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Même combat pour nationalistes et pacifistes

Selon le Conseil fédéral, les soldats suisses doivent pouvoir se défendre lors d'opérations à l'étranger. Keystone

Le Conseil fédéral veut que les soldats suisses envoyés en mission de paix à l'étranger puissent être armés. Une tâche ardue pour le gouvernement qui doit se battre sur deux fronts. Son projet est attaqué tant par la droite dure que par la gauche pacifiste.

Le Conseil fédéral veut que les soldats suisses continuent à participer aux missions internationales de maintien de la paix. Il s’agit d’un témoignage de solidarité envers la communauté internationale. De plus, ce genre d’opération profite aussi à la Suisse en réduisant par exemple le flux des réfugiés.

La loi ne permet toutefois pas aux soldats suisses engagés à l’étranger d’être armés. La sécurité des bérets jaunes en Bosnie ou de la Swisscoy au Kosovo a donc dû être assurée par des troupes étrangères.

Pour le Conseil fédéral, cette restriction limite trop la marge de manœuvre des soldats suisses. Et une telle situation est indigne. Il propose donc au peuple d’accepter le principe d’un armement des soldats suisses à l’étranger en approuvant une modification de la Loi sur l’armée et l’administration militaire.

Au plan politique, ce projet est bien accueilli par les radicaux, les démocrates-chrétiens, les libéraux et une majorité des socialistes. En revanche, la droite dure et la gauche pacifiste ont lancé chacune un référendum.

Le premier émane de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), soutenue par l’Union démocratique du centre (UDC). L’ASIN estime que les soldats suisses n’ont rien à faire à l’étranger. Pour elle, une telle décision impliquerait une participation à des guerres et à une adhésion à l’OTAN, ce qui est contraire à la politique de neutralité.

Et pour convaincre, l’ASIN n’hésite pas à employer des arguments émotionnels. L’une de ses affiches montre un cimetière militaire et pose une question choc: «Voulez-vous sacrifier vos fils?». L’Action pour une Suisse indépendante et neutre répond par la négative. Elle préfère que la Suisse continue sur la voie de l’aide humanitaire civile.

Le second référendum émane du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA). Il est notamment soutenu par les Verts et par la frange pacifiste du Parti socialiste qui jugent que promouvoir la paix avec des armes relève du non-sens.

Selon la gauche pacifiste, en voulant intervenir à l’étranger, l’armée suisse ne chercherait en fait qu’à se trouver une nouvelle raison d’exister, puisque la fin de la guerre froide l’a privée d’ennemis. Refusant toute idée d’armement des soldats suisses, elle préconise donc une politique de paix basée sur des compétences civiles.

L’ASIN et le GSsA défendent des buts similaires. Pour autant, les deux mouvements ne veulent pas d’une alliance «contre-nature». La gauche ne veut pas avoir affaire avec les «isolationnistes» de l’ASIN qui, eux, dénoncent «l’antimilitarisme» du GSsA.

Parmi les partisans de la modification, on trouve le même genre de clivage. Il existe deux comités de soutien, l’un bourgeois et l’autre socialiste. Et les socialistes ont tenu à se distancier des bourgeois, considérant que leurs motivations ne répondent pas assez à un souci de solidarité.

Finalement, avec deux comités de soutien et deux comités référendaires, les citoyens n’auront que l’embarras du choix, le 10 juin.

Olivier Pauchard

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