contribuables ne veulent pas payer davantage d’impôts.

Cela dit, le CAS étudie la possibilité de réduire les coûts en diminuant le nombre de secouristes et en repoussant les programmes d’entraînement.

Mais Hans Jaggi avertit déjà que des coupes supplémentaires sont difficiles à envisager. Car les prestations des secouristes sont déjà réduites au minimum.

Des coupes dangereuses

«Comprimer encore davantage le budget signifierait, par exemple, supprimer les chiens de secours ou réduire les équipements. Mais ce serait là un choix fort peu judicieux », avertit le responsable du CAS.

L’un des problèmes majeurs du CAS tient au nombre croissant de grimpeurs inexpérimentés, mal équipés et sans assurance.

Mais le CAS se refuse de réserver les secours à ceux qui ont les moyens de les payer.

«Nous ne voulons pas suivre la voie des Etats-Unis, conclut Hans Jaggi, où l’on demande aux grimpeurs en détresse leurs numéros de carte de crédits avant de les secourir.»

swissinfo, Ramsey Zarifeh et Kathleen Aeschlimann
(traduction : Frédéric Burnand)

En 2001, les services d’urgence du Club alpin suisse (CAS) ont fêtés leur 100ème anniversaire.
Ils mettent à disposition 3000 secouristes.
En 2003, ils ont mené plus de 500 opérations de secours.
Seul, 10% des personnes secourues étaient membres du CAS.

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