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Lothar: les séquelles de la catastrophe sont toujours là

Après Lothar, les bûcherons n'ont pas vraiment chômé. Keystone / Urs Flueeler

Le 26 décembre 1999, l´Europe était soufflée par une tempête d'une rare violence. Lothar balayait littéralement une grande partie de la forêt suisse. Un an plus tard, les témoins se souviennent.

«A la sortie de la messe, nous avons vu les arbres qui tombaient les uns après les autres», se rappelle avec effroi Jean-Pierre Galley, syndic de Lessoc, une commune fribourgeoise particulièrement touchée.

«Ce spectacle était impressionnant et angoissant, poursuit Jean-Pierre Galley. C’est un peu comme si la montagne tout entière s’effondrait».

Une véritable catastrophe dont on ne prendra la mesure que quelques jours plus tard. «Je n’ai pu aller en forêt que le 3 janvier, se souvient avec un pincement au cœur, Danilo Perroti, bûcheron à Vaulion, au pied du Jura. Je n’ai pu que constater les dégâts. En quelques heures, l’ouragan avait anéanti des années de travail».

La forêt ressemblait à «un véritable mikado». Il a fallu se mettre au travail. En d’autres termes, tout nettoyer et replanter. Une tâche difficile et de longue haleine pour les bûcherons. Qui n’ont terminé le gros du travail qu’en octobre.

Depuis, les forêts meurtries renaissent à la vie. Mais le souvenir de Lothar n’est pas pour autant effacé: «c’est la nature, lance Danilo Perrotti. On ne peut rien faire contre elle. Il faut vivre avec. Et tirer les leçons de la catastrophe».

«Pour nous, ajoutent les bûcherons et les garde-forestiers, cette année restera synonyme de stress. D’autant que notre travail n’était pas sans danger».

Au total, le garde-forestier de Châtel-St-Denis (FR) a préparé 20 000 mètres cubes de bois. Soit cinq fois plus que durant une année normale.

Du travail, la scierie Despond SA en a également beaucoup eu. «Nous avons augmenté notre production de 25 pour cent», confirme le propriétaire, Jean-François Rime. Qui a engagé du personnel supplémentaire et réalisé des réserves pour un an et demi.

Douze mois après, les traces laissées par l’ouragan sont encore visibles. «La forêt s’en remettra, dit Jean-François Rime. Mais les communes forestières et les petits propriétaires, eux, n’ont pas fini de payer la facture laissée par cette catastrophe».

«A Lessoc, explique le syndic, nous avons reçu des subventions cantonales et fédérales. Pour le moment, nous réussissons à vendre beaucoup de bois. Les problèmes viendront dans cinq ans, lorsqu’il n’y aura plus rien à exploiter».

Emile Gander, lui, est propriétaire d’une petite forêt de quatre hectares à Rougemont, dans le canton de Vaud. Il a déjà déboursé 10 000 francs pour ses travaux de nettoyage.

«Chez moi, tout est désormais en ordre, lance-t-il. Mais j’attends toujours un dédommagement de la Confédération. Et il faudra 50 ans pour combler le trou que Lothar a creusé au beau milieu de ma forêt».

Caroline Zuercher

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