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Les syndicats engagent la bataille des salaires

Les syndicats veulent réduire les inégalités salariales, notamment entre hommes et femmes. Keystone

L'Union syndicale suisse (USS) exige une hausse générale des salaires de 4% pour 2007 et d'importants rattrapages pour les femmes, afin de réduire les inégalités salariales.

Regroupés autour de l’USS, les syndicats veulent que la reprise profite à tout le monde. Ils invitent les employés à faire pression en manifestant le 23 septembre prochain à Berne.

«Ce qui sera économiquement déterminant pour la Suisse ces prochains mois ne sera pas, pour une fois, l’évolution des bourses, mais celle des salaires», a déclaré le président de l’Union syndicale suisse, Paul Rechsteiner, mardi, à Berne.

Pour 2007, les syndicats poursuivent trois objectifs: une hausse généralisée des salaires réels, une diminution de l’inégalité salariale et un rattrapage des revenus des femmes (qui gagnent toujours 20% de moins que les hommes).

L’Union patronale suisse repousse d’ores et déjà ces revendications. «De telles exigences salariales généralisées sont douteuses», juge Thomas Daum, directeur de l’organisation. Il préfère opter pour des solutions adaptées à chaque secteur.

Face à cette réaction plus que sceptique des patrons, les syndicats invitent les employés à faire pression en manifestant le 23 septembre prochain à Berne.

Bonne croissance économique

Mardi, l’Union syndicale suisse (USS) a surtout souligné la vigueur de la conjoncture helvétique pour motiver ses demandes.

«L’économie suisse est parvenue à se libérer de l’influence de la morosité conjoncturelle de la zone euro», a noté le premier secrétaire de l’USS Serge Gaillard. Elle a même atteint une croissance plus forte que celle de l’Allemagne, pour la première fois depuis les années 1970.

Pourtant, l’USS observe que l’éternel fossé entre cadres supérieurs et employés à moyen revenu est loin de se combler. Bien que l’inégalité se soit amoindrie dans le bas de la pyramide salariale, elle s’est accrue dans le haut, explique Serge Gaillard.

Autrement dit, seuls les actionnaires, les top managers et, dans une moindre mesure, les cadres supérieurs ont jusqu’ici profité de la reprise économique et des bénéfices records réalisés ces deux dernières années par les entreprises.

Les bas et moyens revenus, eux, n’ont pratiquement pas augmenté depuis quinze ans, constate Vasco Pedrina, coprésident du syndicat Unia. Et ceci malgré une productivité du travail en forte hausse.

Selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, les salaires réels ont même reculé de 0,2% en 2005, puisque la hausse nominale moyenne (1%) a été plus qu’effacée par l’inflation (1,2%).

Hausse de la productivité

Et la productivité devrait continuer à progresser l’an prochain, prédit l’USS. La hausse devrait s’inscrire à 1,5% et l’inflation à 1%, explique l’organisation pour justifier sa demande globale de 4%.

Pour le solde, elle invoque un fort besoin de rattrapage, au vu du retard accumulé ces dernières années en termes de pouvoir d’achat.

Cette année, le syndicat Unia a décidé de lancer sa campagne un peu plus tôt, pour éviter de répéter le scénario de l’an dernier.

Malgré l’évolution conjoncturelle favorable, les lamentations patronales pleuvaient à la table des négociations, se souvient Vasco Pedrina. «Nous nous attendons à entendre encore une fois cette musique au moment d’entamer les discussions.»

Salaire minimal pour les médias

Parmi les branches représentées par Unia, l’industrie demande une hausse de 4%, mais plusieurs autres ont détaillé leurs propres objectifs.

L’hôtellerie-restauration réclame le 13e salaire. Pour la construction, le syndicat demande une hausse de 220 francs par mois. Dans le commerce de détail, il réclame 120 à 150 francs, plus une hausse équivalente pour les femmes.

Pour sa part, le syndicat des médias Comedia demande une hausse de 100 francs pour tous – 200 francs pour les femmes – et continue d’exiger un contrat collectif de travail avec le salaire minimum. L’association d’éditeurs Presse Suisse refuse de négocier depuis deux ans.

Du côté des transports, le syndicat SEV suit le fil rouge des 4% en se concentrant sur les branches de l’aérien et du tourisme.

Enfin, le Syndicat suisse des services publics (SSP) demande la pleine compensation du renchérissement et 3% d’augmentation des salaires réels.

swissinfo et les agences

Le salaire moyen en Suisse est généralement plus élevé que dans les pays voisins, selon une récente étude de la Haute Ecole Spécialisée de Soleure.
En Suisse, il est de 65’000 francs par année. En Allemagne: 54’000. En Grande-Bretagne: 53’000. En Autriche: 43’000. En Italie: 35’000. En France: 32’000.
Mais après déduction des impôts, des contributions sociales et des charges fixes comme l’assurance maladie, les différences avec les autres pays sont moins marquées.
Selon l’indice de l’OCDE, le coût de la vie est par exemple 28% plus élevé en Suisse qu’en Allemagne.

– En 2005, les cadres supérieurs et les managers ont obtenu une hausse moyenne de salaire de 4,5% par rapport à l’exercice précédent, selon une étude menée conjointement par l’entreprise de conseil Kienbaum et la «Handelszeitung».

– Un membre d’une direction générale touche en moyenne 290’000 francs par année (y inclus bonus).

– Les deux tiers des cadres supérieurs gagnent plus de 220’000 francs. Et plus de la moitié des cadres ont un salaire supérieur à 140’000 francs.

– Mais même chez les cadres, les inégalités liées au sexe demeurent. Les femmes situées dans l’échelon le plus élevé de la direction gagnent 28% de moins que les hommes.

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