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Les Suisses dans la rue contre la pédocriminalité

Affiche de la 3e Marche blanche. Marche-Blanche Suisse

Troisième édition samedi de la Marche blanche. Dans treize villes suisses, des milliers de citoyens vont réclamer davantage d’efforts contre la pédocriminalité.

Surfant sur une vague de soutien évidente, les organisateurs peinent à mobiliser la Suisse alémanique.

Un gigantesque réseau international de pornographie à caractère pédophile vient d’être démantelé. Selon la police allemande 166 pays sont concernés, dont la Suisse.

C’est dans ce contexte que se tiendra la 3e Marche blanche. Ses organisateurs attendent plusieurs milliers de participants.

Clip dans les cinémas et à la télévision, dépliants adressés à 225’000 élèves: ils n’ont pas lésiné sur les moyens pour s’en assurer.

Selon les organisateurs, si le nombre de villes qui accueillent la marche est passé de 26 à seulement treize cette année, il ne faut pas y voir un signe de désaffection de la part de la société civile. Pas plus que dans la diminution du nombre de manifestants observée l’an dernier.

«Nous avons recentré la marche sur les villes où un comité local œuvre toute l’année, indique Christine Bussat, fondatrice et présidente de l’Association Marche blanche. Notre choix est donc celui de la qualité».

La même Christine Bussat justifie la déconvenue de l’an dernier par une erreur de l’association, qui s’est dispersée en organisant trop de marches. Ce faisant, elle avait relégué au second plan l’information du grand public au travers des médias.

Politiciens engagés

L’association ne se contente pas de mobiliser la population. Sur le plan politique, ses efforts de communication portent déjà leurs fruits. Convaincus, 56 députés du Parlement fédéral s’engagent aux côtés de l’association par le bais de motions et d’interpellations.

«Grâce à la marche blanche, mais aussi parce que nous sommes derrière les politiciens toute l’année, le dépôt d’interpellation sur le sujet a augmenté de 80%», se réjouit Christine Bussat.

Mais un autre problème laisse l’association songeuse: la Suisse alémanique peine à se mobiliser. Obtenir le soutien des politiciens et des sponsors, attirer la population dans la rue, tout cela y est plus difficile que dans la partie romande du pays.

Soutenu à St-Gall, le mouvement laisse par exemple Zurich largement de marbre. Et aucune marche n’y aura lieu, déplore Ruth Ziltener. Cette retenue demeure néanmoins une énigme aux yeux de la responsable alémanique de Marche Blanche.

Le problème de la pédocriminalité, amplifié par l’arrivée d’Internet, reste pourtant entier sur le plan suisse comme international.

Chaque nuit par exemple, 7000 nouvelles images à caractère pédophile apparaissent sur le Web, s’emporte Christine Bussat.

C’est pourquoi la première revendication de la Marche blanche est une meilleure surveillance d’Internet par les autorités compétentes.

Organisateurs alarmistes

Selon les organisateurs, les moyens sur le plan fédéral sont insuffisants pour lutter contre ce fléau. Pour eux, la pédocriminalité doit figurer au premier rang des priorités fédérales.

«58’000 francs par an pour lutter contre la pédophilie sur Internet, ce n’est rien!, lance Christine Bussat. C’est presque faire affront aux enfants!».

Les organisateurs de la Marche blanche ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Ils réclament aussi l’imprescriptibilité des actes pédocriminels et des peines à la hauteur de ces crimes.

La police fédérale se montre moins alarmiste. Pour son porte-parole, les moyens à disposition pour lutter contre la pédophilie sur le Net suffisent.

Guido Ballmer ne tient pas pour évident que le problème de la pédocriminalité s’aggrave réellement. Simplement, la société y est plus sensible. «Et comme la police fait partie de la société, elle y est plus attentive elle-aussi».

Reste que pour Guido Ballmer, la Marche blanche a tout son intérêt. «Si elle ne nous aide pas directement dans notre travail, elle accroît la sensibilité de la population au problème. Elle peut même avoir un effet préventif».

swissinfo, Pierre-François Besson

– La Marche blanche est née en 2001 sous l’impulsion de parents partis en croisade contre le commerce de la pédocriminalité. Elle est inspirée de son homologue belge organisée après l’affaire du pédophile Marc Dutroux.

– La 3e Marche blanche aura lieu samedi à Delémont, Fribourg, Genève, Lausanne, Sion, Bâle, Lucerne, Glaris, St-Gall, Soleure, Nidwald, Appenzell et Bellinzone. Des centaines de motards notamment seront de la partie.

– Dénonçant la passivité des autorités, l’association Marche blanche invite à voter pour les candidats qui s’engagent au nom des enfants lors des élections fédérales d’octobre.

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